FBI
équipes d’observation autour de la propriété du parrain. Pendant deux semaines, ses guetteurs épient les lieux, relèvent les plaques d’immatriculation des voitures qui y entrent et en sortent, notent les habitudes de la famille Castellano et celles de leurs employés de maison, pour arriver à la conclusion qu’il y a tout le temps quelqu’un dans la demeure. Les rares fois où « Paulie » s’absente, il y a sa fille, et quand il sort avec elle, c’est sa femme qui monte la garde. Il est donc impossible de pénétrer subrepticement à l’intérieur pour y poser des micros.
John Kravec et Joe Cantamessa sont des hommes de ressource. Puisqu’il est impossible de faire sortir la famille Castellano, ils décident d’opérer en leur présence. Il ne faut pas compter sur Jules Bonavolonta pour raconter la manière dont ses hommes ont endormi la méfiance du parrain : la technique est toujours employée par le FBI. Il suffit de savoir que, quand John Kravec sonne à la porte du parrain pour venir réparer une panne de télévision, il est accueilli sans méfiance, voire avec cordialité.
Joe Cantamessa joue si bien son rôle que c’est Tony Bilotti, le chauffeur et aide de camp du parrain, qui lui demande d’effectuer les réparations qui vont permettre de poser le « T3 ». Bilotti est un tueur, une grosse brute affublée d’un ridicule toupet. Il est chargé de surveiller Cantamessa pendant son intervention.
Joe Cantamessa commence à travailler sur le téléviseur de Paul Castellano : il ne trouve rien. Et pour cause : les techniciens du FBI se sont arrangés pour brouiller les émissions. Cantamessa explique à Bilotti que les interférences peuvent venir de n’importe quoi, y compris des toiles d’araignée qui pendent le long des fils électriques. Il sort deux pinces-crocodile qu’il branche sur la télévision : miracle, l’image revient ! Il a juste oublié de préciser que, juché sur un poteau, non loin de là, se trouve un drôle d’employé de la compagnie du téléphone. C’est son comparse John Kravec qui manipule un appareil de brouillage des ondes télévisées. Il a un écouteur dans une oreille et, chaque fois qu’il entend son collègue dire une phrase convenue, il rétablit l’image.
Sous la surveillance de Tony Bilotti, l’Agent spécial bidouille le système électrique et place le micro. Quand il s’en va, tout le monde est content : Paul Castellano parce qu’il va pouvoir suivre ses putains de matches de football américain, le FBI parce qu’il va pouvoir enfin écouter le parrain.
Le Bureau ne tarde pas à déchanter : le micro est placé trop près du téléviseur et ne capte que des émissions sportives. Depuis le Vietnam, Jim Kallstrom est rompu aux techniques des Opérations spéciales (Special Ops dans le jargon du FBI). C’est lui qui trouve la solution. Elle tient en trois lettres : FCI, Foreign Counter-Intelligence. C’est la division du FBI qui s’occupe du contre- espionnage. Elle est dotée d’appareils d’espionnage dernier cri auxquels le commun des agents du FBI n’a pas accès. Une muraille sépare les chasseurs d’espions de leurs collègues chargés de traquer les criminels. Au diable les bureaucrates et leurs murailles : Jim Kallstrom sait comment contourner l’obstacle ! Il connaît un des responsables de l’équipe BQ-5 qui s’occupe des espions. Ce dernier lui envoie l’un de ses agents, Bill Hansen, et deux types d’allure bizarre, porteurs de petites mallettes. « On aurait dit que les deux gusses avaient passé leur vie derrière des microscopes, se souvient Jules Bonavolonta ; ou qu’ils vivaient sous des néons. Leurs lunettes ressemblaient à des culs de bouteille de coke. C’étaient les sorciers de l’électronique du Bureau ! »
Prétendant être un homme d’affaires, Bill Hansen a loué un hangar à deux pâtés de maisons de la propriété de Paul Castellano. Les deux sorciers ne parlent pratiquement pas. La seule fois que Jules Bonavolonta a entendu le son de leur voix, c’est quand il s’apprêtait à les aider à porter l’une de leurs mallettes. Ils lui ont dit : « On ne touche pas au matos ! » Une fois dans l’entrepôt, ils montent leur matériel. Au bout d’une demi-heure, ils ont construit quelque chose qui pourrait ressembler à un studio d’enregistrement, n’était une curieuse antenne parabolique qu’ils ont déployée avant de la diriger vers la propriété de Paul
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