FBI
l’Ouest avant de rentrer aux États-Unis : halte indispensable qui facilite son retour au pays sous une fausse identité. Informé du retour de sa « taupe » par un coup de fil, le Bureau dépêche un Agent spécial à l’aéroport pour détourner les regards inquisiteurs des agents des douanes ou de la police des frontières.
Les dirigeants soviétiques sont particulièrement friands de médicaments américains. La demande est telle que le FBI s’adjoint les services d’un pharmacien qui approvisionne Morris Childs sans poser de questions. Le Bureau pense à tout : aux États-Unis, les médicaments sont souvent livrés dans de petites boîtes en plastique au nom du malade. Sur les étiquettes figure toujours le nom d’emprunt utilisé par Morris Childs pour voyager…
« Solo » et l’assassinat du président Kennedy
Morris Childs se trouve à Moscou le 22 novembre 1963, jour de l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy. Il est aux premières loges pour enregistrer la réaction des responsables soviétiques. Son témoignage est capital dans un monde en proie aux tensions les plus dangereuses de la guerre froide. Les deux premières puissances nucléaires de la planète ont été au bord de l’affrontement entre le 16 et le 28 octobre 1962, à la suite de l’installation de missiles soviétiques pointés sur les États-Unis depuis Cuba. Les Soviétiques ne seraient-ils pas responsables de l’assassinat du Président américain ? Morris Childs va très vite obtenir la réponse.
Dans les minutes qui suivent l’annonce de la mort de Kennedy, il est reçu par un Boris Ponomarev qui ne cache pas son incrédulité. Le dirigeant soviétique est effondré ; il ne comprend pas comment un tel attentat a pu se produire. Morris Childs est convaincu que sa réaction n’est pas feinte. L’entourage de Ponomarev est divisé : la plupart sont terrifiés à l’idée que les Américains fassent porter la responsabilité sur le KGB ; certains pleurent même la mort d’un adversaire qu’ils ne pouvaient s’empêcher d’admirer. Tous se demandent si le président Kennedy n’a pas été plutôt victime d’un complot de l’extrême droite. Ponomarev assaille Morris de questions. Le dirigeant soviétique a l’air sincèrement désemparé et ne cache pas être sous le choc.
Les deux hommes sont en pleine discussion quand deux des plus proches conseillers de Ponomarev font irruption dans le bureau. Convaincus, à tort, que Morris Childs ne comprend pas le russe, ils annoncent à leur patron que les Américains disent avoir arrêté l’assassin de Kennedy : il s’agit de Lee Harvey Oswald, ancien marine, qui a déjà défrayé la chronique en allant se réfugier en URSS pendant deux ans avant de revenir aux États-Unis en compagnie d’une épouse soviétique !
Les Soviétiques avaient été ravis de se débarrasser de Lee Harvey Oswald en 1961. Ils n’avaient plus eu de nouvelles de lui jusqu’à ce qu’en septembre 1963 il débarque à l’ambassade soviétique à Mexico, où il a été reçu par un haut responsable du KGB, Valeri Kostikov. Oswald voulait un visa pour se rendre à Moscou et, de là, rejoindre Cuba. Éconduit poliment par les Soviétiques, il s’était alors précipité à l’ambassade de Cuba.
Les deux conseillers de Ponomarev remettent à leur patron le dossier de Lee Harvey Oswald, indiquant clairement que le KGB n’a jamais employé Oswald, dont il se méfiait.
Boris Ponomarev redoute la réaction des Américains quand ils apprendront que Lee Harvey Oswald a rencontré Valeri Kostikov à Mexico. L’assassinat d’Oswald par Jack Ruby ne fait qu’augmenter les craintes de Ponomarev. Non sans un brin de paranoïa, il craint que le KGB ne soit accusé d’avoir fait exécuter Oswald pour masquer les preuves de l’implication de l’URSS dans l’attentat de Dallas ! À Moscou, de nombreux responsables partagent cette analyse. D’aucuns proposent même de confier à Morris Childs la mission d’expliquer au gouvernement américain que les Soviétiques ne sont pour rien dans l’assassinat du président Kennedy.
Proposition absurde, si Morris Childs est bien celui qu’il prétend être. Un responsable communiste américain clamant l’innocence de Moscou est bien la dernière personne susceptible d’être entendue à Washington ! En revanche, Morris Childs va s’acquitter de cette mission en tant que taupe du FBI. Il est en effet convaincu que les
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