FBI
confidentiels du FBI.
La surveillance de Judith Coplon commence dans une Amérique en pleine ébullition. Harry Truman vient d’être élu pour un second mandat. Les retombées des dépositions d’Elizabeth Bentley et de Whittaker Chambers devant la Commission des activités antiaméricaines (HUAC) se font toujours sentir. Alger Hiss attend de comparaître devant la justice, et un autre responsable du Département d’État, Larry Duggan, lui aussi accusé d’être un espion soviétique, meurt défenestré. Il se serait suicidé en se jetant de la fenêtre de sa chambre d’hôtel, dix jours après avoir été interrogé par le FBI. Peu après, une autre personnalité dénoncée par Chambers et Bentley décède d’une crise cardiaque : il s’agit de Harry Dexter White, haut fonctionnaire du Trésor, cheville ouvrière des accords de Bretton Woods, cofondateur de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Dans le pays, l’émoi est profond. Un des plus grands journalistes américains, Ed Murrow, dénonce les pratiques du FBI.
Les agents du FBI passent au crible la vie de Judith Coplon, ses conversations les plus secrètes sont écoutées, le moindre de ses gestes épié. Ils n’ignorent rien de ses aventures amoureuses ou de ses escapades new-yorkaises. Le 4 janvier 1949, ceux de New York la suivent jusque dans le quartier de Washington Heigh, où elle rencontre son contact. Il s’appelle Valentin Goubitchev, c’est un Soviétique qui travaille au Secrétariat des Nations Unies. Les agents du FBI assistent de loin à la rencontre. Il y en aura d’autres. Judith Coplon et Valentin Goubitchev sont sur leurs gardes. Ils discutent, mais il n’y a pas de remise de documents.
Afin de précipiter les événements, Robert Lamphere tend un piège. Il rédige un faux mémo sur l’espionnage soviétique aux États-Unis, le fait signer par J. Edgar Hoover, et s’arrange pour que Judith Coplon y ait accès. Le 18 février 1949, des agents du FBI assistent de loin à la rencontre entre Judith Coplon et Valentin Goubitchev, mais ils ne la voient toujours pas remettre de document. Ils n’interviennent pas.
Robert Lamphere réalise que Judith Coplon est en train de lui échapper. Sans doute a-t-elle compris que le FBI est à ses trousses. L’agent du FBI lui tend alors un nouveau piège. Afin de provoquer une ultime rencontre, il rédige un nouveau faux rapport de Hoover dans lequel il glisse une information cruciale pour le KGB : l’identité de la taupe du FBI au sein des réseaux d’espions soviétiques aux États-Unis. Il s’agit de l’avocat américain d’une des firmes paravents du KGB aux États-Unis, l’Amtrog Trading Corporation. Le piège est à double détente : l’avocat n’est pas un informateur du FBI ; il est dans le collimateur du Bureau, qui voit en lui un fidèle compagnon de route des Soviétiques. En le dénonçant, Lamphere sème le doute et la confusion à l’intérieur des réseaux soviétiques, et force Judith Coplon à rencontrer son agent traitant.
La jeune femme tombe dans le piège et se précipite à New York pour informer son contact soviétique. Des dizaines d’agents et de secrétaires du bureau de New York sont mobilisés. À son arrivée en gare de Pennsylvania, Judith Coplon est filée par deux agents et une secrétaire (à l’époque, il n’y avait pas de femme agent au FBI). Elle descend à la station de la 190 e Rue. Elle a l’air perdue : sur le quai, elle demande son chemin à l’une des secrétaires du FBI, qui la suit.
L’équipe chargée de surveiller Valentin Goubitchev abandonne rapidement la filature, de crainte d’être repérée. Judith Coplon arrive sur le lieu de son rendez-vous aux environs de 19 heures. L’attente prend fin une heure plus tard, quand Goubitchev la rejoint. Les agents du FBI n’ont pas le temps d’intervenir. La rencontre est trop furtive : Judith Coplon et Valentin Goubitchev se croisent, échangent quelques mots au passage, puis repartent chacun de leur côté.
Une équipe d’agents du FBI suit Goubitchev. L’agent du KGB est sur ses gardes et les sème sans difficulté. L’équipe chargée de Judith Coplon a elle aussi du mal à garder le contact, mais un agent parvient à se retrouver dans la même rame de métro qu’elle. Les autres agents ont perdu le contact. Robert Lamphere, qui suit l’opération depuis Washington, croise les doigts en espérant que Judith Coplon ne s’est pas
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