FBI

un livre de mémoires. En raison du montant de l’avance, l’ouvrage doit faire sensation et donc contenir son lot de révélations sur le FBI et Lindley DeVecchio. Linda Schiro finit par céder et accepte de dire ce qu’elle sait des rapports entre Greg Scarpa père et DeVecchio, quitte à prendre quelques arrangements avec la vérité. Angela Clemente ne se sent plus de joie. « On aurait dit qu’elle avait trouvé un trésor », confiera un employé du parquet à Lindley DeVecchio. Angela Clemente est convaincue que DeVecchio n’a pas agi seul, mais qu’il a fait partie d’une vaste conspiration orchestrée par la hiérarchie du FBI. Elle travaille avec deux puissants ennemis de DeVecchio : le procureur qui a juré d’avoir la tête de l’ancien Agent spécial, et certains des avocats de la famille Colombo.
    Poussée par Angela Clemente, Linda Schiro affirme avoir assisté à des conversations au cours desquelles Greg Scarpa et Lindley DeVecchio ont planifié une demi-douzaine d’assassinats. De telles accusations ne peuvent être ignorées. Elles arrivent aux oreilles des membres de la Commission des lois du Congrès chargée d’enquêter sur l’emploi des informateurs par le FBI, sujet particulièrement délicat au moment où le scandale Whitey Bulger est sur le point d’éclater. Un membre du Congrès fait le parallèle entre John Connolly et Lindley DeVecchio, et saisit le procureur de Brooklyn Sud, réputé pour son antipathie envers le FBI. S’emparant du dossier, l’homme déclare : « C’est le pire cas de corruption de toute l’histoire du FBI », et ordonne l’arrestation de Lindley DeVecchio, en 2006, sous l’accusation de complicité dans au moins quatre meurtres, dont celui de la ravissante Mary Bari, étranglée par Greg Scarpa père et fils dans un club de la famille Colombo, à Brooklyn. L’Agent spécial aurait soufflé à Greg Scarpa que la jeune femme, petite amie d’Alphonse Persico, fils du chef de la Famille, « balançait » régulièrement au FBI.
    Des pionniers de la lutte anti-Mafia au sein du Bureau, comme Jules Bonavolonta, Jim Kossler, John Good ou Joe Pistone, montent au créneau et créent un comité de soutien afin d’obtenir l’élargissement de leur collègue. Le juge fixe la caution pour la libération de l’ancien agent spécial à un million de dollars. Quarante-cinq agents se portent garants de Lindley DeVecchio ; le juge n’en retient que cinq. Puis les vieux de la vieille lancent leur contre-enquête dans un climat de tension incroyable. Angela Clemente affirme de son côté avoir été rouée de coups sur un parking par un ancien proche de Greg Scarpa.
    Le procès de Lindley DeVecchio s’ouvre le 15 octobre 2007. Les trois agents du FBI à l’origine de l’affaire, Christopher Favo, Jeffrey Tomlison et George Leadbetter, font état de leurs soupçons à son encontre. Puis l’accusation produit ses principaux témoins. Larry Mazza, l’ancien bras droit de Greg Scarpa, affirme que son boss disposait au sein du FBI d’un informateur surnommé Lin. L’accusation vient de marquer un point. « Lin » est le surnom de Lindley DeVecchio. Mais, lors du contre-interrogatoire, les avocats de l’ex-Agent spécial présentent la transcript on d’une conversation entre Mazza et son père, dans laquelle le mafieux dit qu’il n’a jamais su qui était la source de Scarpa à l’intérieur du FBI.
    Puis vient le tour de Linda Schiro d’être entendue. Après avoir prêté serment, elle réitère ses accusations et confirme avoir entendu Greg Scarpa et Lindley DeVecchio planifier des assassinats en sa présence. Lors du contre-interrogatoire, la défense de l’ex-Agent spécial souligne que lors de ses interrogatoires par l’OPR, en août 1994, Linda Schiro a affirmé n’avoir jamais pu entendre de conversations entre Scarpa et DeVecchio. Au onzième jour du procès, un coup de théâtre change la donne. Deux journalistes de l’hebdomadaire Village Voice produisent les enregistrements d’un entretien que leur avait accordé Linda Schiro en 1997, et qui contredit radicalement ses déclarations sous serment devant la cour. Le 1 er  novembre 2007, le procès de Lindley DeVecchio s’achève par un non-lieu.
    Les attendus du juge Gustin L. Reisbach ordonnant la libération immédiate de Lindley DeVecchio sont cruels pour le Bureau : « Face à la menace représentée par le crime organisé, écrit le magistrat, le FBI est prêt à signer