FBI

terres appartenant à l’État américain. Le Bureau a juridiction sur le dossier – ce qui n’est pas le cas pour les assassinats d’Anna Brown, de sa sœur Rita Smith et de l’époux de cette dernière.
    Pour tuer Henry Roan Horse, William Hale s’est adressé à l’un de ses amis pilleur de banque, Henry Grammer. C’est un des hommes les plus puissants de la région ; il a le monopole du trafic d’alcool dans la réserve indienne. La nuit, les bois qu’il contrôle sont éclairés par des groupes électrogènes afin que la production d’alcool ne s’arrête pas. Avant de mourir dans un mystérieux accident d’automobile, Grammer fournit au « roi des Osages » son tueur, John Ramsey. Quinquagénaire mal dégrossi, Ramsey est, au dire d’un rapport du FBI, l’« archétype du hors-la-loi du Far West ». Plusieurs années de pénitencier pour vol de bétail ne l’ont pas assagi. À sa libération, il se reconvertit dans la contrebande d’alcool. Ce qui ne l’empêche pas de louer ses services à qui veut les payer. William Hale lui offre une Ford achetée 500 dollars et lui promet 1 000 dollars une fois qu’il aura tué un Indien qu’un de ses hommes lui montre du doigt dans une des rues de Fairfax.
    Quand il l’aborde dans un bar pour lui offrir un whisky, John Ramsey ignore jusqu’au nom de Henry Roan Horse. Après quelques verres, il se prend d’affection pour ce diable d’Indien qui porte toujours la coiffure traditionnelle de sa tribu, et ne peut se résoudre à le tuer. Sévèrement tancé par Hale, le tueur repart à la charge et se soûle à nouveau avec son nouvel ami indien dans un bar de Fairfax… mais n’arrive toujours pas à le tuer. Quelques beuveries plus tard, il prend enfin son courage à deux mains. Le 26 janvier 1923, il charge l’Indien soûl dans sa Ford, le conduit jusqu’au fin fond d’un canyon et lui tire une balle dans la tête.
    Le « roi des Osages » est furieux contre John Ramsey. Il lui reproche d’avoir tiré par-derrière, empêchant le médecin de conclure à un suicide. Cela ne l’empêche pas d’avoir à nouveau recours à ses services pour tuer les époux Smith. Il fait sauter leur maison à l’aide de 20 litres de nitroglycérine. La date de l’attentat a été soigneusement choisie : ce soir, il est à Forth Worth, au Texas, où il assiste à une convention de vendeurs de bétail. Ramsey n’a pas agi seul. Un autre hors-la-loi, Asa Ace Kirby, lui a donné un coup de main. Mais Kirby parle trop. Le « roi des Osages » décide de se débarrasser de lui. Il le met sur un « coup », en lui révélant qu’un des commerçants de la ville vient de recevoir des pierres précieuses. Puis il prévient le commerçant du soir où Kirby doit le cambrioler. Le hors-la-loi est tué d’un coup de fusil alors qu’il tentait de se glisser subrepticement chez le commerçant après avoir forcé une fenêtre.
     
    L’infiltré « agent d’assurances » vend de vraies polices. Son activité lui donne accès à bien des familles qui, par peur, avaient refusé de rencontrer des agents du Bureau. L’agent « d’assurances » en profite pour se constituer un réseau d’informateurs et pour rassembler des éléments concernant les meurtres des Indiens Osages. Une fois prêt, il contacte William Hale pour lui vendre une police d’assurance.
    Le « roi des Osages », déjà bien assuré, n’a besoin de rien. En revanche, il apprécie la compagnie de l’agent d’assurances, qu’il revoit régulièrement dans les bars ou les lobbies d’hôtel de Fairfax. William Hale aime parler de lui, de sa jeunesse dans le Texas, de la manière dont il s’est enfui de chez lui pour devenir un cow-boy. Mais, avant tout, il adore évoquer ses deux passions : les femmes et l’argent.
    William Hale ouvre les portes de la haute société de Fairfax à l’agent d’assurances. Il lui présente tout ce que la ville compte de notables. Le « roi » est toujours en représentation et constamment à la recherche de nouveaux appuis. Il distribue les cadeaux à tour de bras : costumes pour les hommes, fourrures pour ces dames et poneys pour leurs enfants.
    William Hale se plaint de ses problèmes de santé : il souffre de l’estomac et a de plus en plus de mal à trouver le sommeil. L’agent d’assurances remarque que le « roi » a vendu pratiquement tous ses troupeaux : il ne lui reste plus que 250 têtes de bétail. Il a également liquidé son