FBI
donc tout faire pour sortir Barboza du mauvais pas où il s’est mis. Il envoie un rapport au parquet du comté de Sonoma, dans lequel il affirme que l’« Animal » aurait peut-être été piégé par la mafia de Boston. C’est faux, il le sait, et le parquet de Sonoma ne marche pas. L’« Animal » est renvoyé devant les tribunaux pour meurtre. Il risque la peine de mort. Le FBI ne va cependant pas le laisser tomber. H. Paul Rico et Dennis Condon témoignent à son procès. Ils ont la bénédiction de J. Edgar Hoover. Lors de leur audition, le 8 décembre 1971, les Agents spéciaux insistent sur le fait que l’« Animal » est un témoin fédéral qui a pris des risques énormes en accusant la Mafia à visage découvert devant les tribunaux, et qu’il bénéficie du programme de protection fédéral.
Le procureur du comté de Sonoma demande à Dennis Condon s’il sait que Barboza a négocié avec la Mafia la modification de son témoignage lors du procès en appel des six mafieux condamnés pour le meurtre de Teddy Deegan. Condon, qui est parfaitement au courant, répond : « Avec tout le respect que je vous dois, sur instruction du Département de la Justice, je refuse de répondre. »
Les témoignages de Rico et de Condon portent leurs fruits. Le parquet de Sonoma propose un marché à l’« Animal » : il plaide coupable de meurtre au second degré, contre cinq ans seulement d’emprisonnement. Il accepte et est condamné le 14 décembre 1971.
En 1975, les journaux affirment que la Mafia a localisé son lieu de détention et qu’elle a lancé un contrat sur sa tête. « Le Département de la Justice et le FBI craignent que son assassinat n’écorne la réputation du programme de Protection des témoins », explique une commission d’enquête du Congrès. Si bien que, après un peu plus de trois ans d’emprisonnement, l’« Animal » est discrètement relâché le 30 octobre 1975. Quatre ans plus tard, il sera assassiné à San Francisco.
Pour le FBI, le cauchemar bostonien est pourtant loin d’être terminé.
Du rififi à Boston
Pour comprendre les raisons de la terrible descente aux enfers du bureau de Boston, il faut remonter au lendemain de l’arrestation de Jimmy l’« Ours » Flemmi qui mit un terme définitif à sa brève carrière d’informateur du FBI. À l’été 1965, l’Agent special H. Paul Rico a commencé à avoir des visées sur un autre membre de la famille Flemmi, le frère cadet de l’« Ours », Stephen, dit « the Rifleman ». Le « Porte-Flingue » est un truand qui travaille avec Raymond J. Patriarca. Le parrain de Nouvelle-Angleterre souhaite même le faire entrer dans la Famille. Mais Stephen « Porte-Flingue » hésite : la position d’indépendant lui sied bien, il se fait plus d’argent en étant associé aux gangsters irlandais qu’en frayant avec la Mafia. Contrairement à son frère l’« Ours », le « Porte-Flingue » est un homme d’affaires, sans doute parce qu’il mène une double existence : il a deux foyers et doit entretenir deux femmes et six enfants. Prudent, il ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Il tue pour les Irlandais et les Italiens, braque des banques et possède plusieurs affaires : une agence immobilière, un garage, une entreprise de pompes funèbres à Rowbury. Quelques mois après avoir été approché par H. Paul Rico, Stephen « Porte-Flingue » entre dans le programme Top Echelon Informant . Pour le Bureau, il est BS 955 C-TE. À Washington, le numéro deux du FBI, Cartha DeLoach, supervise l’opération.
Stephen « Porte-Flingue » a compris tout l’avantage qu’il pourrait tirer d’une collaboration avec le Bureau, surtout avec des agents aussi dénués de scrupules que Rico et Condon. Les deux Agents spéciaux ne sont pas gourmands : ils se contentent d’une arrestation par-ci, par-là. En revanche, ils ne sont pas avares de leur protection. Quelques années plus tard, Stephen « Porte-Flingue » résumera parfaitement la situation : « On leur donnait de la merde, et eux, en échange, ils nous livraient de l’or. »
En septembre 1969, H. Paul Rico convoque son informateur. Il a de mauvaises nouvelles pour lui. Le procureur de l’État du Massachusetts s’apprête à lancer un mandat d’arrêt contre lui et l’un de ses amis, Frank Salemme, pour avoir assassiné un petit truand irlandais et grièvement blessé l’avocat de Joseph
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