FBI
récente condamnation du chef de la Cosa Nostra de Nouvelle-Angleterre, Raymond Patriarca, et de deux de ses hommes, est un des grands succès du programme de lutte contre la criminalité organisée. On m’a signalé que, sans le travail remarquable des Agents spéciaux Dennis Condon et H. Paul Rico, ces condamnations n’auraient jamais pu être obtenues. »
Neuf jours après la réception de cette lettre par Hoover, les deux Agents spéciaux bénéficient d’une nouvelle augmentation de salaire. Le Directeur les reçoit en grande pompe.
Les exploits de l’« Animal »
Le Bureau donne une nouvelle identité à Joseph l’« Animal » Barboza, qui devient pour l’état civil Joe Bentley. Il est relocalisé à Santa Rosa, en Californie. L’agence fédérale des US Marshalls, chargée de veiller sur la sécurité des témoins fédéraux, lui trouve un travail dans une école de cuisine. Le FBI lui fournit une voiture, mais l’agent résident du bureau de Santa Rosa refuse tout contact avec lui, car il sait que l’« Animal » est source de problèmes. Un mémo signé de J. Edgar Hoover l’a informé que Barboza est un « assassin professionnel responsable de nombreux meurtres, et que tous les représentants de l’ordre dans la région de Boston le considèrent comme l’individu le plus dangereux connu à ce jour ».
L’« Animal » ne s’épanouit pas sous le soleil de Californie. Boston et la Nouvelle-Angleterre lui manquent. Violant les termes de l’accord signé avec le gouvernement, il effectue de nombreux allers et retours dans le Massachusetts. Lors d’un de ces voyages, il négocie son retour en grâce auprès de la Mafia. Il rencontre un homme de Raymond Patriarca et lui demande 500 000 dollars pour revenir sur son témoignage dans le cadre du procès en appel des assassins de Teddy Deegan. Raymond Patriarca accepte. En juillet 1970, l’« Animal » rencontre F. Lee Bailey, un avocat de New Bedford, Massachusetts, à qui il explique que son faux témoignage a été mis au point avec l’aide des agents H. Paul Rico et Dennis Condon, du FBI. L’avocat demande que l’« Animal » soit soumis au détecteur de mensonges. Mais, avant que l’avocat ait eu le temps de monter son dossier, l’« Animal » se fait arrêter par la police de New Bedford pour port d’armes prohibées et transport de drogue. Barboza se voit interdire le droit de retourner dans le Massachusetts. L’accord passé avec le gouvernement risque fort de se révéler caduc. Pourtant, le FBI va tout faire pour lui sauver la mise.
J. Edgar Hoover écrit au Procureur général de l’époque, John Mitchell, pour lui soumettre le cas ; il affirme que Barboza est retourné dans le Massachusetts à l’insu du Bureau, ce qui est faux : H. Paul Rico était régulièrement en contact avec lui.
Barboza est un « Animal » retors ! Une fois en prison, il nomme un avocat en la personne de F. Lee Bailey, celui qu’il avait choisi pour se rétracter lors du procès en appel des assassins de Teddy Deegan. Le FBI n’a pas d’autre issue que de l’aider à sortir de prison. L’« Animal » signe alors une déclaration reconnaissant son faux témoignage. On imagine la fureur des autorités en apprenant que leur témoin dans l’affaire Deegan est prêt à revenir sur ses aveux. Toujours aussi retors, l’« Animal » leur dit qu’il n’a aucune intention de tenir ses engagements : il compte disparaître après avoir touché l’argent de la Mafia.
Barboza est face à un choix douloureux. S’il revient sur ses accusations, il touche 500 000 dollars, mais risque de se retrouver en prison. S’il les maintient, il recouvre la liberté et sa vie d’employé de cuisine en Californie. Avant qu’il ait eu le temps de se décider survient un nouveau coup de théâtre : le FBI apprend que l’« Animal » est responsable d’un nouveau meurtre commis en Californie, alors qu’il bénéficiait du programme de Protection des témoins.
Fin février 1971, le parquet du comté de Sonoma (Californie) inculpe l’« Animal » pour l’assassinat d’un petit truand nommé Clay Wilson. Interrogé par Edward Harrington, substitut du procureur près la section Crime organisé du parquet de Boston, Barboza ne nie pas les faits. Il dit avoir agi en état de légitime défense. Le substitut n’ignore rien du pacte qui lie l’« Animal » au FBI ; il est même l’un de ceux qui l’ont béni. Il va
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