FBI
qu’il s’agit bien de résumés de dossiers confidentiels du Département d’État, et que les documents manuscrits sont bel et bien de son écriture. Il admet avoir eu une machine à écrire, mais dit l’avoir revendue à un marchand de Virginie.
Dès le lendemain, des dizaines d’agents écument tous les revendeurs de machines à écrire de la région. Sans résultat. Les agents fouillent clandestinement la demeure de Hiss, à la recherche de la fameuse machine à écrire. Ils ne la trouvent pas, mais s’emparent de feuillets tapés sur une machine à écrire dont le laboratoire du FBI dira qu’elle a produit les documents de Chambers.
Un jeune élu de Californie nommé Richard Nixon, membre de l’HUAC, s’est emparé de l’affaire. Il ne ménage ni son temps ni ses efforts pour démasquer Alger Hiss. Le FBI lui fournit toute l’aide possible : « Si Nixon nous avait demandé de faire des faux, commente William Sullivan, l’un des responsables du Bureau d’alors, Hoover se serait exécuté avec plaisir ! » J. Edgar Hoover apprécie Richard Nixon et une longue amitié se noue entre eux. Au début de décembre 1948, Nixon provoque un coup de théâtre en exhibant en public des microfilms de documents secrets du Département d’État que Whittaker Chambers cachait dans une citrouille !
Le 15 décembre, un grand jury renvoie Alger Hiss devant la justice. Le Département de la Justice a renoncé à le poursuivre pour des faits d’espionnage prescrits. L’ancien diplomate doit néanmoins répondre de deux accusations de parjure. Le FBI est chargé d’étayer le dossier de l’accusation. Tous les agents du bureau de New York sont sur le pont, Jack Danahy en tête : « Nous avons interrogé Chambers au bureau de New York, chaque jour, six jours par semaine, jusqu’en avril 1949 », explique-t-il. Les agents du FBI reconstituent dans les moindres détails toute la carrière d’agent secret de Chambers, puis son adhésion au Parti communiste jusqu’à son intégration dans une cellule d’espionnage basée à Washington et dirigée par le colonel soviétique Boris Bykov. Des centaines d’agents du FBI ont été mobilisés dans tous les États-Unis pour vérifier les dires de Chambers et retrouver les témoins.
Le premier procès contre Alger Hiss s’ouvre le 31 mai 1949. Parmi les pièces à conviction trône une vieille machine Woodstock retrouvée peu auparavant et qui aurait pu être celle de Hiss. Le doute subsistera toujours sur l’authenticité de ladite machine. L’accusation ne s’en servira pas, préférant invoquer l’authentification des 69 documents exhumés par Whittaker Chambers.
Le 10 juillet 1949, le procès est renvoyé, le jury n’arrivant pas à se prononcer. Un second procès s’ouvre le 17 novembre. Cette fois, le FBI ne veut courir aucun risque. Les agents fédéraux ont enquêté sur chacun des jurés, passant leur vie au crible, à la recherche de la moindre faille. Ils n’ont rien trouvé. Mieux : ils ont constaté avec satisfaction que deux d’entre eux ont des proches travaillant pour le FBI.
Le 25 janvier 1950, Alger Hiss est condamné à cinq ans de prison pour parjure.
Opération « Venona »
En 1944, un livre de code soviétique est récupéré sur un champ de bataille en Finlande. Au mois de novembre, après de longues négociations, l’OSS achète le précieux ouvrage pour la somme conséquente de 10 000 dollars. Apprenant la transaction, le secrétaire d’État américain Edward Settimius réagit en diplomate timoré. De crainte que les États-Unis ne soient accusés d’espionner un allié, il obtient du président Roosevelt la restitution du document aux Soviétiques. Avant de s’exécuter, le directeur de l’OSS, William Donovan, prend soin de faire des copies du document, qu’il remet à l’army Security Agency (ASA), le service de l’armée chargé du décryptage des messages.
À l’été 1945, l’armée américaine s’empare subrepticement d’un second livre de code soviétique dans la zone soviétique de l’Allemagne défaite et occupée. Partiellement brûlé, le livre a été récupéré en 1941 par les troupes finlandaises après l’occupation du consulat soviétique de Petsamo, avant de finir entre les mains des Allemands.
Les deux ouvrages finissent entre les mains des analystes du projet « Venona », une des opérations les plus secrètes de l’armée américaine, lancée le 1 er février
Weitere Kostenlose Bücher