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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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d’un pasteur baptiste, et Pepito Tey, président de la FEU pour l’université d’Oriente. Et deux autres anciens du MNR libérés, eux, de la prison de La Havane, viennent aussi se mettre à la disposition de Fidel : Armando Hart, un avocat, et Faustino Pérez, un médecin. L’un et l’autre sont devenus, depuis, des personnalités très en vue du castrisme.
    Cependant, Batista observe de près les premiers pas de Fidel. Le 19 mai, à la radio, celui-ci dénonce le régime. Le directeur de la station reçoit la visite de la police. Fidel tonne : « L’amnistie devient une farce sanglante. » Le ministre de l’Intérieur déclare, après une attaque de Castro contre Chaviano, le boucher de la Moncada : « Ce type de comportement ne sera pas toléré. » Et Batista menace : « Les partis de gouvernement ont une tête et un cœur, ils ont aussi des mains. » Il y a donc malentendu. Batista a pensé que, trop content d’être libre, Fidel rentrerait dans le rang. Or, celui-ci ne conçoit sa liberté que comme un moyen de repartir à l’assaut du régime.
    Le 6 mai, par ailleurs – jour de l’amnistie –, Batista avait signé un décret portant création d’un organisme inédit : le « Bureau pour la répression des activités communistes ». L’idée est d’origine américaine. Les États-Unis étaient sortis, l’année précédente, du maccarthysme, mais l’esprit de la croisade y demeurait. Le Brac naît ainsi d’une suggestion d’Allen Dulles, chef de la CIA de 1953 à 1961. Le Bureau devait surveiller moins les membres du PSP ou les amis de Castro que les contacts avec le reste du continent d’agents prosoviétiques installés de longue date à Cuba. Il deviendra une officine supplémentaire de lutte contre l’opposition intérieure.
    Celle-ci, de son côté, n’est pas inactive : elle poursuit sur la lancée de sa mobilisation pour le retour des prisonniers. Des bombes explosent à La Havane. Raúl est accusé d’avoir posé l’une d’elles dans un cinéma. Il doit se réfugier à l’ambassade du Mexique. Le journal
La Calle
(« La Rue »), dans lequel Castro écrit ses articles les plus véhéments, est interdit. Bâillonné, il décide de partir. Il consacre ses derniers jours à Cuba à l’organisation de ce « noyau » de révolutionnaires dont il a parlé dans ses
Lettres
. Le 12 juin 1955, une réunion nocturne échafaude l’organigramme du M-26-7. La direction, une quinzaine de personnes, mêle des anciens de la Moncada (Miret), du MNR (Hart) et du comité pour l’amnistie (Vilma Espín). Miret reçoit la prééminence de fait au niveau national. Pour l’Oriente, région stratégique dans la pensée de Castro, le « coordinateur » sera Frank País.
    Raúl s’est embarqué pour le Mexique dès le 24 juin. Fidel l’y rejoint le 8 juillet. « Toutes les portes d’une lutte pacifique…ont été fermées derrière moi », lit-on dans une proclamation à
Bohemia
avant son départ. Il ajoute : « D’un tel voyage, on ne revient que la tyrannie décapitée à ses pieds. »
    Étrangement, c’est à vingt-neuf ans seulement que Castro découvre le Mexique, séparé de la pointe occidentale de Cuba par les seuls deux cents kilomètres du détroit du Yucatán. Il va y rester près d’un an et demi. Ce choix est somme toute naturel : la terre de la grande révolution de 1910 est un refuge pour tous les Latino-Américains persécutés. Elle a aussi accueilli beaucoup de fugitifs républicains de la guerre civile espagnole, après la victoire de Franco en 1939. C’est d’ailleurs l’un de ceux-ci que rencontre Fidel, sitôt Raúl retrouvé et son choix fait d’une piaule au centre de Mexico : le général Alberto Bayo est, en fait, cubain par sa mère. Après la Première Guerre mondiale, le jeune homme, entré dans l’armée, a combattu dans le Rif la rébellion d’Abd el-Krim. Capitaine, il y est sous les ordres du général Franco. Il y découvre ce que peut être la guérilla. Il en est subjugué. Il étudie le peu qui s’est écrit sur le thème. D’élève, il devient enseignant de cette tactique à l’école de guerre de Salamanque. Lorsque éclate la guerre civile en 1936, il est « républicain ». La défaite consommée, il se réfugie au Mexique, où il gère une fabrique de meubles.
    Bayo a lui-même raconté sa rencontre avec Fidel dans un livre écrit en 1960, juste après la victoire des
barbudos
: « Il a vingt-neuf ans, j’ai l’âge d’être son père.

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