FBI
1943 pour décrypter les messages diplomatiques soviétiques interceptés par les militaires américains. Au mois d’octobre 1943, un officier participant à « Venona », archéologue de son métier, découvre une première faille : en raison de l’importance du trafic, les Soviétiques réutilisent des codes censés ne servir qu’une fois. Ce n’est qu’un début : progressivement, le système soviétique de cryptage livre ses secrets. À l’été 1946, les casseurs de codes de « Venona » décryptent des bribes de message. Le 20 décembre de la même année, ils traduisent un message envoyé au centre de Moscou deux ans auparavant : c’est la liste complète des savants qui travaillent au projet « Manhattan », dont l’objet est la mise au point de la bombe atomique américaine. Un autre message parle d’une taupe baptisée « Antenna », puis renommée « Liberal », qui est une des sources des Soviétiques sur le projet « Manhattan ».
En 1946, Meredith Gardner, un des meilleurs casseurs de codes de l’armée, est affecté au projet « Venona ». Il lit l’allemand, le sanskrit, l’espagnol, le lituanien et le français. Après Pearl Harbor, l’armée le recrute pour casser les codes allemands et japonais. Il en profite pour apprendre cette dernière langue. Quand il intègre « Venona », Meredith Gardner sort d’un stage intensif de russe. Dès son arrivée, il travaille sur les deux livres de codes ; en moins de six mois, il décrypte les premiers messages.
Peu après, Meredith Gardner voit débarquer dans son bureau un homme costaud, à la figure poupine ornée de lunettes rondes, toujours surmontée d’un Fedora, le traditionnel chapeau des agents du FBI. Robert J. Lamphere est une sorte de bulldozer que rien n’arrête, mû par une force de travail qui n’a d’égale que son incroyable envie d’en découdre. Il a rejoint le FBI pour être parmi les meilleurs. Trois petits tours en Alabama, et le voici à New York. Le travail ne lui fait pas peur : il a 405 arrestations à son actif en trois ans. Après un passage à la section soviétique du bureau de New York, il a été nommé au « Siège du Gouvernement », à la section contre-espionnage. Au fond d’un des coffres-forts du Bureau, il a trouvé le texte de messages codés envoyés par le consulat soviétique à New York au quartier général du KGB à Moscou, et diverses tentatives maladroites pour les décoder effectuées par l’ASA. Pour en savoir plus, Robert Lamphere a demandé à parler à un casseur de codes, et l’armée l’a envoyé voir Meredith Gardner.
Les deux hommes s’entendent bien. À compter de ce jour, Robert Lamphere se rend tous les quinze jours au bâtiment de brique rouge occupé par l’ASA, une ancienne école de jeunes filles à Arlington Hall, de l’autre côté du Potomac, en Virginie. Mis en confiance, Meredith Gardner lui explique son travail. Il le compare à celui d’un archéologue. Gardner travaille sur d’anciens textes. Il demande à Lamphere s’il peut lui procurer des messages envoyés à Moscou depuis 1944. L’agent du FBI s’adresse à ses collègues du bureau de New York et reçoit par retour des centaines de documents en russe interceptés par le FBI en usant de méthodes plus ou moins orthodoxes. Sceptique, il les transmet au casseur de codes. Quinze jours plus tard, Lamphere rencontre un Gardner surexcité qui est parvenu à décrypter les messages : « C’est du matériel de premier ordre ! »
« J’étais entré par effraction dans le vestibule de la maison de l’ennemi, écrit Robert Lamphere dans ses mémoires. J’avais entre les mains un trousseau de clefs qui, chacune, ouvrait une porte dont j’espérais qu’elle donnerait sur des affaires importantes pour notre pays. Je n’avais aucune idée de l’endroit où allaient nous mener les couloirs du KGB à la fin de notre quête. Mais nous avions les clefs, et j’étais bien décidé à m’en servir7. »
Fin 1948, Meredith Gardner décrypte des messages qui parlent d’une taupe du KGB nichée dans les bureaux new-yorkais du Département de la Justice. C’est une jeune femme qui a été mutée à Washington en 1944. En une demi-heure, le superviseur de Robert Lamphere identifie la jeune femme. Elle s’appelle Judith Coplon et est employée par la section chargée de surveiller les agents étrangers, l’ancien fief de J. Edgar Hoover. Elle a accès à des documents
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