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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Mécène.
    Naturellement,
Fiora put apercevoir la grande ruine des thermes de Caracalla, proche des
murailles de la ville, et les frondaisons du jardin de San Sisto. De là, elle
refit le chemin par lequel Borgia l’avait menée chez lui et, en même temps, la
ville entière entra dans ses yeux et dans sa mémoire. Mais elle avait besoin de
certains renseignements et, pour les obtenir, elle prit un chemin détourné :
    – Le
jour où je suis allée au Vatican, fit-elle d’un ton léger, j’ai rencontré la
nièce du pape, la comtesse Riario. Pouvez-vous me dire où elle habite ?
    – Donna
Catarina ? Bien sûr. Tenez, voyez là-bas l’église Sant’Apollinario et
aussi le palais San Marco. Entre les deux, il y a une grande demeure crénelée
avec une tour : c’est là qu’elle habite.
    – Ah,
je vois ! Mais j’ai rencontré aussi un autre personnage important : le
cardinal camerlingue...
    – Le
Français ? Celui que l’on dit le plus riche de Rome ? Eh bien,
voyez-vous...
     
    Mais
il était écrit que Fiora ne connaîtrait pas l’emplacement du palais d’Estouteville.
Un groupe imposant de cavaliers encombrait la rue, entourant la mule
superbement harnachée de pourpre et d’or qui portait le vice-chancelier de l’Église.
Les passants s’agenouillaient dans la poussière pour recevoir sa bénédiction,
ainsi que les serviteurs qui venaient d’ouvrir les portes du palais. Vu d’en
haut, Fiora pensa que sous son grand chapeau il avait l’air d’un énorme
champignon pourpre, mais il avait levé la tête et aperçu les deux femmes. D’un
geste autoritaire, il leur ordonna de rentrer. Juana devint verte.
    – Maria
Santissima ! gémit-elle. Il a l’air furieux ! Je ne pensais pas mal
faire en vous autorisant à regarder par la fenêtre. Il n’y voyait pas d’inconvénients
avant, quand...
    – Quand
d’autres femmes habitaient cette chambre ? compléta Fiora qui ne put s’empêcher
de rire devant la mine épouvantée de la cousine.
    Celle-ci,
après avoir fermé la fenêtre, allait et venait par la pièce en se tordant les
mains.
    – Ne
riez pas, je vous en prie ! C’est... c’est épouvantable !
    – Vous
en avez peur à ce point ? Il ne va tout de même pas vous battre ?
    – Il
fera pire. Il va me regarder avec colère et m’accabler de son mépris.
    – Est-ce
que vous n’exagérez pas un peu ? Pour une simple fenêtre ?
    Juana
savait de quoi elle parlait et, apparemment, elle était encore en dessous de la
vérité : lorsqu’un moment plus tard Borgia surgit, rouge et essoufflé d’avoir
grimpé ses étages sous l’impulsion de la colère, il déversa sur sa tête la plus
belle collection d’injures hispano-italiennes qu’il fût possible d’entendre.
Prosternée à ses pieds sur le tapis, élevant au-dessus de sa tête des mains
jointes et suppliantes, Juana sanglotait, se frappait le front sur le sol et
implorait son pardon d’une voix déchirante. La scène lui paraissant à la fois
ridicule et révoltante, Fiora décida de s’en mêler.
    – En
voilà assez ! cria-t-elle pour dominer le tumulte. Je ne vois pas en quoi
cette malheureuse mérite d’être traitée comme vous le faites. Elle n’a d’autre
tort que celui de m’avoir laissée respirer un peu.
    Emporté
par sa fureur, Borgia ne l’entendit même pas.
    Alors,
elle alla prendre un miroir sur la table à coiffer, saisit le cardinal par sa
manche pour le tirer en arrière et mit la glace devant son visage qui, rouge et
convulsé, avait quelque chose de démoniaque.
    – Regardez-vous !
Vous êtes hideux ! Et vous osiez parler de me plaire ?
    Cette
brutale confrontation avec son image le suffoqua. Fiora en profita :
    – Un
noble espagnol ! Un prince de l’Église qui se comporte comme un toucheur
de bœufs envers une vachère maladroite ! Vous devriez mourir de honte !
Vous me faites horreur !
    Elle
se dressait devant lui, droite et méprisante dans la robe de satin blanc
chamarrée de noir et d’or dont Juana l’avait revêtue ce jour-là, brandissant le
miroir comme elle eût brandi un crucifix en face du Diable, et cette image
exorcisa la colère du cardinal. Il se tourna vers Juana toujours ensevelie dans
son humilité et lui jeta :
    – Va-t’en !
Tu reviendras quand je t’appellerai !
    Elle
se releva et fila avec la rapidité d’une souris poursuivie par le chat. Borgia
alla jusqu’à la fenêtre donnant sur la cour et l’ouvrit, cherchant

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