FBI

affaires le concernant et, surtout, il le fera entrer dans le programme fédéral de Protection des témoins qui lui garantit une nouvelle vie dans un autre État, sous une nouvelle identité et avec un nouveau travail. Désormais, dans les rapports du Bureau, l’« Animal » est désigné sous le pseudonyme de « Baron ».
    Entre juin et avril 1967, H. Paul Rico et Dennis Condon interrogent longuement l’« Animal » sur Raymond Patriarca. Le 20 juin, un grand jury inculpe Patriarca sur la base des accusations de l’« Animal ».
    Grâce à Rico et à Condon, le FBI vient de porter un rude coup à la Cosa Nostra. C’est sans doute sa première grande affaire de Mafia depuis longtemps. J. Edgar Hoover est content : désormais, on ne pourra plus dire que le FBI ne fait rien contre la Mafia, comme c’était le cas jusqu’à présent. Le 20 juin 1967, dans un mémo adressé à Hoover, le SAC de Boston recommande une augmentation de salaire pour H. Paul Rico et Dennis Condon. Trois jours plus tard, le SAC de Boston envoie un autre mémo au numéro deux du Bureau, Cartha DeLoach, sollicitant une promotion pour les deux hommes. Le SAC souligne l’habileté des deux Agents spéciaux qui ont amené l’« Animal » Barboza à témoigner contre Raymond Patriarca. Le 3 juillet, J. Edgar Hoover leur accorde une prime de 150 dollars pour la manière dont ils ont su « développer et gérer » leurs sources au profit du Bureau.
    Le dossier personnel de Rico porte la mention « excellent ». Il travaille désormais uniquement au Top Hoodlum Program , et le Bureau vante ses « talents exceptionnels pour développer des informateurs ». Sa participation est qualifiée de « remarquable ». Il devient un des favoris de Hoover. Une fois par an au moins, il se rend au Quartier général du FBI (HQFBI) pour y recevoir des mains du Directeur diplômes, médailles et primes symboliques. Mais il a surtout le droit de se faire prendre en photo entre J. Edgar Hoover et Clyde Tolson. Photos que publie régulièrement la presse de Boston, à commencer par le Record American , le tabloïd du groupe Hearst.
     
    Trois ans après l’assassinat de Teddy Deegan, l’affaire vient enfin devant les tribunaux. Le 27 mai 1968, un grand jury du comté de Suffolk se réunit afin de décider des suites judiciaires à donner au dossier. Joseph Barboza témoigne devant le grand jury. Un faux témoignage accablant. Le FBI sait, mais se tait. Pis : il refuse de communiquer au parquet des éléments qui auraient pu innocenter quatre des six accusés, à commencer par le compte rendu précis et détaillé rédigé par H. Paul Rico quelques heures seulement après l’assassinat de Teddy Deegan sur informations de Jimmy l’« Ours » Flemmi, un des tueurs absent du procès.
    Après deux mois de délibéré, le tribunal reconnaît les accusés coupables. Deux d’entre eux sont condamnés à mort (leur peine sera ensuite commuée), les quatre autres à trente ans de prison. Deux des quatre innocents mourront en prison ; les autres condamnés seront relâchés dans les années 1990.
    En apprenant la vérité, en 2004, le procureur qui a obtenu les condamnations ne cache pas sa colère. S’il avait eu entre les mains le dossier du FBI concernant Barboza et Flemmi, il ne se serait jamais permis d’entamer des poursuites à l’encontre des six hommes : « C’est choquant, c’est terrible ! clame-t-il. Les agents du FBI savaient que leur témoin mentait, et ils ne me l’ont jamais dit. Le procès n’aurait jamais dû avoir lieu… » Les quatre survivants de l’affaire porteront plainte contre le gouvernement. En juillet 2007, une juge fédérale de Boston condamnera le gouvernement à leur verser à titre de dédommagement la somme record de 102 millions de dollars. Dans ses attendus, la juge condamnera des « dérapages » remontant jusqu’au directeur du FBI de l’époque, J. Edgar Hoover.
     
    Au début de 1968, Hoover, lui, est tout à sa joie. Il estime que H. Paul Rico et Dennis Condon comptent parmi ses meilleurs Agents spéciaux. Après avoir fait condamner des innocents pour le meurtre de Teddy Deegan, leur informateur, l’« Animal » Barboza, témoigne contre Raymond Patriarca et son second, Jerry Angiulo, devant un tribunal fédéral. Les deux parrains sont condamnés.
    Le 20 mars 1968, le Procureur général, Ramsey Clark, envoie une lettre de félicitations à J. Edgar Hoover : « La