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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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les parterres, l’écho joyeux du départ de la chasse lui parvint :
le son des trompes, les abois des chiens, les cris des veneurs qui peu à peu se
fondirent dans le bruit de la ville. Fiora pensa qu’on ne pouvait en vérité
perdre plus gaiement un empire. Chez ce couple d’amoureux destiné à porter la
couronne de Charlemagne, il ne pouvait y avoir place pour l’amère nostalgie des
combattants de l’impossible...
    – Que
vous a-t-on dit ? fit une voix anxieuse, et elle s’aperçut qu’elle avait changé
de compagne et se trouvait à présent au côté d’une femme déjà âgée, emmitouflée
comme en plein hiver de velours et de renard noirs, une femme qui s’appuyait
sur une canne et dont les yeux clairs l’enveloppaient d’un regard compatissant.
    Elle s’efforça
de lui sourire, sans y parvenir tout à fait :
    – Rien
que je ne sache déjà par Monseigneur Antoine : que mon époux était ici
vers la fin de l’année. Ah ! si, tout de   même !   Madame   la  
Duchesse   a  bien   voulu m’apprendre qu’il est resté peu de temps, que sa
mine sombre était choquante dans un temps de fêtes et qu’il est reparti sans
dire où il allait.
    – Pauvre
enfant ! C’est bien peu... Marchons, voulez-vous ? Et offrez-moi
votre bras...
    Elles
firent quelques pas le long d’une allée admirablement sablée en s’éloignant des
jardiniers qui, dans les parterres, taillaient des arbustes.
    – On
ne vous a pas parlé de la dispute, n’est-ce pas ?
    – Une
dispute ? Entre Philippe et...
    – Et
l’archiduc Maximilien ! Celui-ci a trouvé votre époux priant aux genoux de
Madame Marie. Il est alors entré dans une grande colère et il a exigé son
départ, sans vouloir entendre la moindre explication. Mais le comte n’est pas
de ceux qui se laissent ainsi chasser. Avant de partir en claquant les portes,
il a dit au prince qu’il était tout à fait indigne d’être le gendre du défunt
duc Charles et qu’il aimerait mieux mourir que servir un tel maître. Il n’a eu
que le temps de sortir et, s’il n’a pas été arrêté, il le doit uniquement aux
prières de la princesse.
    Mais
Fiora ne s’attachait qu’aux premières paroles de Mme de Schulembourg qui
confirmaient douloureusement ce qu’elle pensait : Philippe aimait la
princesse et avait osé le lui dire. D’ailleurs, celle-ci n’avait pas protesté
quand, tout à l’heure, Fiora lui avait dit ce qu’elle pensait des sentiments de
Philippe.
    Consciente
de ce qu’un silence venait de tomber entre elle et sa compagne, elle refoula
ses larmes :
    – Comme
c’est étrange en vérité ! fit-elle d’une voix qu’elle s’efforça de
raffermir. J’ai vu le prince et il a été... fort aimable. Il m’a même invitée à
danser au bal d’après-demain !
    La
vieille dame se mit à rire :
    – N’en
soyez pas étonnée ! Cela lui ressemble tout à fait ! Il n’a aucune
suite dans les idées. En outre, s’il se montre fort épris de sa petite duchesse,
il n’en est pas moins sensible au charme féminin. L’idée de danser avec la
femme d’un homme qu’il considère désormais comme son ennemi doit lui sembler
plaisante. Ajoutez à cela qu’il aime à rire et qu’il adore donner des fêtes...
    – Soit,
je veux bien l’admettre, mais pourquoi Madame Marie ne m’a-t-elle rien dit ?
    – Elle
a sans doute craint que vous ne demandiez d’autres explications, ce qui l’aurait
gênée. En outre, c’eût été risquer de réveiller la colère d’un époux qu’elle
aime de tout son cœur. Le voir heureux auprès d’elle et du jeune prince
Philippe est son seul désir. Alors, tout ce qui peut se mettre à la traverse de
ce bonheur tranquille... N’oubliez pas qu’elle n’a pas connu de véritable vie
familiale. Il n’était pas facile d’être la plus riche héritière d’Europe...
    – L’héritage
a fondu, dit Fiora sèchement, et elle ne paraît pas s’en soucier outre mesure.
En vérité, je me demande pour quelle raison elle m’a reçue ?
    – Et
la curiosité, qu’en faites-vous ? Comment résister à l’envie de rencontrer
la mystérieuse dame de Selongey, cette Florentine dont on disait merveilles et
que le Téméraire traînait après lui de bataille en bataille comme une reine
captive ? Je suis bien sûre qu’en ce moment les oreilles doivent vous
corner, n’est-ce pas ?
     
    – Pas
vraiment, et c’est sans importance...
    – Qu’est-ce
qui en a

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