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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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effet, comme une photo des positions qui se prennent juste avant la fin du
Lider
: libres mais aléatoires ; ou sans risque mais pas nécessairement choisies. À cette date, soixante des soixante-quinze dissidents condamnés en avril 2003 sont toujours à l’ombre, et le nombre des prisonniers politiques est de trois cents environ. Le régime ne le conteste pas. Mais, face à cela, les autorités de La Havane mettent en lumière le traitement juridique anormal des « cinq héros » détenus (pour espionnage) aux États-Unis, ainsi que l’anomalie de la situation de sept cents Cubains débarqués en Floride lors de l’exode de Mariel en 1980, alors qu’ils étaient des « droit commun » ou malades psychiatrique, et qui restent dans un vide légal du fait que leur pays d’origine refuse leur retour et que Washington n’en veut pas non plus. Castro, on le note ici ou là, est loin de toujours frapper à côté de la plaque.
    Ces événements ont lieu entre une spectaculaire chute du
Lider
, en octobre 2004
,
à Santa Clara, et la « crise intestinale violente » qu’il subira à la mi-2006. Depuis dix ans, Castro n’est plus l’homme en forme qu’il a longtemps été. Son premier malaise avait eu lieu lors d’un voyage au Viêtnam, fin 1995, on l’a dit. Peu avant l’an 2000 sont apparus, sur les traits et dans les gestes, des signes d’une rigidité qui a pu être jugée parkinsonienne. C’est alors qu’il a pris cet air de « hibou effaré » qu’on lui voit sur ses plus récentes photos. Il a eu à nouveau, le 23 juin 2001, une sérieuse mais brève faiblesse publique : un évanouissement lors d’une célébration près de La Havane. À Durban, en Afrique du Sud, deux mois plus tard, lors d’une conférence de l’ONU contre le racisme, où il sera très applaudi par les militants des ONG, on note ses longs silences lors d’un discours pourtant bref. Les 11 et 12 août suivants, à Caracas, il est évident pour tous qu’il ne supporte plus la chaleur, ce qui est gênant pour le président d’un pays tropical : il doit souventêtre soutenu par des aides. En 2002, une officielle « piqûre de moustique » avait justifié une éclipse de plusieurs semaines. Et le 20 octobre 2004, c’est au mausolée du Che qu’il est tombé, se fracturant le genou gauche et le coude droit…
    Cela explique pourquoi c’est le bras en écharpe qu’il a annoncé, six jours plus tard, un nouveau retour vers la pureté économique : le dollar, qui avait libre cours depuis onze ans, sera replacé, comme monnaie de circulation alternative au peso, par une « unité de compte », le CUC, d’une valeur égale au billet vert. Et, cinq mois après cette décision, le peso allait être réévalué de 7 % en raison des « excellents résultats » de l’économie. Car, pour ce qui va être (mais nul ne le sait encore) sa dernière année complète d’exercice du pouvoir, 2005, Fidel va aller de satisfecit donné en autocongratulation dans ce domaine où il n’a pourtant jamais excellé.
    Encouragé sans doute par la récente découverte, par la société canadienne Sherritt, d’un gisement de brut semi-lourd au large de l’île, il annonce, le 8 mars 2005, pour la fête des Femmes, que Cuba approche de « l’invulnérabilité économique ». Mais encore ? 2006, promet Fidel, verra mille merveilles : outre la fin du déficit énergétique (il est vrai que les livraisons de pétrole vénézuelien ont presque doublé en cinq ans), une multiplication par deux de la construction de logements, un renouvellement du parc des cars et des locomotives et, cerise sur le gâteau, la distribution de « cinq millions d’autocuiseurs ». Et, un mois et demi plus tard, il rendra public le fruit de ses cogitations sur le crucial sujet des économies d’énergie : toutes les ampoules incandescentes seront remplacées par des bulbes luminescents ! L’esprit du
comandante
bat-il un peu la campagne ? Ne sait-il rien de ces
asentamientos
(bidonvilles) de plus en plus nombreux en périphérie de La Havane ? Ignore-t-il qu’en province un « moyen [de transport] alternatif » très fréquent est la carriole tirée par un cheval, éclairée la nuit d’un falot à pétrole ? Que le parc de téléphones fixes est étique : un pour dix habitants ? Et ne prend-il plus connaissance de ces rapports d’économistes officiels, mais critiques, qui évoquent ces 60 % d’eau potable qui se perdent avant d’arriver aux robinets des particuliers ?

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