FBI
route : pas le temps de faire leurs bagages, encore moins celui de contacter leurs employeurs du FBI. Dans une cave sordide, ils ont eu droit au traitement réservé par le KGB aux traîtres : une balle dans la nuque.
Depuis, le Bureau cherche à savoir qui a trahi M&M’s. Après des années de tâtonnements, les chasseurs de taupes du FBI arrivent à une terrible conclusion : les deux Soviétiques ont été trahis par une taupe du KGB nichée au sein même du FBI. La section CI-13 de la division Contre-espionnage du Bureau est chargée de débusquer ce traître. Deux Agents spéciaux chevronnés relisent toutes les dépositions de transfuges, d’informateurs et d’agents doubles recrutés par les Américains depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour ce faire, ils s’installent dans le bureau 4832 avec leur superviseur. Le superviseur en question est un ancien policier de Chicago de quarante-quatre ans. Grand, costaud, très religieux, toujours vêtu comme les agents l’étaient du temps de J. Edgar Hoover, il a été affublé des sobriquets de « Docteur Tristesse » ou de « Docteur Mort » par ses collègues. « Il y avait en lui quelque chose de physiquement malsain, se souvient son ancien supérieur, Tom Burns ; c’était quelqu’un de distant, qui n’aimait pas se lier. » Il n’aurait sans doute pas remporté le concours de popularité parmi les Agents spéciaux, s’il y en avait eu un, mais tous le respectaient pour son intelligence et son savoir-faire – magique, disaient certains – avec les ordinateurs. Si quelqu’un est capable de débusquer la taupe, c’est lui, estiment les responsables du contre-espionnage qui lui ont confié cette mission.
Sans le savoir, ils ont tapé dans le mille. Le superviseur connaît le nom du traître qui vend les secrets du FBI au KGB depuis des années. C’est lui-même : Robert Hanssen !
Deux ans après être sorti de Quantico en 1976, Robert Hanssen débarque au bureau de New York. Après un bref passage à la division « Criminalité organisée », il est muté au contre-espionnage. Nous sommes alors en mars 1979. Après s’être familiarisé avec la structure de l’espionnage soviétique aux États-Unis, il contacte le représentant du GRU, le service de renseignement de l’Armée rouge, en lui rendant visite au siège de l’Amtrog, l’agence commerciale soviétique.
Au début, Robert Hanssen trahit pour l’argent. Les agents de New York sont les plus mal lotis du Bureau. La ville est trop chère pour leurs maigres émoluments. Rares sont ceux qui peuvent se permettre de vivre dans Manhattan. Hanssen et sa famille n’en sont pas. Ils doivent se contenter d’une modeste demeure dans le Queen’s. Chaque jour, Robert Hanssen met des heures à se rendre à son travail et à en revenir.
Dès son arrivée à la section Contre-espionnage du FBI, Hanssen apprend l’existence de Dimitri Fédérovitch Poliakov, alias « Tophat », officier du GRU en poste auprès des Nations Unies, recruté par le FBI à New York en 1961. Le FBI a un petit faible pour Poliakov : c’est la première taupe jamais recrutée par le Bureau, et il a fallu trois mois d’un long et pénible travail d’approche à John Mabey, Agent spécial chargé du contre-espionnage à New York, pour parvenir à la retourner. Au sein du Bureau, on se souvient avec émotion que « Tophat » a cédé devant la tombe du président Grant, haut lieu de l’histoire américaine. Le Bureau a tenté de garder autant que possible le contrôle de sa taupe. Un agent du FBI l’a suivi jusqu’en Birmanie, où il a été muté. Mais, très vite, il a fallu passer la main et Poliakov a travaillé pour la CIA.
Nommé attaché militaire soviétique en Inde au début des années 1970, Poliakov fournit de précieuses informations sur l’aide dont bénéficie le Vietnam du Nord. Quand il est rappelé à Moscou, la CIA lui fournit les gadgets réservés aux meilleures de ses taupes : un réveille-matin spécialement équipé pour lui signaler les demandes de rendez-vous, un émetteur radio miniature ultra-rapide pour envoyer des messages lorsqu’il passe devant l’ambassade américaine à Moscou. « Tophat » retourne à New Delhi en 1979 ; il a alors rang de lieutenant-général. Un an plus tard, il prend sa retraite à Moscou et pense pouvoir couler des jours heureux en Union soviétique, entouré de ses enfants et de ses petits-enfants. C’est compter sans Robert
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