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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Havane abrite le siège des organisations créées durant la conférence : l’OSPAAAL (Solidarité avec les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, ou « Tricontinentale »), ainsi que le Comité et le Fonds d’aide au Viêtnam. Cuba semble s’imposer comme troisième centre révolutionnaire mondial. La présence concomitante, à La Havane, de Moscou et de Pékin est aussi la victoire posthume de Mehdi Ben Barka, qui a convaincu Mao d’envoyer les siens. On sait que ce succès a coûté la vie au Marocain, qui a été enlevé à Paris en octobre 1965, dans des conditions qui ne font pas honneur à la France. Dans les faits, pourtant, l’OSPAAAL demeurera une coquille vide, avant sa disparition à la fin des années 1960. Son secrétaire, Osmany Cienfuegos, connaîtra même une éclipse la décennie suivante. La revue de l’organisation,
Tricontinentale
, diffusée en France, irritera le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin. L’idéologie de la «
Tricontinentale
», en effet, aura une influence sur la maturation des révoltes étudiantes de par le monde en 1968. Elle a aussi eu une incidence sur la situation au Viêtnam : les explosions libertaires à Berlin, Paris ou Rome, et bien sûr, auparavant, à Berkeley ou Princeton, ont en effet pointé le caractère haïssable de ce conflit. Pour cela seul, Fidel – qui voit dans le peuple indochinois le « héros collectif » par excellence, et son « ambassadeur » pour l’Asie – peut se réjouir de la réunion de 1966. Toutefois, il ne fait pas le poids pour aplanir la querelle de géants entre Soviétiques et Chinois. Après avoir fait exploser l’Organisation afro-asiatique de solidarité, issue de Bandung, cette opposition allait paralyser l’OSPAAAL. Sans doute, aussi, les problèmes de l’Amériquelatine, alors de loin le plus développé des trois continents sous-développés, étaient-ils trop spécifiques pour pouvoir se confondre avec ceux de l’Afrique-Asie.
    De sorte que, dès 1966, Castro reporte ses espoirs vers l’Amérique latine. La translation de Guevara entre le début et la fin de l’année, des tréfonds de l’Afrique noire au cœur de l’Amérique du Sud, est, de ce point de vue, emblématique. C’est fin 1960 que l’aide cubaine à la préparation des guérillas dans le sous-continent avait débuté. En 1962-1963, elle s’était « professionnalisée ». Dès la fin 1964, Fidel avait convoqué à La Havane une conférence secrète des Partis communistes
latinos
, dont Moscou s’était sans doute peu réjouie. Le
Lider
a tenté d’y convaincre ces formations qu’elles devraient se convertir à la lutte armée et, chacune chez elle, fédérer les énergies révolutionnaires, comme lui l’a réussi à Cuba. Mais Fidel a sous-estimé l’attachement de ces Partis communistes à Moscou. Ainsi les Vénézuéliens et les Colombiens, qui avaient opté pour l’action armée au début des années 1960, vont, un lustre plus tard, revenir à la lutte légale. Plutôt que l’union révolutionnaire, les initiatives de Castro provoquent le pullulement : aux « moscovites » et « pékinois », sans oublier les « trotskistes », s’ajoutent désormais les « castristes ».
    À la clôture de la « Conférence des Trois Continents », le 18 janvier 1966, Fidel adresse aux délégués de vingt-sept pays ou territoires américains présents à La Havane (les Antilles françaises, entre autres, y sont représentées…) un discours de douze heures – « sans sandwiches ». Surfant sur l’onde de choc de l’invasion américaine en République dominicaine l’année précédente, il convainc des délégués de se retrouver en 1967 pour créer une organisation « latino-américaine de solidarité entre révolutionnaires ». Après ces temps mornes qu’ont été 1964 et 1965, Castro renoue ainsi avec l’exaltation de mettre les choses en mouvement au-delà de son propre pays. « Le calme ne vaut rien aux Cubains », observe un diplomate. En fait, c’est Fidel qui a le constant besoin de rejouer sa Maestra, à des échelles plus vastes !
    Le
Lider
n’en surveille pas moins son front intérieur. Une campagne est menée contre des éléments contaminés par lapropagande des Chinois, conduisant à des limogeages dans les forces armées. Une autre offensive vise la
dolce vita
: sa victime la plus illustre est le vice-ministre des Armées, Ameijeiras, héros de la Sierra, disgracié en mars 1966 pour ses relations avec

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