FBI

Boy Johnson sera assassiné de vingt balles tirées à bout portant alors qu’il se rendait à son travail à la fin du mois d’août 1988…
    Le Don en teflon…
     
    Bruce Mouw a juré d’avoir la peau de John Gotti. Il est certain d’y arriver en se servant des « titres III ». « Teflon Don » est à la tête d’une famille de 3 000 hommes. Il faut bien qu’il parle affaires avec eux à un moment ou à un autre. George Gabriel, bras droit de Bruce Mouw, explique la philosophie de leur quête : « Comment un boss commet-il ses crimes ? En parlant. Il donne des instructions. J’étais chargé de trouver où John Gotti tenait ses conversations, et de les enregistrer. Mais, pour y parvenir, il nous a fallu trois ans. »
    Le Ravenite Club de Mulburry Street, au cœur de la Little Italy de Manhattan, est un des hauts lieux de la famille Gambino. À la mort de Neil Dellacroce, fondateur du Ravenite, le boss Paul Castellano annonce son intention de fermer le club. Normal : Castellano et Dellacroce ne s’entendaient pas. L’assassinat de Castellano met fin à ce projet. Quand John Gotti reprend les rênes de la Famille, il s’installe tout naturellement au Ravenite. C’est là qu’il traite ses affaires ; chaque soldat de la Famille vient l’y voir au moins une fois par semaine.
    Début 1987, George Gabriel et ses hommes se postent dans des fourgonnettes banalisées près du club et commencent à photographier tous ceux qui y entrent et en sortent. Ils s’équipent de caméras et finissent par louer un appartement d’où ils peuvent filmer dans des conditions plus confortables. Mais cela ne leur suffit pas.
    George Gabriel a soigneusement étudié les habitudes de John Gotti. Généralement, le parrain se lève vers 13 heures, enfile un survêtement et se rend à son ancien quartier général, le Bergin Hunt and Fish Club, à Ozone Park, dans le quartier new-yorkais de Queens, à cinq minutes de chez lui. Là, un barbier le rase et le coiffe. Il passe son costume et, accompagné de ses gardes du corps, il monte dans sa limousine. Direction le Ravenite Club, où il arrive entre 16 et 17 heures. Dans un premier temps, George Gabriel décide de poser des micros au Bergin Hunt and Fish. Il faut quelques semaines à ses agents pour y parvenir. Mais les hommes de Gotti découvrent l’installation : « L’endroit avait déjà été sonorisé par une autre agence gouvernementale, explique George Gabriel ; ils n’avaient pas pris la peine de retirer leurs micros après la fin de leur opération. À la suite d’une panne téléphonique, un technicien est tombé sur les micros abandonnés. Les hommes de Gotti ont passé le Bergin Hunt and Fish au peigne fin et ont découvert notre propre installation. »
    George Gabriel s’attaque alors au Ravenite, véritable forteresse gardée par les hommes de John Gotti. Pendant des nuits, les agents de l’équipe C-16 planquent devant le club, à l’affût de la moindre opportunité. Elle finit par arriver grâce à un employé du Ravenite qui fait venir quelques amies après la fermeture. L’une d’entre elles, qui travaille aux impôts (IRS), permet à une équipe de poseurs de micros du SOG, conduite par John Kravec, d’entrer dans la place en laissant la porte entrouverte lors d’une de ses visites nocturnes. Mais les écoutes ne donnent rien. Le club est bondé en permanence et il est difficile d’entendre quoi que ce soit ; en outre, sans doute pour brouiller l’écoute, le patron des lieux fait diffuser en permanence de la musique dont le volume est réglé au maximum. Et puis John Gotti ne parle pas affaires à l’intérieur du club. Quand il a des choses importantes à dire, il s’éloigne avec son ou ses interlocuteurs. Parfois, les agents le voient déambuler dans la rue, en grande conversation. Ils ont essayé de lire sur ses lèvres, mais ça n’a pas marché. Lors d’une autre opération, le Bureau a fait sonoriser des parcmètres ; malheureusement, à la suite d’une panne, les micros ont été découverts et les mafieux ont fracassé tous les parcmètres du quartier à coups de batte de base-ball.
    En janvier 1988, l’équipe de George Gabriel apprend par un CI que, quand John Gotti a besoin de parler affaires avec ses hommes, il s’isole dans un appartement situé à deux étages au-dessus du Ravenite Club. L’endroit est occupé par une vieille dame qui met une pièce à la disposition des mafieux. L’appartement est