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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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correspondant : « Je suis épuisé… Il n’y a pas de refuge contre l’ennui… Les jours passent en une sorte de léthargie. » Fidel, pour qui la vie a toujours été une scène sur laquelle s’agiter pour un public attentif, ne supporte pas l’absence d’auditoire. Il connaît en prison une vraie crise. À Conte Agüero, il écrira : « Dans les moments terribles que j’ai traversés l’an passé, j’ai pensé qu’il aurait mieux valu être mort. »
    Mais ces instants de mélancolie sont rares : « J’achève… de trouver le sens de ma vie. Sera-t-elle longue ou brève ? Je ne sais. Fructueuse ou stérile ? Mais il est une chose que je sens se réaffirmer en moi : mon désir passionné de sacrifice et de lutte. Je n’ai que mépris pour l’existence accrochée aux misérables bagages du confort et de l’intérêt. » Fidel semble aussi se préoccuper, pour la première fois, de sa famille. Certes, il a toujours eu pour Fidelito, qui marche vers ses cinq ans, un amour authentique, même s’il a été distrait par sa dévorante activité. En revanche, passée la lune de miel, on ne voit plus paraître Mirta en fond de tableau. Or, dans ses premiers mois de prison, Fidel lui écrit – souvent pour lui demander des services, il est vrai. Mirta et son fils viennent le voir à l’île des Pins, où il a droit à une visite par mois. C’est durant ce bref moment de quasi-idylle que survient le « drame ». Écoutant la radio, comme il le fait toujours, il entend que le ministère de l’Intérieur vient de mettre fin à la collaboration de Mme Mirta Díaz de Castro ! Fidel est abasourdi. Sa première réaction est d’écrire à sa femme pour lui demander d’engager une procédure en diffamation. Mais sa demi-sœur Lidia lui confirme que Mirta émargeait.
    L’épisode survient un mois après la sortie de
L’Histoire m’absoudra
. Il n’a peut-être pas échappé aux argousins que Mirta a joué les courriers pour Fidel. Confondue, l’a-t-elle trahi ? A-t-elle joué double jeu ? On ne saurait oublier que son frère, Rafael, est secrétaire d’État à l’Intérieur. Il a pu lui offrir une sinécure car elle n’a d’autre moyen de subsistance, depuis la mort récente de son père, que la générosité d’Ángel Castro. Rafael, que l’affaire de la Moncada a alarmé comme risquant de compromettre sa carrière, a-t-il voulu transformer la sinécure en mission d’espionnage ? Faut-il replacer l’épisode dans le contexte des luttes de clans autour de Batista ? Une visite à Castro, en prison, du ministre de l’Intérieur lui-même, Ramón Hermida, ennemi juré de Diaz Balart, le suggérerait. Fidel plonge dans un état indescriptible : « Je perds la tête. » Il songe même au suicide, selon Conte Agüero. Et il engage une procédure de divorce (elle se conclura en 1955). Son obsession, désormais, sera d’avoir la garde de Fidelito. Cinq années durant, l’enfant sera au cœur de la dispute entre ses deux parents.
    Pour le reste, le détenu 3859 n’a qu’une idée en tête : la Révolution ! 1954 est occupé par les préparatifs de la campagne du 1 er novembre, à laquelle Batista annonce, sans surprise, sa candidature. L’ex-président Grau légitime l’escroquerie en se présentant contre lui. Fidel a la satisfaction d’entendre son nom scandé lors de la retransmission d’une réunion du politicien « authentique ». L’élection de l’ex-sergent est sans surprise.
    Castro est obsédé par la nécessité de demeurer au premier plan alors même qu’il est derrière les barreaux. « La propagande est l’âme de toute lutte », écrit-il. La publication de
L’Histoire m’absoudra
, la circulation de ses
Lettres de prison
répondent à ce besoin. En juin 1954, une interview avec photos dans
Bohemia
le rappelle à l’attention du public. Melba voyage au Mexique pour contacter des
moncadistas
exilés et ranime ceux qui sont demeurés à Cuba. L’idée de Fidel se précise : il faut créer un Mouvement. Si même l’action militaire avait réussi le 26 juillet, le soulèvement du pays restait incertain. La pâte sociale est amorphe ou anarchique, il faut la travailler. Le Mouvement doit être le levain dans cette pâte. Le projet s’affine à partir de « longues conversations » avec Raúl. Fidel se préoccupe surtoutde ne pas se faire chiper le « drapeau de la Moncada », comme certains ont entrepris de le faire. Il recommande à Melba : « Il est préférable de continuer

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