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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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» Fin 2005, il avait même été la cible d’un humoristique : « Il vieillit ! » Les jours suivants, la presse mit en avant le goût des « approches collectives », « la modestie et [l]a simplicité » de Monsieur frère – bref, l’anti-Fidel ! À la mi-juin, la télé montra Raúl s’adressant à un parterre de généraux – étrangement portant un gilet pare-balles et même un casque sur la tête. Puis il y eut cette convocation du PCC le 12 juillet 2006 – une réunion hors norme lors de laquelle Fidel déclara : « Je ne resterai pas président jusqu’à cent ans. » Une photo fut publiée le même jour dans
Granma
, où l’on voyait Raúl radieux aux côtés de Fidel, les yeux mi-clos, épuisé, vidé. Décision avait été prise, lors de ladite réunion, de rétablir le secrétariat du Comité central du PCC, qui avait été supprimé par Fidel en 1991. Cette instance allait être dirigée par Ramón Machado Ventura et Esteban Lazo, des hommes dont la carrière doitévidemment tout à Castro aîné mais avec qui le cadet est en syntonie.
    Et, pourtant, Fidel aura voulu, avant ses quatre-vingts ans, accomplir du hors-norme encore. Le 22 juillet, six jours avant le très grave accident de santé qui allait marquer la fin de sa carrière de dirigeant, il a visité la maison d’Alta Gracia, au-dessus de Cordoba, en Argentine, où le Che avait passé une partie de sa jeunesse d’asthmatique parce que le climat y est réputé bon. Ce geste était comme un symbole du retour du
Lider
, en cette première moitié des années 2000, à un néoguévarisme économique. Hélas ! dans l’hiver de l’hémisphère Sud, Fidel prit froid… Pour accomplir ce pèlerinage, il avait mis une nouvelle fois à profit une réunion internationale : le XXX e Sommet du Mercosur (le marché commun du Sud de l’Amérique, dont Cuba cherche à se rapprocher). Le prurit fidéliste de déplacement international, cette énergie dédiée à asséner à ses pairs des visions d’apocalypse, allait s’achever sur une dernière photo où on le voit dans son costume sombre, mou du genou, visage de bois, en compagnie de Nestor Kirchner, hôte de la réunion, du Brésilien Lula qui poursuit un échange avec Chávez par-delà le Paraguayen Nicanor Duarte et la Chilienne Michelle Bachelet, seule femme, de blanc vêtue, le visage morose.
    Et, clairement, le
comandante
a voulu honorer de sa présence un ultime 26-Juillet : à Bayamo d’abord, lieu emblématique de son premier acte public (l’attaque, en 1953, de la caserne Moncada, pour lui « kilomètre zéro » de la Révolution, et donc de l’histoire de Cuba), il délivra un discours de deux heures, commencé à la petite aube pour éviter la terrible chaleur ; puis à Holguín, capitale de la province où sont ses sources familiales, il s’est tu après une heure. Et, au lieu de terminer par le rituel « La patrie ou la mort ! Nous vaincrons ! », rapporte Jacobo Machover dans son
Raúl et Fidel, la tyrannie des frères ennemis
, il interrompit soudain son propos en disant : « J’avais d’autres thèmes à aborder, mais je ne parlerai pas plus. » Ce furent là ses derniers mots de chef de l’île en exercice. Car, lors de son retour en avion vers La Havane, il a eu cette « crise intestinale violente accompagnée de saignements continus » qui le contraindra, le lendemain, à « subir une opération compliquée ».Cancer du côlon ? Du haut rectum ? La maladie de Fidel (dont la nature sera, le 1 er août, déclarée « secret d’État », afin de ne pas donner d’armes à « l’ennemi qui assiège » Cuba) ne sera révélée au pays que quatre jours après l’opération. Cela fut fait de façon étonnamment peu solennelle, à la télévision, par le secrétaire particulier du
Lider
, Carlos Valenciaga, agissant en la circonstance comme lecteur d’un communiqué.
    Rédigé par le cabinet, mais ostensiblement signé du malade, ce texte annonçait que Fidel serait obligé à « plusieurs semaines de repos, éloigné de [s]es… fonctions ». Fonctions qu’il déléguait « provisoirement » ainsi : celles de Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba à « son second secrétaire, le camarade Raúl Castro Ruz » ; et celles de « commandant en chef des héroïques forces armées révolutionnaires » de Cuba à « ce même camarade, le général d’armée Raúl Castro Ruz ». Six autres camarades étaient désignés pour occuper d’autres

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