FBI
contributeur en est le FBI ! Le tour est joué. Six mois plus tard, c’est un Morris Childs transfiguré qui sort de la clinique Mayo. Il a repris du poids et de la vigueur, il ne se traîne plus et n’a qu’une envie : en découdre avec le PCUSA qui l’a laissé tomber après l’avoir pressé comme un citron. Il ne reste plus qu’à faire savoir aux responsables du Parti que Morris Childs est prêt à reprendre du service… C’est la mission de Jack.
Début 1954, Morris Childs reçoit un appel anonyme lui fixant rendez-vous dans une cabine téléphonique du nord de Manhattan. De là, un correspondant l’envoie dans une chambre de l’hôtel Sovereign où il retrouve le responsable à la sécurité des réseaux clandestins du PCUSA. Après un interrogatoire courtois mais ferme, il se voit proposer de reprendre du service. Le Parti a besoin d’argent. Depuis que la direction est passée à la clandestinité, tous les liens avec Moscou sont rompus. Pourrait-il rétablir le contact avec les Soviétiques et leur demander de l’argent ? La démarche est logique. Morris Childs a toujours eu de bonnes relations avec Moscou. Il se dit encore trop faible pour voyager, mais accepte à la condition que son frère Jack l’aide dans sa mission. Les deux hommes se quittent après être convenus d’entrer à nouveau en contact en passant par une sympathisante du Parti. À compter de ce jour, au Bureau, les dossiers des deux frères portent un astérisque, symbole signifiant que, pour des raisons de sécurité nationale, ils ne pourront jamais témoigner devant les tribunaux. Une procédure réservée aux informations recueillies dans le cadre d’écoutes et de « visites » illégales.
Les premiers pas de « Solo »
Réintégrés au sein du PCUSA, Jack et Morris Childs ont du mal à rétablir le contact avec l’URSS. Ils ont prévu de passer par les camarades canadiens, mais Moscou ne répond pas. La mort de Staline et la désorganisation qui s’est ensuivie y sont sans doute pour beaucoup. Les frères Childs insistent néanmoins et restent en liaison avec leurs homologues canadiens. De retour du XX e Congrès du PCUS, le secrétaire général du Parti communiste canadien remet à Jack Childs la copie du discours prononcé par le premier secrétaire du PCUS, Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev, dans la nuit du 25 au 26 février 1956. C’est une véritable bombe : Khrouchtchev y critique violemment la période stalinienne et en condamne le caractère dictatorial et répressif. Le document est remis à J. Edgar Hoover, qui le communique au Département d’État. La CIA obtient elle aussi copie du document par le canal des services secrets israéliens. La publication d’extraits du discours de Khrouchtchev, le 16 mars 1956, par le New York Times , provoque un véritable séisme politique au sein des différents partis communistes à travers le monde.
En 1956, à la suite d’une décision de justice au niveau fédéral rendant impossible toute poursuite de ses dirigeants en vertu du Smith Act , le PCUSA sort de la clandestinité. Morris Child devient l’adjoint du premier secrétaire, chargé des relations avec les partis frères soviétique et chinois. Il est en quelque sorte le ministre des Affaires étrangères du Parti.
En 1958, Morris Childs retourne enfin à Moscou après plus de dix ans. Il y est accueilli à bras ouverts par Boris Ponomarev, chargé des relations internationales du Parti soviétique. Ponomarev promet de financer le PCUSA à hauteur de 75 000 dollars pour 1958 et de 200 000 dollars l’année suivante. Afin de brouiller les pistes, les deux hommes conviennent de faire transiter l’argent par le Canada.
Morris Childs quitte Moscou pour se rendre à Pékin, où il est reçu pendant cinq heures par un Mao Zedong très remonté contre Moscou. Mao ne digère pas la charge de Khrouchtchev contre Staline. Il parle de trahison, traite les Soviétiques de « révisionnistes ». Morris Childs rentre aux États-Unis le 28 juillet 1958 avec les premières informations concrètes sur un des événements majeurs des années 1960 : le schisme sino-soviétique. Dans les années qui suivent, grâce à Morris, le gouvernement américain est régulièrement informé de la dégradation des relations entre les deux pays. Le Département d’État apprécie et félicite régulièrement le Bureau pour la qualité de ses informations.
En janvier 1959, Morris Childs dirige la
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