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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Pourtant mes cheveux blancs ne l’impressionnent pas et il me traite comme si j’étais son fils. » Le jeune rebelle, rappelant à l’ancien officier sa double nationalité cubaine, lui demande : « Promettez-vous d’entraîner mes soldats aux opérations de guérilla quand je les aurai recrutés et que j’aurai trouvé de l’argent pour les nourrir, les vêtir, les équiper et acheter les bateaux nécessaires à leur transport à Cuba ? » Bayo promet. Six mois plus tard, Fidel arrivera avec l’argent et l’ex-général s’exécutera. Il explique : « La sympathie qu’inspire Fidel, son charme, ses dons d’éloquence et sa prestance, joints à ses qualités d’esprit font que ses ordres ne se discutent pas. Il commande. Il domine. » Voici un portrait fort vraisemblable de Fidel quelques jours après son arrivée à Mexico !
    L’autre grande rencontre de ces premières semaines est celle de l’Argentin Ernesto Guevara. C’est Nico López, un rescapé de la Moncada, qui a établi le contact. Il avait pu s’enfuir au Guatemala – depuis 1951, le président y était un jeune officier progressiste, le colonel Jacobo Àrbenz. En 1953, celui-ci avait décrété une réforme agraire qui lésait la puissante United Fruit américaine. Et ses déclarations devenaient hostiles aux États-Unis. Un communiste ? La rumeur s’en était répandue au Nord. En juin 1954, la CIA a donc aidé un groupe de Guatémaltèques exilés au Nicaragua et au Honduras à chasser Àrbenz. Cette opération a eu un énorme écho en Amérique latine, car elle y a été vue comme une reprise de la politique américaine du « gros bâton », interrompue depuis trois décennies.
    Or, Guevara était au Guatemala depuis 1953. Âgé de vingt-cinq ans, il avait fait le chemin de son Argentine natale par petites étapes, traversant l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale en six mois. C’était le deuxième voyage, façon « hippie », de ce jeune médecin qui allait être l’autre étoile de la Révolution cubaine. À l’hôpital où il travaille, il rencontre Nico López. Durant les journées du coup contre Àrbenz, Guevara essaiera « d’organiser un groupe d’hommes jeunes pour faire face aux aventuriers de la United Fruit ». Puis il devra quitter le pays, « avec le sentiment terrible de l’échec ». Tout naturellement, il se dirige vers le Mexique, comme López. Là, avant de trouver un emploi dans un hôpital, il travaillera comme photographe.
    López a d’abord mis Guevara en présence de Raúl. L’entrevue a lieu chez un couple mexicano-cubain comme il en existe tant. Elle, c’est Maria Antonia González : l’histoire a retenu son nom, car il figurera dans la lettre d’adieu de Guevara aux Cubains, écrite en 1965. C’est dans cette même maison que Fidel et l’Argentin se rencontrent. Dire qu’il y eut en « cette froide nuit de Mexico » une fulguration n’est pas excessif. Ces deux-là parlèrent jusqu’à l’aube « de politique internationale », rappelle celui que tous désormais surnommeront « Che » selon une interjection argentine familière (quelque chose comme : « Vieux ! »). « Quelques heures plus tard, j’étais de la future expédition », écrira Guevara dans ses
Mémoires
. Cette « société d’admiration mutuelle » avait tout pour se révéler. Castro aimait la magnitude intellectuelle du Che et ce qu’on pourrait appelersa force d’âme ; ajoutons que, en homme pragmatique, il a forcément été intéressé par le fait que Guevara est médecin. Guevara, quant à lui, était fasciné par la capacité de Fidel à s’imposer comme chef, par son talent d’organisateur, par son dévouement à la cause. Sur ces bases naquit une amitié qui est sans doute l’un des penchants les plus forts qu’ait jamais ressentis Castro. La politique les éloignera, mais tout porte à croire que Fidel lui est demeuré attaché par-delà la mort.
    Dans le mois qui suit l’arrivée du Cubain à Mexico, Guevara se marie, en une fête colorée, avec une jeune Péruvienne rencontrée au Guatemala, Hilda, qui allait lui donner une fille. Che aimait aussi les choses simples de la vie, ce pour quoi son nouvel ami était moins doué.
    Fidel, cependant, ne passe pas son temps en conversations ! Il entreprend sans attendre de rendre familière sa position aux Cubains. Pour ce faire, il écrit un
Premier Manifeste du M-26
. Il racontera par la suite qu’il a dû mettre son manteau en gage pour en payer

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