FBI
demandent eux aussi pourquoi l’agent du FBI continue à se servir d’un informateur aussi dangereux que Greg Scarpa, et surtout pourquoi il ne l’a pas arrêté en juin 1992, après que deux transfuges de la Mafia l’eurent séparément accusé d’un meurtre.
Le « Moissonneur de sourires » finit par tomber quelques mois plus tard pour port d’armes prohibées. Il ira en prison et mourra peu après d’un sida contracté à la suite d’une transfusion de sang contaminé.
Dès lors, à l’intérieur de la Mafia, les langues commencent à se délier. Les Agents spéciaux Christopher Favo, Jeffrey Tomlison et George Leadbetter recueillent les témoignages accablants de trois transfuges de la famille Colombo. Les mafieux font parler le mort. Ils affirment que Greg Scarpa leur aurait dit qu’il était protégé par un agent du FBI qui lui communiquait des informations confidentielles sur les informateurs du FBI, les planques de ses rivaux, les arrestations à venir, l’emplacement des micros.
Les trois Agents spéciaux pensent également que, grâce aux informations fournies par Lindley DeVecchio, Greg Scarpa a pu assassiner au moins trois de ses rivaux. Plus grave encore, l’agent du FBI aurait retiré les hommes surveillant un des parrains de la famille Colombo pour permettre à Scarpa de l’assassiner. Ils trouvent un allié de taille en la personne d’une substitut au procureur du district Est de New York (EDNY), Valerie Caproni, qui est convaincue que Lindley DeVecchio a permis au fils de Greg Scarpa de s’enfuir alors qu’elle allait l’arrêter pour trafic de drogue. La police interne du FBI (l’OPR : Office of Professional Responsibility) et la section Public Integrity du Département de la Justice ouvrent une enquête conjointe. L’OPR interroge une centaine de témoins, des agents du FBI, des membres de la famille Colombo, et conclut qu’il n’y a pas lieu de poursuivre Lindley DeVecchio, lequel prend sa retraite en 1996.
L’affaire provoque néanmoins un véritable séisme judiciaire à New York. Après la publication du rapport de l’OPR faisant état des relations entre DeVecchio et Scarpa, les avocats des membres de la famille Colombo précédemment condamnés demandent la réouverture des procès, arguant que le FBI a menti à la justice. La famille Colombo entrevoit la possibilité de se venger du FBI, tout en obtenant la libération de ses membres emprisonnés. Elle a trouvé le maillon faible : c’est Lindley DeVecchio. Une tactique baptisée « défense Scarpa » voit ainsi le jour. Les avocats de la famille Colombo invoquent les relations entre DeVecchio et Scarpa pour demander l’annulation pure et simple des condamnations prononcées contre leurs clients. Ils obtiennent une dizaine d’acquittements.
Le chef de la Famille, Victor Orena, a été arrêté par le FBI en pleine guerre des Colombo. Les Agents spéciaux ont trouvé chez lui une arme, ce qui lui a valu une lourde condamnation. Depuis lors, le chef de la famille Colombo se démène pour faire casser le jugement. Il fait approcher Gregory Scarpa Junior, fils du défunt informateur « Top Echelon » du FBI, et lui offre une coquette somme d’argent s’il l’aide à sortir de prison. Junior a un plan : il lui suffit de dire que son père et Lindley DeVecchio avaient dissimulé les armes à feu qui ont entraîné la condamnation de Victor Orena. Ce n’est pas vrai, mais son père n’est plus là pour le contredire. Ce sera donc sa parole contre celle de l’ex-Agent spécial. Avec de bons avocats, Orena a une chance d’être acquitté. Le 30 janvier 2002, Junior ment sous serment. Dûment enregistré, son faux témoignage permet aux avocats de Victor Orena d’interjeter appel de la condamnation de leur client. Mais le procès en appel aboutit à la confirmation de la sentence émise en première instance, après que le juge a qualifié Junior de témoin peu fiable.
La famille Colombo n’a pas dit son dernier mot. Quelques jours après la condamnation en appel de Victor Orena, Angela Clemente, une « criminologue », approche Linda Schiro pour la convaincre de révéler ce qu’elle sait des relations entre Greg Scarpa, qui est le père de sa fille, et Lindley DeVecchio, qu’elle voyait fréquemment chez elle. Linda Schiro hésite. Angela Clemente lui présente une journaliste. Il est question d’un contrat d’un million de dollars avec l’un des plus importants éditeurs new-yorkais pour
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