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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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sorties bien plus rares que naguère (lors de la fête nationale du 26 juillet, c’est Raúl qui a parlé), le
Lider
est apparu la mâchoire anormalement crispée, serrant de façon gauche les mains qui s’offrent à lui et restant longuement assis. D’ailleurs, il a eu un mot assez peu fait pour rassurer : « La Révolution continue, meure qui meure. » Cette mauvaise passe du commandant en chef a suivi une série d’attentats qui, d’avril à juillet, a visé, à La Havane et à Varadero (la grande station balnéaire), des hôtels et autres lieux touristiques aussi connus que le Capri ou le Nacional. Un Italien y a perdu la vie. La Sureté cubaine va découvrir que l’auteur de ces actions est un Salvadorien payé par des extrémistes de Miami. Pour comble, la
zafra
1996-1997, attendue exceptionnelle, a été très mauvaise, et le cyclone Lili, ponctuellement mis en cause, ne pouvait pas tout expliquer.
    Quatre opposants ont cru pouvoir profiter de ce climat pour publier un texte intitulé
La patrie est à tous
. L’un porte un nom célèbre puisqu’il s’agit de Vladimiro Roca, fils de Blas Roca, l’ex-inamovible secrétaire général du PSP (qui fut le PC cubain de 1928 à 1962). Cet homme qui évoque ainsi la patrie l’a longtemps et bien servie puisqu’il a été un aviateur aux états de service impeccables. Une femme également entre, pour l’occasion,dans le rude gotha de la dissidence : Marta Beatriz Roque. Les deux autres se nomment Felix Bonne et René Gomez. Ils sont expédiés en prison
manu militari
. Roca sera le dernier à en ressortir, cinq ans plus tard : pour Fidel, une initiale proximité est une circonstance aggravante, jamais atténuante.
    Il faudrait rien de moins qu’un congrès du PCC pour remobiliser le cœur du régime. De fait, l’événement a lieu en 1997. Il permet à Fidel, le 10 octobre, de renouer avec son passé devant le millier de délégués : un discours de sept heures (« sans note ni pause », dit la presse). Mais, sur le fond, le V e Congrès est la répétition du précédent : si des réformes sont nécessaires, elles doivent être menées « dans la stricte orthodoxie socialiste ». Carlos Lage – que certains verraient bien président du Conseil d’État à la place de Fidel – devra se débrouiller avec ça. Il en conclut qu’il faut « plus de rigueur dans la production », ce qui ne veut pas dire grand-chose puisque la grève du zèle (discrète, certes) est, de longue date, la seule façon pour les Cubains de base de manifester leurs états d’âme psycho-socio-économico-politiques.
    Deux splendides nouvelles illuminent toutefois la période : le 17 octobre, les restes de Che Guevara, enfin découverts en Bolivie, sont transférés à son mémorial de Santa Clara. Et le 23 novembre, on apprendra la mort de l’ennemi le plus implacable de Fidel en Floride : Jorge Más Canosa. Mais ce sont deux vivants, opposés en tout, qui vont apporter à Fidel ses ultimes vives satisfactions avant son entrée en récession : le pape Jean-Paul II début 1998, et le président vénézuelien Chávez fin 1999.
    L’un des paradoxes des régimes « athéistes » est d’être des conservatoires des religions qu’ils veulent éradiquer : cela s’est vu lorsque l’Union soviétique est redevenue la Russie ; cela se vérifie au Tibet ; ce fut le cas en Pologne… Cuba n’échappe pas à la règle. En 1959, quand vainc la Révolution, cette République était l’État le plus laïque d’Amérique, avec l’Uruguay. Ni parti démocrate-chrétien ni journal catholique, nulle personnalité d’envergure ne se revendiquant de la foi romaine. Cuba a assisté sans état d’âme connu à l’expulsion, en 1961, de « ses » curés – il est vrai, presque tous espagnols et fleurant la Colonie. Mais la persécution de prêtres cubains (et parmieux Jaime Ortega, futur cardinal), à partir de 1965, dans les Umap (Unités militaires d’aide à la production), a attiré l’œil de compatriotes sur des hommes souffrant pour leur foi. Plus tard, l’engagement de clercs et de laïcs dans l’action charitable a été bien perçu. D’autant que, face à certaines carences de l’État (ainsi la montée du sida, que les autorités ont d’abord refusé de voir puis de prendre en compte, ou alors sur le mode de l’exclusion), leur dévouement a pu s’appuyer sur l’ONG catholique Caritas. Fidel en était même venu à donner les « sœurs » en exemple à ses militants et

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