FBI

Elle ajoute que John Walker, qui dirige aujourd’hui une agence de détectives privés, était un des spécialistes des communications de l’US Navy, c’est-à-dire exactement le genre de personne que recherchent les Soviétiques. Wolfinger appelle un de ses amis de la division n˚ 5 du FBI, qui lui donne l’autorisation de poursuivre.
    Le 7 mars 1985, des agents du FBI interrogent Laura Walker, la fille de John, à Buffalo où elle réside. Laura raconte aux agents du FBI comment, à plusieurs reprises, son père lui a proposé de fortes sommes d’argent en échange de secrets militaires. Elle soupçonne fortement son père de l’avoir incitée à avorter afin de ne pas compromettre ses chances de promotion au sein de l’US Army et de devenir ainsi une taupe d’importance.
    Pourquoi John Walker a-t-il trahi son pays ? À l’époque, ses supérieurs le tiennent en haute estime. Ils louent sa loyauté, son grand sens de l’honneur et sa parfaite intégrité. Par la suite, on parlera de crise existentielle. Malheureux en mariage, il s’ennuyait à Northfolk dans son emploi d’officier de communication du commandement des forces sous-marines dans l’Atlantique (Comsublant). Alors, par une froide journée de janvier 1968, il s’est rendu à l’ambassade soviétique à Washington afin de proposer ses services.
    Pendant six ans, John Walker a remis au KGB tous les documents secrets qui lui passaient entre les mains. Sillonnant les océans à bord de navires de l’US Navy, il a effectué ses livraisons à l’occasion d’escales dans divers grands ports de la planète. Il savait que l’heure était proche où il ne serait plus bon pour le service actif. De crainte d’être démasqué lors d’une enquête de routine, il a présenté sa démission après s’être assuré que la relève était prête en la personne de son meilleur ami et subordonné, Jerry Withworth, qu’il a recruté.
    Spécialiste des communications par satellite, Jerry Withworth est basé dans une station d’écoute et de surveillance de la marine à Diego Garcia, dans l’océan Indien. Il a accès à tous les codes de la marine américaine. En 1976, il est muté à bord de l’ USS Constellation en tant qu’officier responsable du chiffre. John Walker a également recruté son frère aîné, Arthur Walker, qu’il a fait embaucher dans une société industrielle de Northfolk travaillant pour la marine américaine (VSE Corp).
    L’épouse de John Walker, Barbara, se doute que son mari est un traître après avoir découvert au domicile conjugal un appareil photo Minox et des documents marqués « top secret ». Ses doutes se transforment en certitude quand il l’entraîne dans d’étranges promenades dominicales non loin de Washington, au cours desquelles il abandonne en chemin des cartons bourrés de papiers. Après s’être tue pendant plus de dix-sept ans, elle se réveille en apprenant que son mari a essayé de recruter sa fille en 1984. Elle décide de dénoncer John Walker afin de l’empêcher de recruter leur fils cadet, Michael, qui vient de rallier le porte-avions USS Nimitz en tant que matelot. Elle ne se doute pas qu’il est trop tard quand elle dénonce le père de ses enfants au FBI.
    Opération « Windflyer »
     
    Le Bureau commence à surveiller John Walker, courant mars 1985. Walker est alors détective privé et travaille à Northfolk. Il est réputé pour son sérieux et la police locale le tient en estime. Une télévision privée a même rendu hommage à ses efforts pour retrouver des enfants portés disparus. Travaille-t-il encore pour le KGB ? Pour le savoir, à la requête du FBI, Laura Walker téléphone à son père afin de lui demander conseil : elle dit avoir reçu différentes propositions de travail émanant de la CIA et d’entreprises travaillant pour la Défense nationale. Qu’en pense-t-il ? La réaction de John dépasse largement celle d’un père s’intéressant à l’avenir de sa fille. À son ton et à ses propos, les agents sont convaincus que Walker est toujours opérationnel.
    Comme il est tenu de le faire dans les affaires visant des citoyens américains accusés d’espionnage, le Bureau s’adresse à un tribunal pour obtenir l’autorisation d’écouter et surveiller John Walker. L’opération « Windflyer » (« Cerf-volant ») commence. Walker est placé sous étroite surveillance. Le Bureau épie le moindre de ses mouvements pendant des mois, en attendant de