FBI

de ses études de droit, son diplôme en poche, Michael German a été accepté par le Bureau.
    « Tu ne peux pas aller au FBI ! lui objecte alors sa mère.
    – Tu sais bien que j’en ai toujours rêvé depuis ma plus tendre enfance…
    – Je pensais que, devenant grand, tu ouvrirais les yeux et que, à la sortie de la fac de droit, tu serais assez intelligent pour aller là où on fait de l’argent ! »
    À Quantico, Michael German a suivi des cours dans treizes  classes différentes pour se préparer à la suite des événements. Au Bureau, on a l’habitude de dire que les cinq premières années de la carrière d’un agent sont celles de l’apprentissage. Mais rien ne pouvait le préparer à ce qu’il allait trouver à la résidence du FBI de Santa Elena, puis au bureau de Los Angeles. En guise de bienvenue, son SAC lui dit : « Ici, c’est comme dans un train lancé à grande vitesse. On attend de toi que tu grimpes en marche. Personne ne va t’aider. Tu dois t’accrocher, jusqu’à ce que tu comprennes ce qu’on attend de toi. » Heureusement pour lui, il trouve de solides mentors parmi les agents de Santa Elena et de Los Angeles. Mais le Bureau le destine à une tâche ardue, solitaire, une des missions les plus difficiles. En raison de ses yeux bleus, de ses cheveux blonds et de son air d’enfant sage, German a été chargé d’infiltrer les groupes néonazis de la côte Ouest des États-Unis.
    Michael German n’a aucune idée de la manière dont il doit s’y prendre pour se faire passer pour un néonazi. Il demande conseil à ses aînés, qui lui disent : « Suis ton intuition. » Il demande à parler au spécialiste du FBI, mais on lui répond : « Le spécialiste, c’est toi ! Tu es le premier à travailler sur ces groupes ; on n’a encore jamais fait un truc comme ça. » German sait que le Bureau a déjà infiltré de telles organisations par le passé. Mais la mémoire des opérations précédentes semble s’être effacée, et personne ne suit plus ce genre d’affaires au Quartier général. Pourtant, en ce début de 1992, dans une Amérique où fleurissent sectes, milices et groupuscules aryens, la menace est bien réelle.
    Pour sa première affaire d’infiltration, Michael German tire le gros lot. Le FBI manipule un informateur à l’intérieur d’un groupe « suprémaciste » blanc qui rêve de faire exploser la poudrière de races qu’est Los Angeles. L’informateur affirme que les principales organisations nazies et racistes (Fourth Reich Skinheads, World Church of the Creator et White Aryan Resistance) ont conclu une alliance et sont en train de stocker explosifs et armes automatiques en vue d’attaquer des synagogues et d’assassiner d’éminentes personnalités de la communauté noire, comme Rodney King, martyr de la cause noire depuis la diffusion de son passage à tabac par la police de L.A., Louis Farrakhan, leader de l’organisation « Nation of Islam », et les rappeurs Public Enemy et Eazy-E. Les terroristes ont prévu de faire exploser des bombes dans l’église de la First African Methodist Episcopal de Los Angeles, et d’assassiner simultanément le plus possible des 5 000 membres de la congrégation. But de l’opération : déclencher des émeutes raciales sans commune mesure avec les précédentes.
    « Dans le monde des infiltrés, il y a deux types d’erreurs, explique Michael German : celles qui font qu’on vous tue, et les autres. » German a eu la chance de ne pas commettre d’erreur mortelle. Parfois, la frontière est ténue. Les skinheads du Quatrième Reich sont convaincus que, à l’instar de nombre d’entre eux, German est un passionné de bateau. Il n’a rien fait pour les détromper. Il mesure son erreur quand les skinheads lui demandent de manœuvrer un bateau bourré de pièces détachées de mitrailleuses lourdes dans la marina Del Rey. German, qui n’a jamais piloté une embarcation, exécute la manœuvre, heureusement loin du regard des skinheads, trop occupés à comploter pour relever ses hésitations.
    Quand, deux ans plus tard, les skinheads et autres terroristes nazis de Los Angeles finissent sous les verrous, Michael German est muté afin de s’occuper des affaires courantes d’un des bureaux de la côte Ouest. Il est convaincu que sa carrière d’infiltré est terminée. Il reprend néanmoins du service, quelque temps plus tard, après l’attentat perpétré contre l’immeuble fédéral