FBI
proviennent de l’ USS Nimitz . « C’est Michael, dit un des responsables du FBI. Lui aussi est dans le coup ! »
L’arrestation de John Walker est un soulagement pour Barbara ; celle de Jerry Withworth et d’Arthur Walker, une surprise. Celle de son fils Michael, appréhendé par le FBI à bord du Nimitz dans le port israélien d’Haïfa, est pour elle une tragédie. Avant d’aller trouver le FBI, Barbara avait demandé à John Walker de jurer qu’il n’avait pas recruté leur fils. S’il ne l’avait pas fait, Barbara ne l’aurait jamais dénoncé. Mais John a menti à sa femme, permettant au FBI de boucler la plus grosse opération de contre-espionnage de la fin du siècle dernier.
Début 1986, avant l’ouverture du procès de Jerry Withworth à San Francisco, le secrétaire à la Défense Caspar W. Weinberger demande le rétablissement de la peine de mort pour les Américains reconnus coupables d’espionnage en temps de paix. Après que John Walker a témoigné contre lui, Jerry Withworth est condamné à deux peines de prison perpétuelle sans possibilité de libération ; Arthur Walker est condamné à la prison à vie ; John Walker écope de deux peines de prison perpétuelle, plus une peine de cent ans supplémentaires d’emprisonnement, et son fils Michael passera un quart de siècle derrière les barreaux.
Le bilan de la trahison de John Walker est lourd. Depuis des années, les Américains se doutaient que les Soviétiques avaient accès à certains de leurs codes. Dans son livre consacré à l’affaire Walker, John Barron cite le témoignage de l’ancien responsable de l’antenne de la CIA à Saigon, Ted Shackley : « Les Vietnamiens étaient toujours informés à l’avance de nos bombardements. Même quand nos B-52 se rabattaient sur des objectifs secondaires à cause du temps, ils savaient où on allait frapper. »
Les flottilles soviétiques chargées d’espionner les navires américains en manœuvre étaient guidées vers leurs proies grâce aux informations de John Walker. Les Soviétiques connaissaient à l’avance les plans des Américains quand ils déployaient leur flotte au large des côtes de l’URSS, lors d’opérations destinées à tester la réaction de l’ennemi potentiel.
La CIA apprend par la suite que, grâce à John Walker, les Soviétiques ont pu déchiffrer des centaines de milliers de messages codés en provenance des forces armées américaines. La CIA découvre que les officiers russes qui se sont occupés de Walker ont tous été promus avec une surprenante célérité et ont reçu les plus hautes distinctions de l’Armée rouge. L’un d’eux a ainsi obtenu le titre envié de « Héros de l’Union soviétique » et deux autres ont été décorés de l’« Ordre du Drapeau rouge ».
L’armée de terre et la marine américaines dépenseront plus d’un milliard de dollars pour remplacer les machines à coder et leurs systèmes de chiffre après que le transfuge Vitali Iourtchenko leur aura expliqué : « S’il y avait eu une guerre, les Soviétiques l’auraient incontestablement gagnée. »
L’année des espions
Vitali Iourtchenko n’est pas n’importe qui : c’est le chef adjoint de la Première Direction, responsable de toutes les opérations « offensives » de renseignement contre les États-Unis et le Canada. Son passage à l’Ouest, en août 1985, ne passe pas inaperçu. Pas plus que son retour à l’Est, le 2 novembre 1985. Un aller et retour inédit qui suscite d’innombrables questions restées à ce jour sans réponse. Avant de retourner de l’autre côté du rideau de fer, Vitali Iourtchenko a dénoncé deux agents secrets américains recrutés par le KGB. Le premier s’appelle Ronald Pelton : c’est un analyste qui travaille pour la NSA, le plus important et le plus discret des services secrets américains, chargé de la surveillance électronique de la planète. Pelton sera arrêté par le FBI avant d’être condamné à trois peines de prison perpétuelle. La deuxième taupe dénoncée par Iourtchenko s’appelle Edward Lee Howard. Cet ancien analyste de la CIA va être à l’origine d’un scandale dont le FBI aura du mal à se relever.
En ce début d’année 1985, Edward Lee Howard est un homme en colère. Il rêve de vengeance. Deux ans auparavant, il a été renvoyé de la CIA pour une toute petite contre-vérité de rien du tout. Lors d’un test au détecteur de mensonge, il a
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