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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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alors, le revirement « guévariste » de Castro de 1966 à 1968, peu après le départ du Che ? Un
Lider
convaincu de la supériorité des « stimulants matériels » lançant son pays dans une phase échevelée de « communisme » ! Un homme bien certain que sa révolution ne peut se faire sans l’Union soviétique qui, en 1967, pour défendre et illustrer la « voie armée » guévariste, en viendra presque à la rupture avec Moscou ! Est-ce là le remords de n’avoir rien fait pour garder le Che à Cuba, le poussant ainsi vers une mort au-devant de laquelle, de l’avis crédible de Fidel à Gianni Mina, « il semblait qu’il allât » ? Il y a dans les relations de Castro et de Guevara quelque chose qui rappelle celles de Thomas Becket et d’Henri II d’Angleterre vues par Anouilh : la bouleversante amitié, la merveilleuse complicité qui, pour une opposition politique, dérapent…
    Mais les considérations planétaires ne sont pas tout : fin 1964, Fidel sent qu’il va devoir recommencer à s’occuper d’économie, car tout va mal. L’année 1965 a, au demeurant, été décrétée celle « de l’agriculture ». Le
Lider
estime que la diversification tentée lorsqu’il était président de l’Inra, de 1959 à 1962, n’a pas été bien menée : hors la canne à sucre, l’île doit mettre en avant une autre priorité, l’élevage. Fidel entend notamment augmenter la production de lait, dont la population adulte manque cruellement (les enfants, eux, en sont heureusement pourvus). Il a été foudroyé par la lecture d’un agronome français, membre de l’Académie, André Voisin. L’homme est controversé dans l’Hexagone mais ses ouvrages, notamment
Sol, herbe, cancer
, ont eu du succès à l’étranger. Fidel invite donc Voisin. Toutes affaires cessantes, il l’accueille le 3 décembre 1964 à 2 heuresdu matin à l’aéroport José-Martí. Les deux hommes discutent jusqu’à l’aube. Puis Fidel entraîne partout le professeur. Dans chacune de ses interventions, il le cite. La presse se fait l’écho de cet enthousiasme. Deux livres de Voisin sont publiés en feuilleton. Il devient une sorte de demi-dieu de l’Agriculture. Las ! Après dix-huit jours, le Français, épuisé, meurt d’une crise cardiaque. Il est enterré à La Havane comme un héros national. Cent mille personnes assistent à ses funérailles, couronnées par un discours de Castro, comme il se doit. Peu prophète en son pays, Voisin aura été son meilleur ambassadeur dans l’île !
    Fidel continuera de se passionner pour les croisements entre le zébu, rustique mais peu productif, et la Holstein suisse, excellente laitière. On ne compte pas le temps qu’il dédie au taureau Rosafé, ce remarquable inséminateur. Hélas ! lui aussi mourra prématurément, épuisé à la tâche. Quant à la laitière
Ubre blanca
(pis blanc), elle a sa statue dans un parc de La Havane, nous a-t-on dit. Le
Lider
est ainsi, prompt aux emballements. Celui qu’il a conçu pour l’élevage est l’un des rares qui ait été durable, en matière économique, avec le goût pour les fromages qui en dérive.
    Le 16 février 1965, Fidel décide de reprendre à Rodríguez la présidence de l’Inra. Le secteur agricole, à vrai dire, n’est pas brillant. La deuxième réforme agraire, survenue alors que la première n’était pas digérée, n’a pas servi le malheureux responsable de l’Institut. Le « vieux communiste » a si peu de pouvoirs réels qu’on l’a surnommé « le ministre des Légumes ». La méthode de Fidel, durant ces années, sera de multiplier les programmes spéciaux et les fermes-modèles. Quand une idée lui traverse l’esprit, elle sera aussitôt expérimentée quelque part. Bien entendu, la création se perpétue au-delà de l’intérêt du
Lider
. Là où s’est portée sa sollicitude demeure une culture ou une production privilégiée. Rarement précédées d’expérimentations, ces tentatives aboutissent généralement à des échecs. Quelques-unes sont encore en activité à ce jour, dénommées « fermes-Fidel » par le peuple.
    Le problème crucial de l’agriculture cubaine est alors, on l’a dit, que la plupart des
macheteros
ont déserté les plantations. La dureté du travail explique que ces damnés de la terre d’avant la Révolution aient cherché meilleure fortune ailleurs.Il faut pourtant que les
zafras
se fassent puisqu’on est revenu au sucre. La mécanisation de la coupe est, à terme, la

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