Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
Vom Netzwerk:
du chef du Kremlin. « Monsieur K. » mettra le temps, l’énergie et la séduction nécessaires pour aboutir.
    De la terrasse du mausolée de Lénine où Castro a pris place à ses côtés, Khrouchtchev commence par déclarer son « admiration au représentant du premier État socialiste sur lecontinent américain ». Il salue « l’héroïque Cuba » en la personne de cet homme de trente-sept ans. Il baptise la révolution fidéliste « phare de tous les peuples d’Amérique latine ». Et il conclut par un vibrant «
Viva Cuba !
». La réponse de Castro est factuelle : « Sans l’existence de l’Union soviétique, la révolution socialiste aurait été impossible chez nous. » Il énumère les nombreuses manifestations de la générosité soviétique. Mais la petite phrase tant attendue par « K. » sur les fusées ne viendra pas ce jour-là. « Je te remercie Lénine, conclut Castro. Vive l’amitié entre les peuples soviétique et cubain ! Vive l’URSS ! » Interrogé par des journalistes, il se fait doctoral pour expliquer que les « divergences » entre Moscou et Pékin ne sont « pas insolubles ». Cuba serait-elle neutre dans la querelle entre les frères ennemis du communisme ?
    Prudents, les Soviétiques n’ont pas précisé la durée du séjour de Fidel. Ils font filtrer que le Cubain restera « au moins quinze jours ». Or, il ne repartira que fin mai ! Revue de la Garde, dépôt de gerbe au mausolée, déjeuner au Kremlin,
Lac des Cygnes
au Bolchoï : à Moscou, le visiteur est choyé. Les habitants de la capitale sont parfois surpris, comme lorsque le capitaine Aragonés, numéro 2 de la délégation, allume son cigare dans l’ancienne loge des tsars. Mais ils sont chaleureux. De nombreux entretiens sont au programme. Les premiers ont lieu au Kremlin dès le lendemain de l’arrivée à Moscou. Outre Khrouchtchev, Fidel rencontre Brejnev, président du praesidium du Soviet suprême, le ministre des Affaires étrangères Gromyko, et Andropov, alors chargé des relations avec les autres pays communistes : le présent, mais aussi l’avenir sont à lui. Une
datcha
des environs de la capitale accueille d’interminables tête-à-tête entre les numéros 1 soviétique et cubain. C’est là, peut-on penser, que les deux font leur paix sur l’affaire des fusées. Castro, certes, ne comprend toujours pas ; ce n’est que l’âge venant qu’il reconnaîtra que la décision soviétique était sans doute « inévitable ». Mais, flatté par le fait que « K. » lui montre « toutes les pièces » du dossier, on peut imaginer qu’il esquisse un pardon.
    Durant les intermèdes, on s’adonne à des jeux d’enfants : on peine à la croire et pourtant si, un documentaire montre Fidel roulé dans la neige par Khrouchtchev et Brejnev ! Et presque aussitôt, c’est le 1 er mai. Fidel est la vedette de la manifestation.« Monsieur K. » lui cède le pas : il apparaît le premier, à 10 heures, par la porte du mausolée, gravissant les marches de la tribune officielle. Pour l’occasion, il a troqué, c’est inédit, le
battle-dress
pour l’uniforme d’officier de l’armée cubaine, avec chemise blanche, cravate noire et béret de para. Bon prince, il commente avec son homologue le passage sur la place Rouge des fusées balistiques à portée intermédiaire ! Et il ne se lasse pas de saluer, cinq heures durant, les délégations dont il est le point de mire. Pour la première fois, c’est bien le moins, Cuba figure dans la nomenclature des « pays socialistes ».
    Puis, après des intermèdes sportifs et culturels, Fidel part chasser le canard sur les bords de la Volga. Il entreprend ensuite une grande tournée dans les Républiques, commençant par Leningrad, poursuivant par l’Asie centrale, la Sibérie, l’Ukraine. Au total, il visitera quatorze villes. Partout, il s’intéresse, cordial, aux usines, aux fermes-modèles. Et il tient force meetings dans des stades et sur des places. On le conduit aussi sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale – pour lui, une passionnante nouveauté. Après trois semaines, il reparaît à Moscou.
    C’est le 23 mai qu’a lieu, au stade Lénine, la grande explication politique. Cent vingt mille personnes y assistent. Finalement, Castro y prononce les mots que Khrouchtchev attendait : « Les Américains, dit-il, n’ont renoncé à l’idée d’une invasion de Cuba qu’après la crise d’octobre et en raison de l’intervention de l’URSS. La

Weitere Kostenlose Bücher