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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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La Havane. L’Union soviétique, toutefois, accepte le débat devant l’opinion mondiale, représentée par l’ONU. Il n’empêche : le climat, partout, est à la peur. Car, le 23 octobre, on apprend que la Chine vient d’attaquer l’Inde sur l’Himalaya. Est-ce bien alors, inévitablement, la guerre mondiale thermonucléaire ? On se le demande très sérieusement à l’Ouest, où l’on a encore mal compris que Pékin et Moscou sont désormais dans deux camps ennemis qui, dans quelques semaines, s’excommunieront.
    Dans la matinée du 24 octobre, des navires soviétiques parviennent au quasi-contact des unités américaines. Ils sont suivis (protégés ?) par des sous-marins à la faucille et au marteau. Est-ce le choc ? Kennedy, on l’apprendra plus tard, n’a pas donné l’ordre formel d’engagement militaire. Pourtant, les navires soviétiques renoncent à se forcer un passage, mettent en panne puis rebroussent chemin. Seul un pétrolier, le
Vinnitza
, est autorisé par la
Navy
américaine à passer, sans doute pour ne pas humilier totalement l’adversaire ; il sera accueilli en triomphe à La Havane. Aucun préparatif n’indique, par ailleurs, que Moscou entende répliquer à Berlin, comme l’hypothèse en a été envisagée. Mais, à Cuba, la mise en place des missiles se poursuit.
    Aux Nations unies, le représentant permanent de Moscou, Valerian Zorine, assure qu’il n’y a « pas de fusées soviétiques à Cuba » ! Adlai Stevenson, l’Américain, produit théâtralement des photos montrant le contraire. Par le biais de son secrétaire, le Birman U Thant, et par l’activité des pays non alignés, l’ONU concocte un compromis. Mais ce texte n’assure pas le retrait rapide des engins et place donc Washington dans l’embarras. Des canaux parallèles sont activés par le Kremlin, tel le philosophe Bertrand Russell. Et la diplomatie bilatérale ne perd pas ses droits. En une lettre secrète, Khrouchtchev finira, le 26,par se rallier à une formule de retrait des fusées contrôlé par l’ONU, contre la promesse américaine de ne plus attaquer l’île. Des tractations fiévreuses se poursuivent, le 27, sur ce thème. Pour lester sa position, Kennedy accentue les gesticulations militaires en face de Cuba. Moscou, cependant, a, en une lettre publique, introduit l’idée d’une symétrie de situation entre ses missiles dans l’île et des fusées Jupiter américaines stationnées notamment en Turquie, qui menacent le Donetz. Les Américains acquiescent, exigeant toutefois que tout cela reste secret.
    Les Cubains, eux, se montrent furieux d’être tenus hors de ce marchandage planétaire. Ils annoncent, le même 27 octobre, leur intention de tirer avec leur DCA sur tout avion américain qui survolerait l’île à basse altitude. Ce ne sont pas eux, pourtant, mais des servants des Sam-II soviétiques, qui abattent, le 27, un U-2 en Oriente. Le major Rudolf Anderson Jr., qui le pilotait (celui même qui, le 14 octobre, avait pris les premières photos des missiles…), sera le seul mort de cette « douzaine de jours la plus longue ». Sans répliquer directement, les États-Unis n’en mettent pas moins toutes leurs forces en alerte dans le monde et activent ostensiblement leurs préparatifs d’invasion de l’île en Floride, à la grande joie des Cubains exilés. Trois cent trente-huit mille hommes sont ainsi placés sur le pied de guerre. Or, le dimanche 28, après une nouvelle lettre de « Monsieur K. », l’accord est acquis. Les fusées seront rapatriées et Cuba ne sera jamais envahie.
    Gabriel Robin, diplomate français, a écrit sur
La Crise de Cuba
en 1962
un livre non conformiste. Il y démontre que Khrouchtchev a, en fait, plus obtenu qu’on ne dit à l’occasion de cette affaire – moins folle, du point de vue soviétique, qu’on ne le croit. L’auteur estime que l’espérance de gain des Soviétiques – Berlin contre Cuba – était telle, dans une optique de « pari pascalien », qu’elle justifiait un grand risque. Robin observe, par ailleurs, que les bénéfices retirés de l’aventure par Moscou ne sont pas négligeables. Le retrait des Jupiter de Turquie, de Grèce et d’Italie – prélude à celui des Thor de Grande-Bretagne – était une garantie, à vue humaine, que de tels engins ne seraient pas installés en Allemagne, ce qui barrait ainsi « la route à un possible réarmement stratégique [nucléaire] de la Bundeswehr », hantisede Khrouchtchev. De

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