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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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des « éléments antisociaux, pseudo-révolutionnaires » et autres « vagabonds corrompus ». Il reconnaît tous les faits qui lui sont reprochés. C’est aussi l’attitude de Cubela, ex-commandant du Directoire dans l’Escambray, arrêté pour tentative d’assassinat contre Castro : « Je mérite le peloton, s’écrie-t-il devant ses juges. Je suis un caractère instable, rempli de contradictions et de faiblesse. » Castro écrit alors au tribunal pour lui demander de ne pas prononcer la mort. Cubela ne se verra infliger « que » vingt-cinq ans de prison.
    La Centrale des travailleurs fait aussi son autocritique. Sa responsabilité est écrasante, admet-elle, dans les difficultés économiques de l’île. Son secrétaire, le « vieux communiste » noir Lázaro Peña, est remplacé, au congrès d’août 1966, par un jeune ancien combattant de la Sierra.
    « Absentéisme » entraînant une faible productivité, « indolence » conduisant à une sous-utilisation des capacités, « mauvaise organisation » du travail : tout cela, la CTC le prend à son compte. Castro, bon prince, estime qu’il y a eu « des erreurs, mais pas d’abus délibérés ». Le pays, pourtant, est une ruche : « Plus vite, encore plus vite », est le slogan de l’année. Une ruche qui butine le sucre, de surcroît, mais la
zafra
n’en est pas moins médiocre : de 30 % inférieure au Plan. Et pourtant, Fidel, cette fois encore, a participé : huit cents
arrobas
dans sa première journée, un très bon chiffre. On lui avait, il est vrai, un peu « préparé » sa coupe. Mais qui relèverait de tels détails, en cette année de son quarantième anniversaire ?
    Pour la circonstance il offre au pays le Coppelia, où l’on fabriquera et vendra les meilleures glaces d’Amérique. Un observateur qui ne lui est pourtant pas hostile, Claude Julien, écrit que Castro est « menacé par l’isolement de l’adulation ». Il ajoute : « En 1966, il y a Fidel, et seulement Fidel. » Celui-ci dément-il ? Non : « Le pouvoir absolu est néfaste », dit-il devant le congrès de la CTC. Il ne fait certes pas le rapprochement entre ce constat et ce qu’il reconnaîtra à la mi-décembre dans une interview accordée à…
Play Boy
: il y a vingt mille prisonniers politiquesà Cuba. Mais s’attarde-t-on à semblable détail lorsqu’on a pour chef la
maestria
même ?
    À quarante ans, le voici avec une vision et un début de
praxis
, englobant l’Amérique, l’Afrique, l’Europe de l’Est. L’Asie et l’Europe de l’Ouest restent hors de sa sphère ? Qu’à cela ne tienne ! En parallèle à l’Amérique latine, sa grande affaire de 1967, il s’occupera aussi de ces parties du monde. Pour l’Asie, Raúl et Dorticós ont voyagé dès 1966 à Pyongyang et Hanoi : ils y ont entrepris de donner corps à une « consultation des communistes de la troisième voie » : ceux qui, bien qu’ayant un absolu besoin de l’aide de Moscou, tentent d’éviter l’inféodation. Les trois États demeureront liés, mais l’entreprise restera de modeste portée.
    S’agissant du vieux continent, Castro n’est jamais parvenu à séduire ses gouvernants, malgré une percée dans le champ économique vers le milieu des années 1960. Ce n’est pas faute d’avoir flatté le général de Gaulle – en cette période, seul dirigeant de « là-bas » fréquentable à ses yeux. Mais l’homme du 18 juin 1940 n’a jamais imaginé inviter le Cubain à Paris. Le général soupçonnait, à juste titre, le commandant de certains troubles jeux en Afrique noire et aux Antilles françaises. Alors Fidel décide de relancer les intellectuels qui, après avoir été ses meilleurs soutiens, se montrent plus hésitants devant l’évolution militariste de sa Révolution. « Ne vous laissez pas tromper par l’impérialisme. L’Europe a beaucoup à gagner aux révolutions en Amérique latine », les adjure-t-il le 2 janvier 1967. Et d’annoncer, pour l’année suivante, un « congrès culturel » à Cuba.
    L’année 1967, dénommée « du Viêtnam héroïque », est l’une des plus paradoxales du castrisme. Le
Lider
a, dès 1959-1960, aimé mettre en mouvement les choses du monde, bien au-delà de l’étroite Cuba. Mais il n’a jamais, pour autant, négligé de consolider son régime. De fait, les efforts accomplis depuis 1961-1962 pour propulser d’autres révolutions en Amérique latine ont, en partie, eu pour finalité d’obliger les Américains honnis à

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