FBI
aperçue de la filature. Il est en contact radio permanent avec l’agent new-yorkais Al Belmont, qui le tient informé de l’évolution de la situation.
Judith Coplon descend à la station de la 42 e Rue pour prendre un bus. L’agent du FBI qui la suit voit Goubitchev la rejoindre juste avant le départ du bus. Il se précipite pour téléphoner à ses collègues. Dans les minutes qui suivent, tout ce que le FBI de New York compte d’agents et de secrétaires disponibles converge vers les différents arrêts de la ligne de bus. Un agent arrive au moment précis où le couple descend à l’arrêt de la 14 e Rue pour prendre le métro. Il les suit jusque dans la rame où ils sont montés. En raison de l’heure tardive, le wagon est désert ; l’agent descend au bout de quelques stations et court téléphoner au central du FBI. La traque reprend. Des agents du FBI sont là quand le couple émerge d’une bouche de métro, aux environs de la 3 e Avenue. Cette fois, ils interviennent et arrêtent les deux espions. Dans le sac de la jeune femme, les agents du FBI saisissent des documents confidentiels, dont le second faux rédigé par Lamphere. Nous sommes le 4 mars 1949, il est près de 23 heures. Le projet « Venona » vient de connaître sa première arrestation.
Poursuivie pour espionnage et conspiration, Judith Coplon a été condamnée par deux tribunaux, en 1949 et 1951. Un an plus tard, les deux condamnations seront cassées en appel. Le premier jugement sera annulé parce que la jeune femme a été arrêtée sans mandat ; le second, parce que le FBI n’a pas été capable de produire ses preuves. Pis : le FBI est contraint de reconnaître avoir recouru à des pratiques illégales pour surveiller Judith Coplon (écoutes sauvages, micros non autorisés, cambriolages). En outre, des documents confidentiels du Bureau sont pour la première fois lus devant un tribunal. Après le procès Coplon, le FBI modifiera radicalement ses procédures. Il instaurera un nouveau système d’archivage afin de dissimuler l’emploi de techniques d’enquête illégales. Dorénavant, les dossiers concernant les écoutes sauvages ne seront plus versés dans les archives générales. C’est le début d’une série de bouleversements qui vont amener le FBI à élever un mur entre les affaires criminelles de droit commun et celles ayant trait à l’espionnage ou au contre-espionnage…
L’affaire Rosenberg
Le 21 août 1949, l’armée américaine détecte une activité sismique anormale sur le territoire soviétique. Des relevés effectués en Alaska par le 357 e détachement météo de reconnaissance du haut commandement américain de l’air confirment que les Soviétiques viennent de faire exploser leur première bombe atomique. À l’époque, Robert Lamphere se débat dans les méandres des procès Judith Coplon. Vers la mi-septembre, les casseurs de codes de « Venona » lui remettent un message du KGB datant de 1944, qu’ils viennent tout juste de décrypter. Il y est précisé que la source de l’information fait partie de la délégation britannique présente à Los Alamos, lieu de fabrication de la bombe américaine. Lamphere demande aux autorités nucléaires américaines copie du rapport. Il porte la signature d’un savant britannique travaillant à Los Alamos, Klaus Fuchs. L’agent du FBI tient son homme. Les archives parlent : un document de la Gestapo saisi par les Britanniques à la fin de la guerre affirme que Fuchs était un agent communiste bien avant son départ d’Allemagne pour la Grande-Bretagne. Le nom de Fuchs figure également dans un carnet d’adresses saisi par les Canadiens après la défection du transfuge Igor Gouzenko.
Interrogé en décembre 1949 par un agent du contre-espionnage britannique (MI-5), Fuchs passe aux aveux. Il reconnaît avoir livré aux Soviétiques les informations nécessaires à la fabrication de leur bombe. Son contact était un chimiste, un mystérieux Raymond.
En relisant les confessions d’Elizabeth Bentley, Robert Lamphere s’arrête sur le nom d’un chimiste nommé Harry Gold, un des contacts de Jacob Golos, l’agent du NKVD, amant de la jeune femme.
Mai 1950 : Robert Lamphere montre à Klaus Fuchs diverses photos prises par les services de surveillance. Le savant ne peut exclure qu’il s’agisse de Raymond. Pendant ce temps, à Philadelphie, des agents du FBI interrogent Harry Gold, qui reconnaît être Raymond. Gold parle
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