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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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il a autorisé l’ouverture à Cuba d’un « refuge » des Missionnaires de la charité de Mère Teresa. Dans les années 1970-1980, les progrès de la théologie de la libération, mélange de christianisme et de marxisme, l’ont intéressé.
    Vu côté société, un espace, fût-il précaire, avait ainsi le mérite d’exister face à l’omniprésence de la Révolution. Cette reconnaissance gagnée, l’Église a commencé, avec sa séculaire prudence, à faire entendre une parole de tolérance, de compassion, de longue date inouïe, qui lui a valu d’agglutiner un questionnement plus politique sur les droits de l’homme, la démocratie, la réconciliation. En 1988, Oswaldo Paya va créer un modeste mouvement démocrate-chrétien. Paradoxe, toutefois, au moins apparent : alors que tous les catholiques ne partagent pas la ligne apaisée que prône le secrétaire de la conférence épiscopale, M gr Carlos de Céspédes, un sondage Gallup de 1996 (certes contestable, comme tous le sont, et à Cuba plus encore…) a laissé entendre que 60 % des insulaires avaient une bonne image de l’Église.
    Et c’est ainsi qu’il est apparu étonnant, au milieu des années 1990, que Cuba soit le seul pays d’Amérique dont jamais Jean-Paul II n’avait pu fouler le sol. Pour sa part, Castro, qui avait fini par « réintégrer les croyants » (par le biais, paradoxal à première vue, d’une autorisation d’entrer au PC), s’est pris à percevoir le positif pour le régime d’une éventuelle visite du pape : une preuve de l’essentielle tolérance de la Révolution. Il est vrai aussi que quérir à l’extérieur les points de popularité qui lui manquent à domicile est une méthode qu’il a rodée. Pourtant, bien que facilités par le fait qu’en trente-neuf ans de bras de fer entre l’Église et le castrisme les relations n’ont pas été rompues,les préparatifs ont été longs. C’est qu’aucun des deux vieux lions, Jean-Paul II et Castro, ne veut être floué par l’autre.
    Le 19 novembre 1996, Castro sera reçu en « audience privée » au Vatican par Jean-Paul II. En première analyse, il ne s’agit que d’un à-côté de la participation du
Lider
au plénum d’une institution du système des Nations unies, la FAO, sise à Rome – une stratégie qui a déjà marché, à Paris, en mars 1995. C’est ce jour-là que l’accord de principe au voyage de Karol Wojtyla est scellé. Les détails sont laissés, côté Église, au secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les États, Jean-Louis Tauran – qui a déjà fait une visite à Cuba, avec en prime deux messes très suivies. Et, pour Cuba, c’est Fidel lui-même qui va tout prendre en main : son éducation jésuite, dont il excipe souvent, ne le prédispose-t-elle pas à déjouer, mieux que quiconque, les
combinazioni
d’en face ? Or, la méfiance du
Lider
, obsessionnelle l’âge venant, fait que, pour lui, rien, précisément, n’est du détail. Qu’il ne veuille pas qu’on lui pollue sa Révolution, c’est le bon sens même. Mais on n’invite pas Jean-Paul II, de surcroît aussi fin connaisseur de la dialectique marxiste que Castro, pour qu’il ne prononce que des mots anodins. On comprend donc que la préparation des choses ait nécessité un an encore.
    Lorsque Jean-Paul II débarquera à l’aéroport José Martí de La Havane le 21 janvier 1998, un sérieux balisage a déjà été fait côté gouvernement. Le 18 décembre, le
Lider
a reçu en grand arroi la Conférence épiscopale cubaine ; rien de tel n’avait eu lieu depuis 1985. Plus stupéfiant encore, il a été proclamé que Noël aurait lieu, dès cette année 1997, le… 25 décembre, et qu’il serait chômé : en 1968, Fidel avait décrété que l’ex-Nativité serait fêtée en juillet, avec le carnaval, afin que rien ne vienne casser l’élan de l’héroïque
zafra
de 1969-1970. Et les choses avaient continué en l’état pour près de trois décennies !
    « Que Cuba s’ouvre au monde ! Que le monde s’ouvre à Cuba ! » Les mots prononcés d’emblée par le pape en terre caraïbe disent tout : non à une politique castriste qui coupe les Cubains de la planète, mais non aussi à l’embargo américain. « Cuba défend ses principes de manière inamovible », lui répond Castro. Et, en tiers intéressé, Bill Clinton, au nom d’une Amérique encore dominée par les protestants, va se féliciter – encette année du centenaire de « l’indépendance

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