FBI

prétendu ne s’être jamais drogué. Cela a mis fin à une carrière qui s’annonçait prometteuse, puisqu’il s’apprêtait à rejoindre l’antenne de la CIA à Moscou. Pour se venger, Edward Lee Howard s’est rendu à l’ambassade soviétique à Washington pour proposer ses services. En bon professionnel, il a su déjouer les dispositifs de surveillance du FBI et de la CIA mis en place autour de l’ambassade. En revanche, il ne pouvait pas prévoir qu’il serait trahi par l’agent du KGB qui l’avait recruté, Vitali Iourtchenko !
    Le 10 août 1985, alertée par ce dernier, la CIA informe le FBI des soupçons qui pèsent sur Edward Lee Howard. Elle lui communique son adresse au Nouveau-Mexique. Howard, qui a été entraîné à détecter les filatures, s’aperçoit vite de la surveillance dont il fait l’objet. Il prend un avocat qui entre en contact avec le Bureau. En fait, il veut juste gagner du temps.
    Le 21 septembre 1985 à 16 h 30, l’agent du FBI chargé de suivre Edward Lee Howard le voit grimper dans son Oldsmobile en compagnie de sa femme, qui s’installe au volant. L’Agent spécial est un novice qui effectue là sa première filature. Il ne se doute pas que Howard va lui faire le coup du JIB ( Jack in the Box  : Jack dans la boîte) : il perd la voiture de vue quelques secondes et ne la voit pas ralentir pour permettre à Howard de s’en éjecter, pas plus qu’il ne voit sa femme disposer un mannequin à sa place. Le jeune agent n’y aura vu que du feu et sera renvoyé du Bureau.
    Quelque temps plus tard, Edward Lee Howard resurgit à Moscou. Il trouvera la mort le 12 juillet 2002 après s’être brisé la nuque en tombant dans l’escalier de sa datcha. L’autopsie ne permettra pas d’établir s’il s’est agi d’un accident ou d’un assassinat.
     
    L’arrestation d’un nouvel agent double, le 21 novembre 1985, ne suffit pas à redorer le blason du Bureau. Pourtant, l’affaire Jonathan Jay Pollard est de celles dont les médias raffolent. Agent des services secrets de la marine, spécialiste du Proche-Orient, Pollard a fourni des informations confidentielles à l’un des plus fidèles alliés des États-Unis : Israël. Les agents du FBI qui le suivaient l’ont arrêté alors qu’il tentait de trouver refuge dans les murs de l’ambassade de l’État hébreu à Washington. Redoutant les conséquences diplomatiques, les Israéliens ont néanmoins refusé de laisser entrer ce citoyen américain. Les agents du Bureau n’ont eu qu’à le cueillir devant les grilles de l’ambassade. Le scandale diplomatique qui a suivi n’a pas permis au Bureau de tirer les bénéfices d’une affaire rondement menée. Il en aurait pourtant eu bien besoin.
    Requiem pour des taupes…
     
    Depuis 1981, le Bureau a théoriquement le monopole du contre-espionnage sur le territoire américain. Mais la CIA, cible première de tous les services étrangers, a longtemps refusé de collaborer avec le FBI. Il a fallu attendre 1980 pour que le Bureau et l’Agence lancent « Courtship », opération conjointe destinée à recruter des agents doubles au sein de l’antenne du KGB à Washington. Installée dans un immeuble de bureaux à Springfield, en Virginie, l’unité mixte composée d’agents du FBI et de la CIA réussit à recruter deux agents du KGB, le lieutenant-colonel Valeri Martinov (nom de code pour le FBI : « Pimenta ») et le major Serguei Motorine (« Megas »). Le FBI et la CIA n’ont pas les mêmes objectifs. Le Bureau cherche de l’opérationnel : arrêter les taupes du KGB aux États-Unis ou recruter de nouveaux agents doubles. L’Agence, elle, cherche le moyen de manipuler le KGB.
    En 1985, Valeri Martinov et Serguei Motorine disparaissent mystérieusement. Dans la foulée, cinq taupes de la CIA au sein du KGB ne donnent plus aucun signe de vie. Elles ont été exécutées. De son côté, le FBI déplore la perte de « Tophat » – Dimitri Fédérovitch Poliakov –, officier du GRU qui s’était porté volontaire pour trahir son pays en même temps que « Fedora », au début des années 1960. À la suite de la disparition de ses taupes, le FBI monte une unité spéciale d’enquête (nom de code : « Anlace ») qui prend contact avec la CIA après avoir appris l’ampleur des pertes de l’Agence. À l’évidence, une taupe du KGB a trahi et dénoncé les opérations les plus secrètes du FBI et de la CIA.
    Depuis 1986, le FBI a dans le