FBI

un pacte avec le diable, malgré ses propres règles internes… » Le juge dit avoir été particulièrement frappé par le témoignage de Carmine Sassea, ancien consigliere et tueur de la famille Colombo. Sassea et les autres mafieux ont eu des doutes sur Scarpa, mais les ont rapidement écartés en affirmant que le FBI n’emploierait jamais un tueur aussi vicieux et pervers que le « Moissonneur de sourires ». « Apparemment, et bien tristement, écrit le juge, le crime organisé attribue au FBI un sens de la probité plus grand qu’il n’en a. »
    Tout en reconnaissant que Greg Scarpa a fourni au FBI des informations uniques sur la famille Colombo, le juge s’indigne : le Bureau a protégé Scarpa en dépit de ses crimes et, plus grave encore, il l’a « recruté pour participer à des crimes sous sa direction ». Gustin L. Reisbach parle de faute collective retombant sur tout le Bureau. L’échec du FBI était ainsi peut-être écrit dès le départ, suggère le juge qui laisse le philosophe Friedrich Nietzsche tirer la leçon de l’histoire : « Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l’abysse, l’abysse le scrute à son tour. »
    1- L’affaire de la Pizza Connection a mobilisé le FBI, la DEA et les polices anti-drogue italienne, suisse, allemande, française, turque et thaïlandaise. L’enquête débute en 1979 et porte sur un trafic d’héroïne estimé à près de 2 milliards de dollars. Elle concerne aussi bien les fabricants que les trafiquants. Pour la première fois, le FBI vise un réseau dans sa totalité, des producteurs d’héroïne en Turquie et en Sicile aux distributeurs aux États-Unis, sans oublier les blanchisseurs en Suisse. L’héroïne était distribuée dans des pizzerias, d’où le nom de l’opération. Le procès qui s’est ouvert le 30 septembre 1985 a duré dix-sept mois. Son inculpé le plus célèbre fut le parrain sicilien Gaetano Badalamenti, ancien chef de la mafia sicilienne, arrêté en Espagne avant d’être extradé vers les États-Unis.

III
     
    Cauchemars américains
     
    (1922-2001)
     

X
     
    Embuscades (1922-1984)
     
    Où il est question d’Indiens, de pétrole et de meurtres – Le jeune Edgar à la rescousse – Où le lecteur découvre le sort des femmes – La révolte des Indiens sur la piste des traités rompus – Où l’on parle du siège de Wounded Knee – Meurtres dans la réserve – La révolte des opprimés du Bureau face à la mafia des mormons .
     
    La soudaine richesse des pauvres Indiens Osages
     
    Le gouvernement des États-Unis reconnaît 562 tribus indiennes rassemblées dans 297 réserves. Le FBI est chargé de faire respecter la loi et l’ordre dans 200 d’entre elles. Le Bureau travaille en étroite collaboration avec le Bureau des affaires indiennes (BIA), la police indigène et la justice tribale, qui juge les petits délits. Dans les réserves les plus pauvres, où le taux de chômage dépasse les 60 %, les villages indiens sont formés de centaines de mobile homes, et rares sont ceux qui n’ont pas été le théâtre de violences ou de crimes. La guerre des pauvres est l’affaire de tous ; viols et incestes y sont plus nombreux que partout ailleurs. Le taux d’alcoolisation des populations indiennes est sans doute le plus élevé du pays. Dans ces conditions, le FBI est plus qu’une police. Le Bureau dispose de dizaines d’assistantes sociales et de psychologues pour encadrer cette population en détresse. Ce rôle essentiel a commencé au début des années 1920, au cœur de l’Amérique profonde, par une des premières opérations d’infiltration du Bureau, celle dont J. Edgar Hoover est le plus fier.
    L’enquête sur l’assassinat de plusieurs dizaines d’Indiens Osages dans les années 1920 est sans doute, de l’aveu du Bureau, une des plus éprouvantes et des plus difficiles jamais conduites par ses agents. Nous sommes en 1921 ; le Bureau compte alors 346 agents. Tous blancs, ils sont pour la plupart des anciens du Secret Service ou des détectives privés véreux, rompus aux pires excès des rafles visant les communistes et les anarchistes. Habitués aux violences d’un pays jeune en pleine expansion, ils ne sont toutefois pas préparés à affronter la terreur du Far West américain.
     
    Situé au nord-est de l’Oklahoma, le pays des Indiens Osages est aussi grand que