FBI

cheik aveugle Omar Abdel Rahman. À Denver et à Boston, les Agents spéciaux surveillent des hommes soupçonnés de financer des réseaux terroristes, de fabriquer de faux papiers et d’envoyer des combattants à l’étranger. À Chicago, le FBI enquête sur Mohammed Salah, accusé de blanchir l’argent du Hamas. Les agents de New York ont dans leur collimateur des suspects impliqués dans les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998. Mais, en avril 2001, un juge de la cour spéciale chargée de statuer sur les affaires d’espionnage, de contre-espionnage et de contre-terrorisme (FISA) décide que leur enquête est entachée d’irrégularités. Prudent, le FBI gèle toutes les enquêtes sur les réseaux d’Al Qaida. Elles reprennent au printemps 2001, quand le FBI obtient le feu vert de la « cour FISA ».
    À Phoenix, l’enquête de Ken Williams sur Zakarias Soubra repart au début de juillet 2001. En s’intéressant de près à un proche de Soubra, Williams commence à réaliser que le danger vient des airs. L’homme est en contact avec Abou Zoubaydah, responsable des camps d’entraînement d’Al Qaida en Afghanistan. Celui-ci se réclame de groupes qui ont lancé « une fatwa pour la guerre sainte en désignant les aéroports comme objectifs prioritaires ». Un de ses hommes s’est fait repéré à Phoenix avant son arrivée aux États-Unis, il ne s’est jamais intéressé à l’aviation. Du jour au lendemain, il débarque à Phoenix et s’inscrit dans une école de pilotage pour suivre des cours qu’il a payés cher, bien trop cher pour quelqu’un qui vient d’un pays pauvre et n’a ni ressources connues ni fortune. Or, Zakarias Soubra fréquente lui aussi une école de pilotage de Phoenix. C’est même la raison officielle de son séjour aux États-Unis. « Soubra est arrivé en Arizona, en provenance de Londres, le 27 août 1999, muni d’un visa d’étudiant F-1, pour suivre des cours à l’université Emery Riddle (ERU), à Prescott, en Arizona », note l’agent du FBI. « ERU » est spécialisée dans l’aviation ; Soubra y est inscrit pour suivre des cours d’ingénierie aéronautique avec, pour spécialité, la sécurité internationale relative à l’aviation.
    Ken Williams ne croit pas aux coïncidences ; c’est pourquoi, le 10 juillet 2001, l’Agent spécial envoie au quartier général du FBI un rapport d’une dizaine de pages pour demander l’ouverture d’une enquête au niveau national sur la présence dans les écoles d’aviation d’étudiants originaires du Moyen-Orient. Il prévient Washington de la probabilité qu’Oussama Ben Laden expédie des hommes dans les écoles de pilotage américaines en vue de détourner des avions. Les dirigeants de la Radical Fundamentalist Unit (RFU) du FBI, à qui le rapport est destiné, ne lui accordent pas toute l’attention nécessaire.
    Faute de moyens, Ken Williams a fait l’impasse sur les autres écoles de pilotage de l’Arizona. Il passe à côté d’un des pirates de l’air du 11 Septembre, Hani Hanjour, qui n’est pourtant pas éloigné de lui : il vit à Phoenix depuis 1991. En janvier 2001, il s’inscrit dans une école de pilotage de la ville, JetTech. Il possède déjà une licence de vol acquise dans une autre école. Il souhaite se perfectionner, mais il se montre si maladroit que les responsables de JetTech ne comprennent pas comment il a pu obtenir une licence de pilote commercial. Ils sont aussi effarés par son anglais, qu’ils qualifient de catastrophique. Hani Hanjour suit des cours à l’université d’Arizona, mais la moyenne de ses notes frôle le zéro. La direction de JetTech alerte les autorités de l’aviation civile (la FAA, Federation Aviation Authority), qui se contentent de vérifier la validité de sa licence. Un responsable de la FAA suggère d’employer les services d’un traducteur, ce qui est contraire au règlement. En février 2001, Hanjour s’inscrit pour suivre un entraînement avancé sur simulateur de vol. JetTech alerte à nouveau la FAA, toujours sans succès. En tout, l’école fait part cinq fois aux autorités de l’aviation civile de ses doutes quant aux compétences de Hanjour. Chaque fois, la FAA réagit avec la même indifférence. En revanche, personne ne songe à prévenir le FBI. Hani Hanjour rejoint donc sans problèmes, sur la côte Est des États-Unis, le commando qui va, le 11 septembre 2001,