FBI
la manière dont le FBI se sert de ses informateurs ait produit d’autres dérives. » À l’entendre, le bureau de New York recèlerait lui aussi d’inquiétants cadavres dans ses placards. Le juge Wolf va en tout cas en trouver un gros en fouillant dans les affaires de Lindley DeVecchio, superviseur de l’affaire « Commission ».
Lindley DeVecchio et Grey Scarpa
Au début des années 1980, Lindley DeVecchio est déjà l’une des stars du bureau de New York après avoir fait tomber Ed Wilson, ancien agent de la CIA qui a eu son quart d’heure de gloire après avoir été arrêté et lourdement condamné pour vente d’armes à un ennemi mortel des États-Unis, le chef d’État libyen Mouammar Kadhafi. Emprisonné à New York, Ed Wilson cherchait un tueur à gages pour éliminer les deux procureurs suivant son dossier ainsi que les sept témoins à charge. Il en trouva un en la personne de Tony Angelo, dit « Tony le Tueur », de son vrai nom Lindley DeVecchio. Crédule, l’ancien agent de la CIA offrit le contrat à l’Agent spécial et lui fit remettre par son fils un premier acompte de 10 000 dollars. Il n’en fallait pas plus à DeVecchio pour boucler son dossier et faire condamner l’ancien agent de la CIA à une nouvelle peine de prison à perpétuité.
Quelque temps plus tard, Jules Bonavolonta confie à Lindley DeVecchio les rênes de l’opération « Commission ». L’Agent spécial n’a pas l’intention de superviser l’opération en restant confortablement assis devant son bureau. Lui aussi part en chasse. Il consulte la liste des anciens informateurs du bureau de New York et tombe en arrêt devant le dossier de Greg Scarpa, dit la « Machine à tuer » ou encore le « Moissonneur de sourires ». C’est le caporegime employé par le FBI en 1963 dans le cadre de l’opération « Miburn » (Mississippi Burning) pour élucider au moins deux assassinats : celui de Medgar Evers, secrétaire de la NAACP pour le Mississippi, et celui de Vernon Dahmer, responsable de la NAACP à Hattiesburg. À son retour à New York, Greg Scarpa a repris ses activités de mafieux tout en continuant d’informer le FBI. Le « Moissonneur de sourires » a tout à gagner à cette collaboration : par FBI interposé, il règle ses comptes en faisant arrêter ses concurrents. Il bénéficie également de la protection de son agent traitant, Villano. Au début des années 1970, un mafieux arrêté par le FBI tente de négocier sa libération en promettant des révélations sur les assassinats commis par Greg Scarpa. L’Agent spécial Anthony Villano lui demande s’il est conscient que la famille Colombo risque d’enlever sa fille. Après réflexion, le mafieux choisit de se taire, et de finir ses jours en prison.
Anthony Villano prend sa retraite en 1975. Greg Scarpa est désactivé, il ne figure plus sur la liste des informateurs du bureau de New York.
Lindley DeVecchio réactive Greg Scarpa en 1982. Il se rend directement chez lui. Leur première rencontre est tendue. L’Agent spécial débarque chez Scarpa au moment où le mafieux s’apprête à quitter la petite maison qu’il occupe dans la banlieue de New York pour se rendre à son club. DeVecchio a garé sa voiture en faisant en sorte de bloquer celle de Scarpa. Le mafieux sort furieux de son véhicule. Il se dirige vers l’Agent spécial, les mâchoires serrées, le regard noir. DeVecchio n’est pas homme à se laisser impressionner, mais ne peut s’empêcher de marquer un léger recul. Il vient de réaliser que Greg Scarpa n’a pas volé son surnom de « Moissonneur de sourires ».
Scarpa et l’Agent spécial n’en vont pas moins travailler en étroite collaboration pendant plus de dix ans. Ils se fréquentent : Lindley DeVecchio retrouve souvent son informateur chez lui ; les deux hommes parlent affaires à la cuisine, parfois même devant la femme de Scarpa. Le « Moissonneur de sourires » est le meilleur informateur du bureau de New York. « La qualité de ses informations était telle, rapporte Lindley DeVecchio, que je l’ai inscrit sur la liste des Top Echelon Informant du Bureau. Il a joué un rôle essentiel dans l’opération “Commission”. C’est grâce à lui que nous avons obtenu plus de 70 % des autorisations d’écoutes délivrées par le procureur de New York. »
À l’issue du procès des membres de la « Commission », le chef de la famille Colombo, Carmine Junior Persico, est
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