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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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apprend que Díaz Lanz vient de témoigner de la progression du communisme à Cuba devant le Sénat américain. L’amalgame est vite fait : Urrutia est de mèche avec le déserteur ! Il y a « complot » pour pousser les États-Unis à intervenir, comme au Guatemala en 1954. Les libéraux, selon le mot de l’un d’entre eux, sont « coincés ».
    Urrutia a beau dénoncer l’ex-chef de l’aviation comme « traître », la mécanique s’ébranle. « Castro a démissionné ! » L’information est donnée le matin du 17 juillet par une édition spéciale de
Revolución
, le journal du M-26. La rue, les bureaux, les boutiques bruissent. Le soir, le
Lider
fait à la télévision un discours démolissant Urrutia. Cet homme complique le travail du gouvernement en posant son veto à certaines « lois ». Son chantage au communisme vise à provoquer l’agression de l’étranger. Et encore, cet ancien juge « excite les juges ». Face à cela, Castro se déclare « impuissant ». D’où sa démission. Les observateurs ne sont pas dupes. Le correspondant de l’agence AP écrit : « La décision de Castro paraît reposer sur le désir d’obtenir une expression de confiance du peuple. » On note qu’il n’a pas donné sa démission de commandant des forces armées…
    Des manifestations en faveur de Fidel commencent, orchestrées par les syndicats. Le cabinet supplie le
Lider
de reprendre son poste. Cependant, Urrutia, autour de qui le vide s’est fait, démissionne le 18 juillet. Le Conseil des ministres nomme Osvaldo Dorticós. Issu d’une bonne famille de Cienfuegos, celui-ci a été secrétaire du président du PSP, Marinelo, avant de devenir avocat d’affaires, président du barreau national. Ce quadragénaire a donné des gages : nommé en janvier au poste de ministre « chargé de vérifier l’autorité des lois de la Révolution », c’est lui qui a, en douceur, « démonté » la Constitution de 1940. L’homme, pourtant, devrait rassurer les couches moyennes. Urrutia, lui, va se réfugier, déguisé en laitier, à l’ambassade du Venezuela, puis du Mexique. Il finira comme professeur d’espagnol dans un collège du Queens, à New York.
    Le 18 juillet 1959, la bataille organisée par le noyau dur contre les « modérés », en la personne du plus éminent d’entre eux, le président de la République, est gagnée. « Le PC cubain sort renforcé de la crise », note Parès, correspondant du
Monde
. Fidel va pourtant faire durer huit jours encore le suspense de sa démission. Dans un discours du 17, Fidel avait appelé « un demi-million de Cubains » à célébrer, le 26 juillet, le sixième anniversaire de la Moncada. Dès le 19, les rues de la capitale sont envahies par des milliers de
guarijos
, reconnaissables à leur chapeau de paille, que des familles citadines, certaines fort huppées, entreprennent de loger.
    Organisation le 23 juillet d’une grève générale pour demander le retour de Castro à la tête du gouvernement ; publication le même jour d’un décret par lequel l’Inra, toujours présidé par le
Lider
, reçoit le pouvoir de disposer à sa guise des fonds alloués : la pression monte, graduée, jusqu’au lumineux dimanche du 26 qui, de ce jour, devient la fête de la Révolution cubaine. Ce jour-là prend place la première parade de la nouvelle armée populaire, ouverte par la Brigade des femmes combattantes de la Sierra et fermée, sur les traces des blindés, par un groupe de
guajiros
à cheval. Le commandant en chef, debout sur une estrade devant le Capitole, est entouré du nouveau président Dorticós et de l’ancien président mexicain Lázaro Cárdenas.
    Au début de l’après-midi, Fidel prend place dans un hélicoptère à bord duquel il commande des exercices de tir contre trois petits bateaux hors d’âge se dandinant au large du Malecón, le front de mer de la capitale. Pour la joie de la foule, les canons, les tanks, les avions mettent des heures à couler les cibles. En début de soirée, enfin, le chef de l’État annonce que Fidel, obéissant à la volonté du peuple, a décidé de reprendre à son poste. Le revenant prend la parole ; il la gardera quatre heures. Il remercie d’abord la foule, sans qui les choses n’auraient pas repris leur cours normal. « La révolution cubaine est invincible », s’écrie-t-il. Une fantasia se déclenche à minuit dans les rues de la capitale : feux d’artifice, concerts d’avertisseurs, hymnes révolutionnaires, et

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