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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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montrer largement ses dents. Il en était
très fier et à cause de cela il riait souvent.
    – Qui
parle ici d’amour ? Moi, je ne cherche que le plaisir et plus la femme est
rare plus le plaisir est grand. Le plaisir, ma Florentine ! Si vous ne le
connaissez pas je saurai vous l’apprendre, car il est plus enivrant s’il est
partagé. Oh, je vois ce que vous pensez : je vais me donner à lui tout de
suite et ainsi j’en serai débarrassée. Ce n’est pas cela que je veux. Mon
appétit est exigeant, mais il est raffiné et pour l’instant, pardonnez-moi de
vous le dire, les médicaments de Juana vous ont rendue peu appétissante.
    Suffoquée,
Fiora se sentit rougir et comprit qu’elle était vexée d’être percée à jour, car
c’était effectivement ce qu’elle avait pensé. Ce n’était pas la première fois
qu’elle se trouvait prise au piège des désirs d’un homme et il lui était même
arrivé de les provoquer, comme à Thionville quand elle avait rejoint
Campobasso.
    – Retrouvez
votre santé, mon bel ange, ajouta Borgia d’une voix caressante, et redevenez
aussi éclatante que vous l’étiez dans le jardin de San Sisto ! Moi, je
vous parerai comme une idole, j’exalterai votre beauté par tout ce dont la
richesse peut orner un corps de femme, et je vais prendre plaisir à ce jeu
aimable... Quant à mon âge, il ne m’a encore jamais causé le moindre souci et
vous verrez que je suis plus ardent au plaisir, plus expert et plus puissant
que n’importe quel damoiseau.
    Devant
la mine effarée de Fiora il se mit à rire de nouveau :
    – Vous
en doutez ? Les courtisanes de Rome m’appellent « le taureau Borgia » ;
Vous serez ma Pasiphae [xvi] et nous engendrerons un nouveau Minotaure.
    Se
retrouvant ainsi confrontée à sa culture grecque, Fiora laissa déborder la
colère qui se gonflait en elle depuis un moment :
    – Je
n’engendrerai rien du tout ! hurla-t-elle. J’ai un fils en France et je
veux aller le retrouver. Comment pouvez-vous imaginer un seul instant que j’aie
envie de me donner à vous ?
    Il lui
sourit comme si elle avait fait la plus aimable des déclarations, et passa sur
sa joue un doigt caressant :
    – Cela
viendra, je vous l’assure. De toute façon, puisqu’il vous faut demeurer
enfermée ici durant quelques semaines, pourquoi ne pas passer ce temps de la
plus aimable façon qui soit ? Et je suis un maître en amour...
    Le
sang que la fureur avait fait monter à la tête de Fiora lui valut une quinte de
toux :
    – Reposez-vous,
dit son étrange hôte. Juana va venir dans un instant vous accommoder pour la
nuit...
    Il
sortit enfin et, comme par magie, la malade cessa de tousser. Elle ne savait
plus du tout où elle en était, sinon que très probablement cet homme-là n’était
pas normal. Un instant auparavant, elle pensait à Campobasso dont elle ignorait
ce qu’il était devenu et qui était possédé lui aussi par une véritable fureur
génésique, mais au moins Campobasso l’avait aimée tandis que, pour celui-là,
elle n’était qu’un animal rare, une chair différente de celles dont il avait l’habitude
et que, pour cette raison, il entendait asservir. Il l’avait mise en cage et
cette cage était environnée par tous les dangers d’une ville hostile. En plus,
cet homme était un prêtre !
    Tout à
coup, elle pensa à Léonarde. Pauvre chère et sainte créature ! Elle devait
être à des milliers de lieues d’imaginer son « agneau » enfermé dans
cette Rome qui pour elle était l’antichambre du Paradis, menacé de mort par le
vicaire du Christ et livré aux caprices lubriques d’un prince de la Sainte
Église catholique.
    Quand
Juana revint peu après avec une tasse de tisane, elle ne comprit pas pourquoi
la malade lui éclata de rire au nez puis, balayant le plateau d’un revers de
main, se jeta la tête la première dans ses oreillers et refusa d’en sortir. Au
mouvement de ses épaules, la duègne crut bien s’apercevoir qu’elle pleurait, et
elle n’osa pas insister. Les filles, et même les vierges, qu’on lui donnait à
préparer pour la couche du maître ne se comportaient jamais comme celle-là, qui
n’était même pas pucelle puisque Rodrigo avait parlé d’une « dame ».
Certaines pleuraient bien un peu, pour la forme, mais les étoffes précieuses
dont on les revêtait, les mets épicés et les vins chaleureux avaient tôt fait
de les consoler et elles étaient plus que consentantes quand

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