FBI
d’un autre réseau soviétique présent à Los Alamos. Il révèle avoir rencontré l’un de ses membres à Albuquerque. Se fondant sur les messages décodés, Lamphere identifie l’autre taupe : il s’agit de David Greenglass qui, à son tour, dénonce le chef du réseau, son beau-frère, Julius Rosenberg, époux d’Ethel. Dans un premier temps, David Greenglass affirme avoir remis au seul Julius Rosenberg des documents concernant des recherches sur l’atome.
Dès lors, pour Lamphere, tout s’éclaire : les documents décryptés par les casseurs de codes du projet « Venona » et par Elizabeth Bentley parlent d’un mystérieux « Julius ». Lamphere est convaincu d’être tombé sur la cellule de savants chapeautée par Jacob Golos, qu’Elizabeth Bentley a mentionnée lors de ses confessions.
L’agent du FBI fouille dans la vie de Julius Rosenberg, sonde les amitiés de l’ingénieur électricien, et finit par découvrir parmi ses fréquentations cinq ingénieurs et savants déjà soupçonnés par le FBI d’être des agents de Moscou. Deux d’entre eux s’enfuient pour Moscou. Le FBI n’a jamais trouvé de preuves contre les deux suivants. Le dernier, Morton Sobel, s’est réfugié au Mexique ; enlevé par la police secrète, il est roué de coups et expulsé manu militari aux États-Unis, où il est immédiatement arrêté par des agents du FBI. Il arrive à New York juste à temps pour être jugé en compagnie des époux Rosenberg.
J. Edgar Hoover est décidé à faire craquer Julius Rosenberg ; il entend obtenir sa confession. Le jour de l’arrestation de Rosemberg, le directeur du FBI a reçu un mémo d’Al Belmont lui suggérant de « considérer tous les moyens possibles pour faire pression sur Rosenberg », y compris l’inculpation de son épouse. En marge, Hoover a noté : « Oui, bien entendu. » Deux jours plus tard, le directeur du FBI écrit au Procureur général McGrath que des poursuites contre Ethel Rosenberg pourraient servir de « levier » pour faire craquer son époux. En dépit du peu de charges retenues contre elle, Ethel Rosenberg est arrêtée le 11 août 1950. Ses deux fils passeront de parents en parents pour finir dans un foyer pour enfants juifs. Du fond de sa prison, Ethel Rosenberg est terrassée par des migraines ; la nuit, dans son sommeil, elle sanglote. Julius Rosenberg ne cède pas. J. Edgar Hoover non plus.
Le 8 février 1951, soit un mois avant l’ouverture du procès de Julius Rosenberg, le Comité sur l’énergie atomique, qui compte une vingtaine de parlementaires et des représentants du Département de la Justice, se réunit pour discuter de l’affaire. Officiellement, le Comité doit décider des documents qui seront versés au dossier de l’accusation. Afin de faire craquer son mari, le représentant du Procureur général plaide avec force pour une condamnation d’Ethel Rosenberg. Mais le dossier d’Ethel est désespérément vide. Dix jours avant l’ouverture du procès, les agents du FBI entendent à nouveau le frère d’Ethel, David Greenglass. Lors de son premier interrogatoire en date du 17 juillet 1950, celui-ci affirmait avoir remis dans la rue des documents à Julius Rosenberg. Cette fois, il change de version et incrimine sa sœur : il dit avoir procédé à cette remise au domicile des époux Rosenberg ; Ethel était présente et, à la demande de son mari, aurait tapé à la machine le contenu des documents. Dès lors, le destin de la jeune femme est scellé : elle aussi sera jugée.
Le procès des époux Rosenberg débute le 6 mars 1951. Le président du tribunal, le juge Irvin R. Kaufman, est un homme intransigeant, lui aussi résolu à jouer la carte de la peine de mort. Après trois semaines de débats, le 29 mars, le jury reconnaît les époux Rosenberg coupables. Le juge Kaufman les condamne à mort le 5 avril. Dans ses attendus, il affirme qu’en livrant les secrets de la bombe atomique américaine aux Russes, « les époux ont entraîné l’agression communiste contre la Corée, qui a fait plus de 50 000 morts ». Mais il n’y a toujours pas l’ombre d’une preuve que Julius Rosenberg ait livré les secrets de la bombe atomique américaine aux Soviétiques.
J. Edgar Hoover a compris qu’il a perdu. Les époux Rosenberg ne céderont pas. Il tente alors une ultime manœuvre. Le 18 juin 1953, veille de la date prévue pour l’exécution, il envoie six cadres et agents du FBI à la
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