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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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si l’on s’en serait douté ! Avec
son teint de lis, ses yeux rêveurs et ses robes taillées à l’allemande qui
aplatissaient sa poitrine sous un paquet de broderies d’or et lui
épaississaient la taille, elle n’évoquait en rien la légende tragique et
grandiose qui auréolait le dernier des ducs de Bourgogne. Une figure longue d’une
aune, en vérité ? S’attendait-elle à ce qu’un homme qui avait souffert
tant d’épreuves vînt à elle la mine réjouie et prêt à danser aux bals de cour ?
    – Je
crois, Madame, dit-elle avec amertume, qu’il venait chercher quelque chose d’impossible.
Quelque chose que vous étiez incapable de lui donner.
    – Et
quoi donc ?
    – De
l’amour. Je pense qu’il aime Votre Seigneurie, qu’il l’a toujours aimée et qu’il
n’a pu supporter de la retrouver mariée et heureuse, car vous êtes heureuse, n’est-ce
pas, Madame ?
    – Infiniment !
J’ai eu le bonheur de donner un fils à mon cher époux et il se peut que,
bientôt, je lui en donne un autre.
    – C’est
tout naturel. Mais lui qui avait fait siens pendant tant d’années les rêves de
votre père, il a dû comprendre qu’il n’y avait plus de place ici pour ces
rêves-là ! J’avoue ma déception, Madame la duchesse. J’espérais qu’au
moins vous l’aviez envoyé remplir, au loin, quelque mission.
    – Il
n’en est rien. Nous sommes en trêve avec le roi de France. Quelle mission
aurais-je pu lui confier ?
    – Je
crois, dit Fiora froidement, que Monseigneur Charles, que Dieu ait en sa sainte
garde, aurait su comment employer un homme de cette qualité, un homme qui, pour
le service de Votre Altesse, a été jusqu’à affronter l’échafaud. La Bourgogne
vous a échappé, n’est-ce pas ? Je pense que vous ne garderez rien de ce
qui a failli être un royaume si vous ne savez pas apprécier vos serviteurs. On
a ceux que l’on mérite.
    La
jeune duchesse dont le joli visage s’empourprait n’eut pas le temps de lui
répondre : un jeune homme aux longues jambes, au visage assez rude sous
une forêt de cheveux blonds taillés carrés à la mode germanique, venait de
faire une entrée impétueuse et s’élançait vers Marie.
    – Que
me dit-on, mon cœur ? Vous renoncez à votre chasse ? Vous voulez me priver
de vous ? Qu’est-ce que ce caprice ?
    – Ce
n’est pas un caprice, mon cher seigneur. Je désirais recevoir la dame que vous
voyez ici. Elle est l’épouse du comte de Selongey.
    Comprenant
à qui elle avait affaire, Fiora saluait déjà le fils de l’empereur Frédéric
comme il convenait. Celui-ci lui accorda un large sourire appréciateur :
    – Bonjour,
Madame. Votre époux, en vérité, a beaucoup plus de chance qu’il n’en mérite,
car vous êtes fort belle ! Mais si vous le permettez, je reprends la
duchesse, car je ne saurais chasser sans elle. Vous aurez tout le temps de
causer quand nous reviendrons...
    – C’est
inutile, Monseigneur, dit Fiora. Madame la duchesse m’a dit tout ce que je
pouvais espérer entendre d’elle.
    Le
sourire de Maximilien se fit plus large encore s’il était possible. Prenant la
main de sa femme, il l’entraîna vers la porte.
    – A
merveille, alors ! Nous donnons un bal, après-demain. Venez donc danser au
palais ce soir-là ! Je vous donne le bonsoir, Madame la comtesse.
    Le
couple disparut et Fiora se retrouva seule en compagnie de Mme d’Hallwyn,
reparue en même temps que le prince. En dépit de la chaleur intime de cette
petite pièce confortable et accueillante, elle se sentait glacée jusqu’à l’âme
et demeura un moment immobile, contemplant les flammes qui montaient à l’assaut
des grands chenets de fer forgé. La dame d’honneur toussota :
    – Puis-je
vous reconduire, Madame ? Tout au moins jusqu’au jardin ?
    – Pourquoi
jusqu’au jardin ? murmura Fiora surprise. Pourquoi pas jusqu’à l’entrée ?
    – Parce
qu’au jardin se trouve quelqu’un qui désire beaucoup vous parler... et qui se
chargera de vous accompagner jusqu’à la porte.
    – Qui
donc ?
    – Mme
de Schulembourg. Elle vous a vue arriver tout à l’heure...
    Fiora
fit signe qu’elle avait compris. Elle pensait chercher cette dame en arrivant à
Bruges, mais une entrevue avec la duchesse lui semblait plus importante et plus
urgente. Devant le médiocre résultat de cette entrevue, peut-être serait-il bon
de la rencontrer sans attendre. Tandis que derrière Mme d’Hallwyn elle
descendait vers

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