FBI
préoccupaient que de leurs résultats et de leurs promotions. Curieusement, cela a évolué avec la décision de Hoover d’accepter d’anciens militaires dans les rangs du FBI. C’est là que j’ai vu les changements. C’est venu d’agents qui avaient fait le Vietnam. Ils avaient connu le pire de la merde au Vietnam, ils avaient été aux premières loges du spectacle honteux donné par le Pentagone. Ils n’étaient pas prêts à recommencer. La vie est trop courte ! »
Jules Bonavolonta confie la mission la plus délicate à l’équipe C-20, supervisée par Lindley DeVecchio, New-Yorkais pure souche, qui connaît par cœur le nom de tous les « soldats » des cinq familles et de leurs parrains, et qui a des informateurs bien placés au sommet de la Mafia. Les hommes de DeVecchio sont chargés de bâtir le dossier et de faire en sorte qu’il tienne la route devant les tribunaux. Ils centralisent toutes les enquêtes, lisent les transcriptions des centaines d’heures de conversations que les micros du FBI ont enregistrées jour et nuit, en réécoutent certaines, décryptent les rapports de filatures, les notes de synthèse de rencontres avec les informateurs. Au bout de quelques mois, le dossier de l’accusation prend forme. Mais il leur manque un élément essentiel avant de pouvoir poursuivre tous les membres de la « Commission » et leurs « soldats » pour violation de RICO : un délit majeur.
C’est Lynn DeVecchio qui trouve la solution. Il décide de rouvrir le dossier de l’assassinat de Carmine Galante, qui a été chef de la famille Bonanno jusqu’en 1979.
« Lynn, c’était il y a six ans, et on n’a rien trouvé ! objecte Jules Bonavolonta.
– Cette fois, on a du nouveau. On a un informateur qui nous dit que la “Commission” a autorisé l’assassinat de Carmine Galante. »
La police new-yorkaise chargée de l’enquête n’a pas vérifié toutes les empreintes digitales sur la voiture abandonnée par les tueurs après leur fuite. Les techniciens du Bureau se procurent le jeu complet des empreintes relevées dans le véhicule, paumes de main comprises. Elles sont comparées à celles du fichier central du FBI. Cette fois, ils trouvent : une des empreintes correspond à celle d’un des tueurs de la famille Bonanno. C’est celle de Bruno Indelicato, le « soldat » que l’agent infiltré Joe Pistone était chargé d’éliminer avant la fin prématurée de « Coldwater ». Le Bureau tient un coupable et un motif. Deux mois plus tard, le FBI arrête la quasi-totalité des membres de la « Commission », inculpés en vertu de RICO. Les avocats du FBI et le procureur Rudy Giuliani bétonnent leur dossier. Giuliani pense pouvoir faire condamner Paul Castellano à cent soixante-dix ans de prison. Il espère secrètement l’amener à collaborer : Castellano est alors âgé de soixante-dix ans, et n’a peut-être pas envie de finir ses jours en prison.
Dans l’attente de leurs procès, les parrains et leurs soldats sont relâchés. Ils savent qu’il y a dans le dossier de l’accusation les bandes et transcriptions de leurs conversations les plus secrètes. Chacun a eu accès aux siennes, mais pas à celles des autres. La première chose que fait Paul Castellano, c’est de se rendre chez son bras droit, Neil Dellacroce, pour lui ordonner de lui procurer les bandes magnétiques et les transcriptions des écoutes d’un capitaine de la famille Gambino, Angelo Ruggiero. Le FBI écoute la conversation. La démarche du chef de la « Commission » n’échappe pas à Jules Bonavolonta. Il y voit un aveu de faiblesse de la part de Castellano, qui aurait dû ordonner directement à Ruggiero de lui livrer les transcriptions chez lui. Castellano n’ignore pas, en effet, que Ruggiero et Dellacroce sont en affaire.
Neil Dellacroce rencontre Angelo Ruggiero. Les deux hommes évoquent les bandes. À nouveau, le FBI écoute. « Je ne peux pas empêcher [Castellano] de parler des bandes. Il y reviendra jusqu’à ce que je lui dise d’aller se faire mettre, avec ses bandes, et d’arrêter de me les casser. S’il n’arrête pas, on sait ce qui se passera : ce sera la guerre ! »
Neil Dellacroce ajoute : « On a dit sur ces bandes des choses qu’on n’aurait pas dû dire. On a parlé de ces histoires de merde ! » C’est-à-dire de la drogue.
Comme l’a montré « Coldwater », Paul Castellano a interdit de manière un peu hypocrite à ses hommes de
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