FBI
l’État du Delaware. Il est bordé au sud-ouest par la rivière Arkansas et s’étend de Tulsa, au sud, jusqu’à Ponca City, au nord. C’est un des endroits les plus verdoyants des États-Unis. L’herbe des prairies qui ondule sous le vent est considérée par les éleveurs comme la meilleure nourriture au monde. D’épaisses forêts aux arbres impropres à la commercialisation entourent le territoire. D’accès très difficile, elles sont parcourues de canyons qui en font d’imprenables forteresses, peuplées de bandes de pilleurs de banque. Dans les années 1920, il n’est pas rare d’assister à des scènes dignes d’un Far West déjà immortalisé par Hollywood. Interrogé par un Agent spécial un des occupants des lieux décrit une véritable république du crime. Des pilleurs de train, des braqueurs de banque ou des voleurs de bétail originaires de trente-deux pays différents cohabitent. Il leur arrive de s’entraîner au tir au pistolet ou au fusil, histoire de ne pas perdre la main avant de passer à l’action.
En 1888, face à une puissante vague de criminalité et de violence, la tribu Osage a recruté un shérif blanc, Bob Dalton. Celui-ci s’entoure de ses deux frères Emmett et Gart, qui composent la bande de pilleurs de banque et de voleurs de chevaux la plus efficace de la région. Les frères Frank et Jesse James ont eux aussi séjourné sur le territoire des Osages, ainsi que les frères Youngers, Bill Dollin et sa horde sauvage, ou encore Al Spencer et sa bande de pilleurs de train. Tous les hors-la-loi du pays se sont à un moment ou à un autre donné rendez-vous dans ces régions inaccessibles, tous attirés par la soudaine richesse des Indiens de la tribu Osage.
Les Osages occupent les lieux depuis le 9 juillet 1886. Forcée de quitter le Kansas, la tribu a acheté l’endroit aux Indiens Cherokees pour 1,2 million de dollars. « C’est cher payé pour une tombe », disent les mauvaises langues. Mais quelques années plus tard, du jour au lendemain, les 2 229 membres de la tribu deviennent, à la suite de la découverte de fabuleux gisements de pétrole, les habitants les plus riches de la planète. Contrairement à d’autres, les Indiens Osages mettent les revenus de leur territoire dans un fonds commun pour les redistribuer à tous les membres de la tribu. En 1880, le revenu annuel par habitant était de 10,50 dollars ; en 1923, il grimpe à 12 400 dollars. La ruée vers l’or de 1901 attire dans le pays hors-la-loi et aventuriers de tout poil. Parmi eux, un ancien cow-boy texan, William K. Hale. C’est un petit homme trapu, toujours impeccablement mis ; il a ce que certains qualifient de démarche martiale, tête droite, épaules en arrière et poitrine en avant. En moins de vingt ans, William Hale bâtit une fortune estimée à plusieurs millions de dollars en gagnant le surnom de « roi des Osages ».
Le roi des Osages
Pendant plus d’une décennie, le « roi des Osages » est, en Oklahoma, un véritable État dans l’État. Rien ne lui résiste, ni les hommes ni les lois. Il n’est pas au-dessus des lois, il est la Loi. Mais derrière le vernis de respectabilité se dissimule un homme dénué de tout scrupule qui a bâti sa fortune sur une montagne de cadavres d’Indiens. Une réussite impressionnante : William Hale débarque au pays des Osages au début du XX e siècle après avoir quitté le ranch familial de Greenville au Texas, sans argent mais avec une ambition phénoménale. Le cow-boy mal dégrossi plante sa tente dans un campement au fond d’un dédale de ravins et de grottes dans les forêts qui servent de refuge aux hors-la-loi venus pour piller et spolier les Osages.
Au milieu des « bandits des collines », William Hale est chez lui. Il fait des affaires avec les Indiens, qui s’inquiètent d’étranges coïncidences. Quand du bétail disparaît, Hale a d’importantes quantités de viande fraîche à vendre. Des Indiens meurent, et Hale revendique leur héritage en produisant force témoins qui attestent des dettes improbables. En quelques années, Hale est un homme riche ; la manne de l’or noir fera de lui un multimillionnaire.
Le « roi des Osages » est plus malin que les armées de prospecteurs, joueurs, prêteurs sur gages et autres maquereaux qui se sont précipités sur les biens Osage. Il y a longtemps que l’ancien cow-boy texan ne vit plus dans une tente au milieu d’une nature ingrate. En 1920, il
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