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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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décrétée en 1994, les
Hermanos
se sont reconvertis, procédant à des lâchers de tracts « pacifiques » sur Cuba, jusqu’aux franges de La Havane. Le jeu est risqué car la chasse cubaine est en alerte. Et, de fait, le 24 février 1996, deux Cessna des « Frères », dont le plan de vol a été communiqué par un infiltré castriste, sont abattus par des MiG-29 après un passage au-dessus des eaux insulaires. L’action n’est pas réprouvable au regard du droit (encore que l’Organisation des Nations unies pour l’aviation civile, l’OACI, jugera que les deux appareils ont été abattus au-dessus des eaux internationales), mais l’excès d’usage de la force est patent. Les Occidentaux s’enflamment, à commencer par les Américains, que le « pragmatisme diplomatique » du président Clinton dirigeait sur une voie d’apaisement, contre lesentiment d’une majorité du Congrès, où l’on tient toujours à l’isolement.
    Devenu républicain lors des élections de
mid-term
1995, ledit Congrès approuve, deux semaines après le mitraillage, un projet du sénateur républicain radical Jesse Helms et de son compère Dan Burton visant à durcir l’embargo. Le
Cuban liberty and democratic solidarity Act
(ou loi Helms-Burton) interdit à quiconque dans le monde (pas seulement, donc, aux Américains…) de faire avec Cuba, tant que les Castro sont au pouvoir, tout
deal
impliquant de « trafiquer » (prendre à bail, gérer, acquérir, répartir, bref, avoir quelque activité) avec les biens américains nationalisés en 1959-1960. C’est évidemment là une violation du principe de non-intervention dans les affaires intérieures des autres États. Cette loi, dont la sanction est l’interdiction du territoire américain aux contrevenants, vise à créer une insécurité pour quiconque fait des affaires avec l’île. Toutefois, conscient de l’impopularité de la mesure parmi les alliés européens et
latinos
, Clinton prendra toutes les mesures pour qu’elle reste lettre morte.
    Car le président, lui, croit à une politique de « réponse calibrée », telle que le permettait le « volet 2 » de la loi Torricelli (démocrate) : proportionner une réouverture du dossier cubain (en clair : la levée de l’embargo) à une « ouverture démocratique » du castrisme. Au nombre des mesures auxquelles croit Clinton : le feu vert aux agences de presse américaines pour qu’elles ouvrent un bureau à La Havane ; un OK à l’envoi de médicaments ; le maintien des
remesas
(envois de fonds familiaux) et de fréquents voyages de parents dans l’île.
    Brillamment réélu par ses compatriotes fin 1996, Clinton voudra pousser les choses plus loin en publiant, juste après sa nouvelle prestation de serment, un Rapport sur la transition démocratique à Cuba, qui promet pas mal d’argent (de 4 à 8 milliards de dollars) en cas de changement de régime (c’est-à-dire le départ des Castro). C’est là agiter le chiffon rouge. Et Fidel réagit en effet vivement, dénonçant, lors d’une grandiose marche au flambeau à travers La Havane, ceux qui « veulent acheter la Patrie ». Une maladresse, certes, de la part de l’administration US mais il est juste de rappeler que, dans la foulée de l’affaire des Cessna, Fidel avait interdit la première rencontre deConcilio Cubano, une réunion de l’exil sous l’égide du mieux toléré des opposants, Eloy Gutiérrez Menoyo.
    Le jeu est bien rodé, les deux adversaires se connaissent par cœur. Ainsi Fidel va-t-il, plusieurs années, fermer les yeux sur ces « infiltrations » culturelles américaines qu’il abhorre et qui prennent la forme d’une aide financière (pour un achat d’ordinateur, par exemple) aux « ONG » cubaines opposantes car il y a tout de même là une soupape dont une société à bout de souffle a besoin ; c’est aussi la contrepartie (bien sûr non dite) d’une non-application (la mise en œuvre est reportée tous les six mois par l’exécutif américain) du renforcement de l’embargo par les lois Torricelli et Helms-Burton…

14
L E CHANT DU CYGNE
 (
1997-2006
)
    Le temps passe et les marathoniens se fatiguent.
    Fidel Castro, 1993
    Le temps est un dieu cruel, même pour les autocrates. L’hiver de Fidel s’annonce dès l’été 1997, le 27 août précisément, par une série de rumeurs relatives à sa mort. Elles ont été mises en route par ses ennemis, depuis Miami sans doute. Mais y a-t-il jamais fumée sans feu ? Lors de

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