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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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presque tous quelque chose à perdre – la plupart une portion d’appartement ou de maison – en cas de retour des exilés.
    En revanche, la dureté de l’opposition du chef de la FNCA séduit les groupes d’exilés qui n’ont jamais déposé les armes, tels Oméga 7 et surtout Alpha 66. Des attentats sont organisés contre les biens, voire la personne, des
dialogueros
– ces opposants, minoritaires, qui prônent l’ouverture d’un dialogue avec La Havane en vue d’obtenir un assouplissement (sur les droits de l’homme, les libertés civiques, la reconnaissance d’un espace à la société civile…) pouvant conduire à une évolution en douceur vers la démocratie. La plupart des
dialogueros
, note-t-on au passage, sont ceux qui ont eu le plus à souffrir de la dureté du régime, tel Huber Matos, détenu de 1959 à 1979,ou Eloy Gutiérrez, qui avait commandé une guérilla antibatistienne non castriste dans l’Escambray puis, devenu le chef des opérations militaires d’Alpha 66, avait été arrêté en 1965 et libéré après vingt et un ans. Plutôt « dialoguiste » est aussi la petite communauté des exilés vivant en Europe, dont le plus actif est Carlos Alberto Montaner, intellectuel social-démocrate que Fidel attaque souvent avec véhémence.
    Les
dialogueros
reçoivent, cependant, à partir de 1990, un appui de poids : celui de la dissidence intérieure. Le premier, Gustavo Arcos lance un appel pour un « forum » entre « toutes les parties de l’éventail cubain » : tant les représentants d’un régime qui, admet-il, « garde de nombreux partisans » que les opposants, aussi bien de l’exil que de l’intérieur. En 1993, un début de « composition » de ladite « opposition intérieure » se fait jour avec la structuration, balbutiante, de trois pôles : social-démocrate, avec Arcos précisément ; démocrate chrétien, qui va trouver son champion en Oswaldo Paya ; libéral, dont les têtes sortiront un peu plus tard. Ce sera la position constante, désormais, des dissidents restés à l’intérieur que cette nécessité d’une rencontre entre les « trois branches de la communauté cubaine ». Car l’éclatement entre pro et anticastristes et le débat entre rester ou partir se retrouvent, dit le secrétaire de la conférence épiscopale, M gr de Céspedes (qui en tient pour le dialogue), dans « chaque famille ». Tous estiment que l’option pour le « dialogue » et la « réconciliation » est l’unique façon d’éviter un « bain de sang », une « nuit des longs couteaux caraïbe » que, selon beaucoup, Fidel (ou Raúl après lui) serait peu disposé à prévenir. Autrement dit, face à un être (ou un régime) ontologiquement violent, il faut être pacifiste pour deux. De cela, le castrisme va se satisfaire, et c’est ainsi que l’on entre dans une ère où l’opposition est illégale et pourtant officiellement tolérée, avec cependant, de temps à autre, pour rappeler qui commande, de durs « coups de filet » de la part de la Sécurité.
    On aboutira à cet apparent paradoxe : le régime, dont le mépris envers « l’Intérieur » est abyssal, va accepter le contact avec « Miami » ! C’est là une ouverture avantageuse pour lui puisqu’elle désarçonne en partie Miami, sans pour autant perturber les partisans du régime. Les sondages en Florideindiquent que les «
rupturistas
» (dont le marqueur est le renforcement de l’embargo) perdent du terrain. Jorge Más Canosa va même jusqu’à reconnaître que les « jeunes technocrates » qui ont remplacé la vieille garde autour de Fidel Castro le poussent à faire « de réelles réformes économiques et démocratiques ». Deux conférences dites « La nation et l’émigration » vont ainsi avoir lieu à La Havane, en avril 1994 et novembre 1995, où sont invités les « modérés » : ceux qui n’acceptent pas l’embargo. Et Eloy Gutiérrez Menoyo aura même un entretien avec Fidel…
    Les Cubains des États-Unis ne sont pas les seuls à s’interroger sur la meilleure façon de rendre l’île à un avenir sans Castro. Les citoyens américains sont, eux aussi, perplexes. Bien entendu, une grande majorité continuent de voir dans le
Lider
une incarnation du diable. N’a-t-il pas déjà défié neuf de leurs présidents ? N’a-t-il pas, en 1962, conduit leur pays au bord de la plus horrible catastrophe (nucléaire) de son histoire ? N’a-t-il pas rompu, un temps au moins, les trois traités qu’il

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