FBI

trafiquer de la drogue. Hypocrisie ou non, Neil Dellacroce a violé l’interdiction et tire une grosse partie de ses revenus de ce trafic, ce qui équivaut pour lui à une condamnation à mort.
    Le 16 décembre 1985, la limousine de Paul Castellano se gare devant la Steak House Spark, sur la 46 e  Rue, entre la 2 e et la 3 e  Avenue, à Manhattan. Le chauffeur et garde du corps Tony Bilotti et Paul Castellano sont en train de s’extraire de la voiture quand trois hommes vêtus de trench-coats et coiffés de chapkas s’approchent, sortent des armes semi-automatiques et leur tirent plusieurs rafales en pleine tête. Les deux hommes s’effondrent. Un des tueurs se penche sur Paul Castellano et, visant à nouveau la tête, lui donne le coup de grâce. Puis les tueurs disparaissent.
     
    Quand le procès s’ouvre, Rudy Giuliani a été nommé procureur du district sud de New York ; il s’apprête à s’engager dans une croisade contre les « initiés » de Wall Street qui va lancer sa carrière politique. Il est remplacé par Michael Chertoff qui, par la suite, mettra l’État français à genoux dans le cadre du dossier Executive Life/Crédit Lyonnais, puis qui dirigera le Homeland Security, l’énorme agence de sécurité intérieure créée au lendemain des attaques du 11 septembre 2001.
    Michael Chertoff obtient des condamnations à cent ans de prison pour chacun des principaux dirigeants des Familles new-yorkaises. La « Commission » est décapitée. Mais Jules Bonavolonta sait que le travail est loin d’être achevé. Le FBI doit maintenant frapper la génération montante de la Mafia représentée par le nouveau chef de la famille Gambino, John Gotti.
    Personnage haut en couleur, chéri des médias, John Gotti est surnommé « Teflon Don » parce que les condamnations glissent sur lui. Le Bureau l’a déjà traîné devant les tribunaux en 1986, en vertu de RICO, mais Gotti s’en est sorti en achetant certains membres du jury. Un an plus tard, Bruce Mouw, le chef de l’équipe du Bureau chargé de la famille Gambino (C-16), essaie une nouvelle fois. Mais il ne s’entend pas avec Diana Giacalone, la substitut du procureur en charge de l’affaire. Au cœur de leur dispute, un informateur du FBI, Willie Boy Johnson. Gigantesque métis mi-italien, mi-cherokee, homme à tout faire de John Gotti, Willie Boy était traité avec mépris par le boss. Approché par un agent du FBI, il devient son informateur (CI, dans le jargon du Bureau). Le Bureau est censé tout faire pour protéger l’identité de ses CI, mais, fatale erreur, il a informé Diana Giacalone du rôle joué par Willie Boy. Afin de pousser celui-ci à témoigner, la substitut n’hésite pas à le menacer de dévoiler son rôle. L’Indien refuse. C’est une chose d’informer discrètement le FBI, c’en est une autre de tout déballer devant les tribunaux. Diana Giacalone verse donc au dossier les pièces prouvant le statut d’informateur de Willie Boy. Celui-ci est détenu avec John Gotti à la Metropolitan Prison, située au bas de Manhattan, dans l’unité 9 South qui, de l’avis de Jules Bonavolonta, semble avoir été construite pour dissuader quiconque de sortir du droit chemin. Quand Diana Giacalone a décidé de faire pression sur Willie Boy, elle l’a fait transférer dans la partie réservée aux témoins. Là, le Cherokee voit régulièrement John Gotti à travers la vitre blindée qui sépare en deux l’unité 9 South. À chaque fois, le parrain lui sourit en envoyant un petit baiser à son ancien homme à tout faire. Le baiser de la mort…
    Au début du procès, Bruce Mouw reçoit une information cruciale de l’ancienne maîtresse d’un capitaine de John Gotti, un de ses CI. La jeune femme a appris de son « ex » pourquoi Gotti est certain d’être acquitté. Il a acheté l’un des membres du jury. Elle indique même son nom au responsable de l’unité C-19 du bureau de New York (NYFO). Pour protéger l’identité de son CI, Bruce Mouw n’informe pas le substitut Diana Giacalone. L’affaire Willie Boy l’a dissuadé de révéler le nom de ses CI à qui que ce soit. C’est ainsi que, avec l’aide involontaire du FBI, John Gotti et les autres inculpés sont acquittés et ressortent libres du tribunal de Manhattan. Tandis que Gotti et ses hommes se félicitent devant les caméras et les micros, quelqu’un s’éloigne en rasant les murs : c’est Willie Boy, qui a lui aussi été libéré.
    Willie