FBI

volontairement. Les agents fédéraux ont l’impression que certains sont même payés pour les fourvoyer.
     
    J. Edgar Hoover décide d’employer les grands moyens. Personne à Fairfax ne prête attention à l’arrivée en ville de quatre étrangers. Venus séparément, ils ne semblent pas se connaître. Le premier est un marchand de bétail, le deuxième un agent d’assurances, le troisième un prospecteur de pétrole et le dernier un herboriste indien. Ce sont quatre des meilleurs agents d’infiltration du Bureau. Pendant des semaines, ils se fondent dans le décor et vaquent à leurs occupations. Puis, un soir, sur un signal, les quatre hommes se rendent dans les bois qui bordent la réserve indienne. Les agents du Bureau se retrouveront régulièrement dans ces forêts, généralement par des nuits sans lune afin de partager leurs découvertes à la seule lueur des étoiles. C’est l’endroit le plus sûr pour ne pas se faire remarquer.
    Chaque agent fait son rapport. Le plus âgé d’entre eux, le « marchand de bétail », est l’agent en charge de l’affaire. Il fait le point de la situation. Au bout de quelques mois, les quatres hommes sont convaincus que William Hale est responsable de la récente vague de meurtres qui secoue le pays Osage. Ils se doutent aussi que le « roi des Osages » est derrière des dizaines d’assassinats d’Indiens commis dans la réserve ces dernières années.
    L’« herboriste indien » passe ses journées dans la tribu. En plus de son travail, il affirme être à la recherche de parents indiens qui se sont installés en Oklahoma plusieurs années auparavant. Il concocte des potions à base d’eau sucrée qui sont très appréciées des Osages. En peu de temps, l’agent infiltré est considéré presque comme un membre de la tribu. Il est reçu chez les Osages et participe à leurs cérémonies. Le Conseil de la tribu lui a aussi ouvert ses portes et il n’est pas rare de le voir conseiller les représentants de la communauté Osage dans leurs décisions administratives.
    L’infiltré du Bureau chargé de jouer les cow-boys fréquente les truands et les hors-la-loi qui travaillent pour le « roi des Osages ». Il en apprend un peu plus sur les méthodes employées par William Hale pour se débarrasser des Indiens. Ses hommes soûlent régulièrement des Osages qui, une fois ivres morts, se voient prescrire de la morphine pour dessoûler – dans les années 1920, la médecine était assez incertaine. Il ne reste plus qu’à injecter une surdose de morphine pour qu’un médecin complaisant délivre des certificats de décès pour cause d’empoisonnement par l’alcool.
    À force de patience, les quatre infiltrés du Bureau reconstituent la séquence des meurtres. Le « roi des Osages » a eu du mal à trouver un homme pour se débarrasser d’Anna Smith. William Hale s’est d’abord adressé au plus célèbre hors-la-loi de la région, Al Spencer, dont la bande de pilleurs de banque a trouvé refuge sur la colline de l’Homme Mort (Dead Man’s Hill), dans les bois au nord de Fairfax. Le pilleur de banque lui a répondu que, s’il n’avait pas de scrupules pour tuer quelqu’un lors d’un braquage, il n’était pas tombé assez bas pour assassiner une Indienne qui ne lui avait rien fait.
    À la demande du « roi des Osages », un de ses neveux a contacté un autre pilleur de banque, Curley Johnson, pour lui faire la même proposition. Mais l’affaire a tourné court et, quelque temps plus tard, on a retrouvé le cadavre de Curley Johnson. Les mauvaises langues disent que William Hale aurait fait assassiner le pilleur de banque après que ce dernier eut tenté de le faire chanter. En désespoir de cause, Hale aurait confié le contrat à son neveu Ernest Burckhart.
    Les témoins permettent de dater la mort d’Anna Smith du 21 mai 1921, six jours avant la découverte de son corps. Elle a passé la journée à boire chez sa sœur Molly. Le soir, son beau-frère Ernest Burckhart et l’un des hommes de la bande l’ont raccompagnée en voiture. Avant de partir, le « roi des Osages » leur a remis un pistolet. Quelques kilomètres plus loin, la voiture s’est arrêtée en rase campagne, le neveu de Hale a immobilisé sa belle-sœur tandis que son comparse tuait la malheureuse Indienne d’une balle dans la tête.
     
    Les agents du Bureau apportent un soin particulier à éclaircir l’assassinat de Henry Roan Horse. Il a eu lieu sur des