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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Cuba « un satellite de l’Union soviétique ». Il écrit : « La Révolution a été trahie » – thème appelé à un vif écho. Fidel reconnaît que cette défection est « un des coups durs reçus par la Révolution ». De retour de son deuxième reportage à Cuba, Claude Julien écrit : « L’attitude de M. Quevedo mérite de retenirl’attention, car il ne peut pas être accusé, comme tant d’autres journaux et journalistes cubains qui critiquent la politique de M. Fidel Castro, d’avoir bénéficié des faveurs de Batista. » Hommage rendu au courage et au talent : l’hebdomadaire n’a pas cessé de paraître, il n’est que « normalisé ».
    À la fin de 1959, Francisco Parès, du
Monde
, a pu écrire, en une ultime chronique : « Il n’y a pas de censure de presse, quoiqu’une pression morale et psychologique existe. » En août 1960, Françoise Sagan, de retour d’une visite à Cuba où elle a assisté à la fête nationale du 26 juillet, écrit dans
L’Express
: « Comme on sait, Fidel a viré gaiement les Américains. De plus, il a confisqué les fabriques, hôtels, etc. Ce qui fait dire à beaucoup de gens : il exagère. Mais ce sont les gens d’un même milieu. En attendant, la réforme agraire qu’il a entreprise doit suffire à sauver son pays dans un temps plus ou moins long. À présent, l’opposition ouverte est interdite. Mais si un homme dit dans la rue : Castro est un crétin, ou un coquin, il risque tout au plus quarante-huit heures de prison… Mais il y a quelques mais… plus de presse libre et les résultats sont consternants. »
    D’autres assauts suivront contre les dernières citadelles, imparfaites, du pluralisme : le barreau, l’université, la magistrature, l’Église. Cela viendra après le premier acte de « guerre » des États-Unis contre la nouvelle Cuba : la réduction substantielle du quota sucrier. Cette décision américaine arrivera au terme d’une escalade des deux côtés. Les accusations respectives sont bien répertoriées. Cuba reproche à son voisin d’avoir accueilli sur son sol des criminels batistiens et d’avoir au moins toléré des incursions aériennes d’opposants partis de Floride. Un autre chapitre est celui de la « propagande hostile » : de fait, la presse américaine s’est, dans l’ensemble, « retournée » à partir de l’été 1959. Des prises de position individuelles de parlementaires sont également tenues à La Havane pour « anticubaines ». Mais l’exécutif américain, tout au long de 1959, a fait preuve d’une modération qu’explique la mauvaise conscience historique des États-Unis envers l’île. Eisenhower ne s’était intéressé au dossier que les jours précédant la chute de Batista. Ses conseillers attirent à nouveau son attention au tournant de 1959 et 1960, quand la polémique bilatérale enfle. Côté Washington, les griefs sont : le non-remboursement des biens saisis dansle cadre de la réforme agraire et « l’agression verbale permanente » – non seulement de la presse mais des plus hautes autorités de l’île, à commencer par Fidel. À partir de février 1960, un nouveau thème apparaît : Cuba veut « introduire le bloc communiste dans le monde libre ».
    Le 4 février, le vice-président du Conseil des ministres soviétique, Anastase Mikoyan, arrive dans l’île. Officiellement, Washington n’a rien à redire : depuis la visite de Khrouchtchev aux États-Unis en 1959, ne baigne-t-on pas dans ce que l’on dénomme « l’esprit de Camp David » – une « détente » qui ne connaîtrait pas encore son nom ? Rien ne fait encore pressentir que, la compétition Moscou-Pékin pour l’hégémonie communiste sur le tiers-monde aidant, l’Union soviétique va se raidir jusqu’à relancer la guerre froide. Mais la « doctrine de Monroe » (ce refus américain, plus que séculaire, d’une immixtion de puissances non américaines dans les affaires de l’hémisphère occidental) n’est pas un vain slogan à Washington. L’hostilité sera d’autant plus vive que « l’intrus » est un pays communiste – et en plus dans une île de la Caraïbe, zone considérée traditionnellement par les États-Unis comme leur « arrière-cour ».
    Officiellement, le numéro 2 soviétique vient inaugurer une foire au palais des Beaux-Arts. Maigre propos pour un aussi considérable personnage, évidemment accueilli à l’aéroport de La Havane par Fidel en personne. Mikoyan se passionne : « Si l’on me

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