FBI
l’aéroport de Phoenix. Il ne dispose pas des moyens pour enquêter comme il le devrait. Sa principale source d’information, Harry Ellen, s’est tarie depuis qu’il s’est disputé avec lui. Pour des raisons bureaucratiques, il lui est en outre difficile d’accéder à la base de données antiterroriste du quartier général du FBI, à Washington.
Un an plus tard, le quartier général du FBI envoie aux responsables du contre-terrorisme de vingt-quatre grandes villes américaines, dont Phoenix, un rapport sur la présence de terroristes islamistes dans les écoles de pilotage américaines. Ce rapport ne précise pas les raisons de ce brusque regain d’intérêt pour le pilotage, mais il indique qu’il s’inscrit dans un plan « important », largement financé. La section Contre-terrorisme du FBI recommande aux vingt-quatre bureaux de prêter une attention toute particulière à la présence de militants islamistes dans les écoles de pilotage de leur ressort. Aucun des vingt-quatre bureaux alertés ne prend cependant la mesure du danger. Pourtant, d’après un analyste du FBI, chaque année, pas moins de 600 ressortissants de pays arabes prennent des cours dans des écoles de pilotage aux États-Unis ! À l’époque, au sein du Bureau, les terroristes islamistes n’intéressent que les agents du Contre-terrorisme et ceux de l’équipe I-49 du bureau de New York.
Par la suite, Ken Williams ne se souviendra pas d’avoir lu le rapport en question, pourtant adressé à sa section du bureau de Phoenix. Mais il commence à réaliser que la présence de militants islamistes dans des cours d’aviation civile n’est pas le fruit du hasard. Il ouvre les yeux, en avril 2000, lors d’une enquête sur Zakarias Soubra, jeune Libanais soupçonné d’être proche de combattants tchétchènes affiliés à Al Qaida, dénoncé par un informateur du FBI. L’Agent spécial s’aperçoit que Soubra roule à bord d’une voiture immatriculée au nom d’un ressortissant saoudien interpellé avec un autre homme après avoir tenté par deux fois de pénétrer dans le cockpit d’un avion de ligne reliant Phoenix à Washington. Les deux Saoudiens, qui prétendaient avoir confondu le cockpit avec les toilettes ( sic !), se rendaient à une réception organisée par l’ambassade d’Arabie Saoudite, qui avait payé leurs billets. De crainte d’un incident diplomatique, le Bureau avait renoncé à les poursuivre.
L’enquête de Ken Williams sur Zakarias Soubra est brutalement suspendue pour des motifs internes au FBI. Elle reprend en décembre 2000, pour s’arrêter une nouvelle fois quand le SAC de Phoenix affecte tous les agents du Contre-terrorisme en renfort sur une vaste enquête relative à une série d’incendies criminels. Williams proteste. Il ne comprend pas pourquoi le SAC détourne de leur mission première les meilleurs de ses agents de la section Contre-terrorisme du bureau de Phoenix. Il ne reprend son enquête qu’en juin 2001, une fois bouclée l’enquête sur les incendies criminels.
Le FBI interroge Zakarias Soubra à quatre reprises à son domicile. Les Agents spéciaux remarquent sur les murs des photos d’Oussama Ben Laden et de moudjahiddin tchétchènes. Loin d’être intimidé par les agents du FBI, Soubra leur déclare que le gouvernement américain et les forces militaires américaines sont des « objectifs légitimes de l’Islam ». Il ajoute que les attaques contre les ambassades américaines en Afrique sont elles aussi justifiées. Même son de cloche du côté des relations de Soubra aux États-Unis : « Ce sont des musulmans sunnites qui partagent les idées fondamentalistes radicales de Soubra. Ils viennent du Kenya, du Pakistan, des Émirats arabes unis, d’Inde, d’Arabie Saoudite et de Jordanie », note l’Agent spécial. Ceux qu’il interroge ne cachent pas leur haine des États-Unis. Le premier a accroché un portrait de Ben Laden au mur de sa chambre à coucher. Certains revendiquent leur appartenance à la mouvance d’Al Qaida. Convaincu d’avoir déniché un réseau de soutien aux terroristes islamistes, Ken Williams sollicite du renfort. Mais son SAC n’est toujours pas convaincu. Le salut ne viendra pas non plus de Washington.
Au début de l’année 2000, d’un bout à l’autre des États-Unis, divers bureaux travaillent sur les réseaux d’Al Qaida. En Floride, c’est depuis 1993 que les agents du FBI enquêtent sur des proches du
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