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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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bien entendu, en a une. Mais, davantage en cela Galicien que Cubain, et proche de cet autre
Gallego
que fut Franco, il n’en a jamais rien laissé paraître. Le « misérable petit tas de secrets » dont parlait Malraux, nul n’en aura rien su. Il aura résisté, sur ce point, aux questions les plus insidieuses des intervieweurs (et des intervieweuses envoyées en renfort telle l’Américaine Barbara Walters), s’en tirant par de plus ou moins habiles pirouettes. Non, il n’a pas d’affect, pas de temps à perdre à ça ! Il n’a de temps que pour la Révolution ! Fidel, donc, a « shunté » jusqu’à la mort elle-même. Longtemps, il ne l’a évoquée que sur un mode stéréotypé, pour l’exalter comme le sacrifice nécessaire – et même obligatoire, si les circonstances se présentent – des révolutionnaires aux révolutions. Dans ses
Lettres de prison
, un bref temps déprimé après l’échec de la Moncada, il avait évoqué la vieillesse : « Ceshommes dévalant la pente se mettent à prêcher le contraire de ce qu’ils firent, à faire le contraire de ce qu’ils prêchèrent. Ils regardent leur jeunesse comme un âge de naïveté, de folie. » Au plus a-t-il pu, ici ou là, concéder : « Nous ne sommes pas éternels. »
    L’incuriosité de Fidel pour certains sujets embrasse d’évidence la littérature – hormis, bien sûr, les « grands romans sociaux », de Hugo à Gorki en passant par Zola –, sans doute le cinéma (on ne sache pas que, à l’instar de Staline, il se fasse projeter des film américains), et plus largement les arts. Bien sûr, il a lu, et de façon boulimique mais, tel un autodidacte, il y a mis plus d’esprit de système (épuiser le sujet du moment, de l’élevage des bovins au réchauffement climatique en passant par la dette du tiers-monde…) que d’envie de sonder les limites, autres que socio-économiques, qui enserrent les hommes : les questions sur les fins dernières, si elles l’ont taraudé, il s’est gardé de les évoquer !
    Son « privé », c’est aussi sa vie privée. Bien que, à sa grande époque, des milliers de Latino-Américaines fussent folles de lui, on ne l’a plus vu, depuis son mariage avec Mirta, au tournant des années 1940-1950, en public avec une femme qu’on puisse dire « sienne ». La rumeur de son impuissance a même couru à une époque. Elle a déplu à l’intéressé, surtout dans le contexte d’une île « machiste-léniniste », comme Cuba a été souvent décrite. Les Services ont fait circuler le chiffre de sa progéniture : outre Fidelito, né de Mirta, quatre garçons et une fille (ou cinq garçons) avec la discrète institutrice Dalia Soto del Valle, connue en 1961, épousée en secret en 1980, des années après la mort de Celia Sánchez, avec qui il aura vécu discrètement durant un quart de siècle, et fugitivement apparue en public pour la première fois en… 2001 ; et Alina, une fille née de Naty Revuelta (sa passion de l’époque de la Moncada), qui a fini par quitter Cuba après avoir accusé son père de vouloir la séquestrer. On connaît par ailleurs le nom d’au moins deux « vieilles flammes » du
Lider
: Violeta Casals, speakerine de Radio Rebelde dans la Sierra, et Marita Lorenz, une Germano-Américaine aimée, a-t-elle assuré, « huit mois dont dix nuits », et qui fut chassée de Cuba (au lieu d’être fusillée !) parce qu’elle s’était prêtée à l’un des premiers complots de la CIAen vue d’assassiner le
Lider
. Mais, au total, Fidel aura été trop passionné par le pouvoir pour prendre du temps à papillonner. En revanche, il a pu, une fois ou l’autre, remarquer telle jolie femme pour… « raison d’État ». Ainsi, en 1967 (année de la Solidarité latino-américaine et de la diffusion mondiale de la minijupe), avisant Regina Seoane, ravissante photographe de presse péruvienne, fort court vêtue, il hèle un collaborateur, lui montre les jambes joliment galbées de la jeune femme et s’écrie : « Dis donc, Chomy, en multipliant ça par trois millions et demi de Cubaines, tu imagines ce qu’on économiserait comme tissu ! »
    Il est une passion, en tout cas, que l’âge n’émousse pas chez Fidel : celle de parler. Aux journalistes, d’abord, à condition qu’ils soient américains (le sens de l’efficacité !), à la rigueur, espagnols ou
latinos
(on est de la même « race », selon une acception castillane du terme, vieillie à présent). Fidel adore jouer au

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