FBI

d’une pierre deux coups. Quelques jours après la découverte du cadavre, le « roi des Osages » réclame le versement d’une police d’assurance-vie souscrite à son bénéfice par le cher disparu. L’affaire semble suspecte à la compagnie d’assurances, qui refuse de payer et parle de fraude. William Hale poursuit la compagnie devant la justice.
    Les époux Smith ont conscience de ce qui se trame. Le mari de Rita rencontre le « roi des Osages » pour une explication houleuse. Il accuse William Hale d’être responsable de l’assassinat d’Anna Brown et lui réclame 6 000 dollars qu’il lui a prêtés peu avant. Hale refuse de payer. Redoutant le pire, les Smith modifient leur testament. En cas de décès d’un des époux, la part du défunt ira automatiquement au survivant. Cette précaution va enrayer le mécanisme diabolique mis en branle par le « roi des Osages ».
    Le 10 mars 1923, à 2 h 30 du matin, la maison des Smith à Fairfax est détruite par une explosion. Rita Smith et une servante âgée de dix-sept ans sont tuées sur le coup. Avant l’explosion, la maison avait été arrosée de kérosène. Des morceaux des cadavres des deux malheureuses sont dispersés sur quelques centaines de mètres. Dans cette « opération », le calcul du « roi des Osages » est simple : il se débarrasse d’un créancier à qui il doit 6 000 dollars et augmente du même coup l’héritage de Mollie Burckhart, l’épouse de son neveu, de 150 000 dollars, Mollie étant la seule fille de Lizzie Q encore en vie. Mais les meilleurs plans peuvent échouer. Le mari de Rita ne meurt pas sur le coup. Il agonise pendant quatre jours. Il hérite donc de toute la fortune de son épouse. L’homme a, d’un autre mariage, eu une enfant qui vit en Arkansas. De cette fille, ni Hale ni Burckhart n’ont jamais entendu parler. C’est elle qui hérite de la fortune des Smith.
    William Hale a compris les bienfaits de la diversification. Ernest Burckhart et sa femme se sont arrangés pour qu’un de leurs enfants soit adopté par une famille Osage, celle de Joe et Bertha Bigheart. Peu après l’adoption, Joe Bigheart meurt soudainement. L’enfant des Burckhart, hérite donc de 75 000 dollars. Somme qu’il doublera à la mort de sa mère adoptive, car déjà, à Fairfax, on ne donne pas cher des chances de survie de la veuve Bigheart.
     
    William Hale fait des émules. De nombreux Blancs épousent des Indiennes pour hériter de leurs biens. En quelques mois, 60 Indiens parmi les plus riches, c’est-à-dire près de 3 % de la tribu, sont assassinés. Pour se débarrasser d’un Indien, il en coûte 500 dollars. Un peu plus si l’on veut masquer l’assassinat en suicide. Le tueur doit juste prendre garde à ne pas tirer dans le dos de sa victime, comme c’est souvent le cas. On peut aussi toujours trouver, pour pas très cher, des médecins légistes complaisants, prêts à découper les cadavres en petits morceaux pour dissimuler les causes de la mort.
    J. Edgar Hoover entre en scène
     
    Face à cette vague de crimes, le Conseil de la tribu appelle à l’aide l’« Honorable Secrétaire de l’Intérieur » à Washington. L’affaire est confiée au Bureau of Investigation (BI, futur FBI). Le numéro deux du BI, J. Edgar Hoover, prend l’affaire en main et décide d’envoyer chez les Osages les meilleurs de ses agents. Une des plus éprouvantes enquêtes de l’histoire du FBI commence. Elle va durer plus de trois ans.
    Le Bureau lance dans la bataille des agents choisis pour leur connaissance des territoires indiens, pour leur courage et leur persévérance. « Ils ont roulé pendant des milliers de kilomètres à travers les champs de pétrole, de jour comme de nuit, dans la chaleur et le froid, la pluie et la neige, dans la boue », note un rapport du FBI daté de 1953.
    Les agents du FBI qui s’installent à Fairfax se heurtent à un mur de silence et de peur. Les rares informations qu’ils rassemblent les mènent sur de fausses pistes qu’ils s’épuisent à suivre jusqu’en Californie, au Nouveau-Mexique, au Kansas, au fin fond du Colorado, au Texas et même en Arizona.
    Le Conseil tribal offre une forte récompense à qui permettra de mettre fin à la vague d’assassinats et d’arrêter les coupables. Une armée de détectives privés et de chasseurs de primes s’empare de l’affaire, au désespoir des agents du Bureau : ils brouillent les pistes, parfois